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En 1905, la France à l’origine de la création du premier «Conseil des notables» au Maroc

C’est la France qui, indirectement, est à l’origine de la «représentativité populaire» moderne au Maroc. Fin 1904, Paris envoya son représentant à Tanger, Saint René-Taillandier, en fonction depuis quatre ans, auprès du jeune sultan Moulay Abdelaziz. Le diplomate qui portait officiellement le titre de «ministre de la France au Maroc» était porteur d’un plan de réformes politiques et économiques que son pays entend imposer au Makhzen.

L’initiative française était hautement calculée : elle intervient seulement quelques mois après la signature de l’Entente cordiale entre la France et la Grande-Bretagne sur le partage de certains pays encore indépendants entre les deux puissances. Le Maroc était destiné à tomber dans l’escarcelle française. Les millions de dettes qu’il avait contractées auprès de banques françaises accordaient, de facto, un droit de regard de Paris sur le pouvoir de Moulay Abdelaziz.

Le «Conseil des notables» rejeta les réformes françaises

C’est dans ce contexte que Saint René-Taillandier arriva à Fès avec dans ses valises le plan de réformes. N’étant pas en mesure de les rejeter, le sultan a l’idée de déléguer ce pouvoir à un «Conseil de notables». Il lança ainsi un appel à ses caïds pour désigner deux représentants issus de chaque tribu et des grandes villes afin d’examiner les «propositions» françaises. Son appel fut entendu. La capitale Fès accueillit alors 40 délégués dont 24 de la capitale spirituelle marocaine. En revanche, l’est du royaume n’était pas représenté dans la composition du Conseil. En cause, l’insurrection menée depuis 1902 par Jilali Ben Driss Zerhouni El Youssouf, surnommé «Bou Hmara» (l’homme à l’ânesse).

Après plus de cinq mois de réunions plénières entre délégués marocains et Saint René-Taillandier, le verdict tomba : le «Conseil des notables» rejeta les réformes françaises. Le sultan Moulay Abdelaziz avait consulté, une deuxième fois, ledit conseil sur les Accords d’Algésiras de 1906. L’avis de ses représentants fut négatif ; ils avaient refusé de les signer. Cinq ans plus tard, le traité de protectorat fut signé.

Après cet embryon de représentation des populations, il a fallu attendre le 3 août 1956 pour voir le royaume se doter d’une «Assemblée nationale consultative», présidée par Mehdi Ben Barka, mise en place d’un commun accord entre la monarchie et les leaders du mouvement nationaliste. Ses membres étaient désignés. Mais le 23 mai 1959, la première réelle ouverture démocratique fut interrompue. 


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