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En mai 1624, la ville de Fès presque détruite par un violent séisme

Au lendemain de la disparition du célèbre sultan saadien Ahmed al Mansour, le Maroc est en ébullition. Une guerre civile éclate dans le pays, marquant le début de la fin pour la dynastie saadienne. Au milieu du chaos politique, un puissant tremblement de terre est venu frapper la ville de Fès, entraînant des milliers de morts et d’importants dégâts matériels.

Dans la nuit du 11 mai 1624, la capitale du Maroc multiséculaire est presque entièrement détruite, selon plusieurs récits historiques. Le tremblement de terre a été tellement puissant qu’il a été ressenti très loin dans le royaume, dans d’autres localités de Meknès, Badès, Sefrou, Taza, et même Salé et Safi.

Dans un article scientifique intitulé «Re-examination of the historical 11 May, 1624 Fez earthquake parameters», Taj-Eddine Cherkaoui, Fida Medina et Abdelaziz Mridekh évoque le séisme de mai 1624 à Fès comme «l’une des pires catastrophes naturelles de l’histoire de Maroc».

Le tremblement de terre «a causé de graves dégâts dans la ville et ses environs» et «s’est produit dans l’une des zones sismiques les plus actives du pays», ont-ils ajouté. La catastrophe naturelle s’est également produite à «un moment crucial de l’histoire du Maroc», ont ajouté les chercheurs, faisant référence au déclin de la dynastie saadienne et au déclenchement des guerres intestines.

Les vieux quartiers de Fès s’effondrent

Ce tremblement de terre mortel a été également immortalisé à travers plusieurs témoignages et journaux de cette période. Dans une lettre envoyée aux membres de sa famille, un témoin oculaire nommé Abdelkader Al Fassi a décrit les dommages causés par le tremblement de terre. «Les murs des maisons ont été fissurés à Fès, des bâtiments se sont effondrés et enterrant un nombre incalculable de victimes sous les décombres», écrit Al Fassi à Al-Qadiri, cité par le même article. «Peu de maisons ont échappé à la catastrophe (…) qui a coûté la vie à des familles entières. Une telle catastrophe n’a jamais été vue auparavant», a-t-il ajouté.

Un autre témoignage est plus détaillé sur les victimes du séisme. Il s’agit de textes écrits en hébreu par les Marocains Saül Serero et Maymun b. Sa’dyna Aben Danan, révélant que le bilan des morts à Fès suite à ce drame était lourd.

«Un si grand tremblement de terre, que nous et nos pères n’avons jamais connu auparavant. Beaucoup de maisons se sont effondrées dans le mellah, par la grâce de Dieu, il n’y a pas eu de victimes. A Fès El Jedid, onze musulmans sont morts. A Fès El Bali, il y a eu plus de quinze cents (1 500) morts […]», estiment-ils.

Dans un autre article publié par les mêmes chercheurs, il a été indiqué que «plus de deux mille cinq cents (2 500) personnes ont péri à Fès El Bali, en plus d’innombrables enfants. Leurs maisons étaient devenues leurs tombes, tandis que les Juifs n’avaient aucune perte à regretter».

Un violent tremblement de terre ressenti à l’extérieur de Fès

Les enregistrements acquis par les chercheurs montrent que les vieux bâtiments construits dans la ville entre 789 et 808 ont le plus souffert du tremblement de terre. Parallèlement, «les quartiers situés au sud-ouest (Fès El Jedid), construits en 1276, et le Mellah de la ville, érigé en 1438» n’ont pas subi le même sort.

Les dégâts ont également été causés dans les localités entourant Fès. Selon la même source, deux personnes ont été tuées à Meknès, où deux tours se sont effondrés. A Séfrou, «quatre maisons ont été détruites, mais il n’y a pas eu de victimes» alors qu’à Salé également, «deux tours se sont effondrées lors du séisme».

Aussi fort et violent soit-il, le séisme de mai 1624 a marqué un nouveau départ pour la ville de Fès alors qu’elle commençait à être densément peuplée. Pendant la dynastie saadienne, la capitale spirituelle du royaume abritait de nouveaux quartiers et comptait 84 000 maisons et 700 mosquées.

Photo d'illustration. / DRPhoto d’illustration. / DR

Selon «Evolution of Sanitation and Wastewater Technologies through the Centuries» (Editions IWA Publishing, 2014) d’Andreas N. Angelakis et Joan B. Rose, le séisme de 1624 a endommagé les maisons et leur réseau d’approvisionnement. «C’est probablement la raison du développement du modèle Al-Fachtali pour corriger le souci de la détermination des quotas de maintien du système hydraulique de Fès qui est la plus grande innovation hydraulique du XVIIe siècle», rappelle le même livre.

Plus d’un siècle plus tard, Fès a été frappée par un nouveau tremblement de terre, qui a ravagé sa ville sœur Meknès en novembre 1755, puis un autre séisme, en 1773, qui a été ressenti à la fois à Tanger et à Fès et a détruit plusieurs maisons.


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