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entre autosuffisance et dépendance  

Le Maroc se positionne en tant que premier producteur de céréales au sein du Maghreb, et le Royaume s’efforce d’accroître sa production locale pour répondre à une demande croissante. Avec une moyenne de 200 kg de blé consommé par an par habitant (70-75 kg en France), le pays se profile également comme un consommateur majeur.  

Yann Lebeau, chef de mission pour le Maghreb-Afrique chez « Intercéréales », souligne que pour répondre à ces besoins, les meuniers marocains importent environ 5 millions de tonnes de blé par an depuis trois ans (dont 3 millions de tonnes de blé français en 2022-2023). Pour accroître sa production locale, le Maroc s’appuie sur des subventions de l’État et une assistance à tous les niveaux du cycle de production, y compris avec les semenciers, les fournisseurs d’engrais, et les techniciens sur le terrain pour améliorer les rendements malgré les sécheresses récurrentes.  

Le chef de mission chez “Intercéréales“ a constaté dans un article paru à ce jour dans “La France Agricole“ qu’il y a un vrai travail collectif entre les industriels utilisateurs et les producteurs pour sélectionner au fur et à mesure du temps des variétés propices et adaptées au marché. Il indique que l’accent est mis sur l’augmentation de la production tout en tenant compte des exigences de qualité formulées par les clients. Le Maroc veut produire plus, en prennent quand même, en compte la demande de leurs clients en termes de qualité“. 

Cela dit, au Royaume, le blé n’est pas seulement une culture agricole, c’est un pilier de l’alimentation, un symbole de souveraineté alimentaire, et un sujet de préoccupation constante pour les pouvoirs publics. Face aux caprices du climat et aux fluctuations du marché mondial, le Maroc oscille entre la volonté d’atteindre l’autosuffisance en blé et la réalité d’une dépendance aux importations.  

Le Maroc, malgré ses vastes terres arables, se trouve dans une situation paradoxale. D’une part, le pays possède un secteur agricole dynamique, contribuant significativement à son PIB et employant une large part de la population rurale. D’autre part, la production nationale de blé est fortement impactée par les aléas climatiques, en particulier les précipitations irrégulières, qui peuvent causer de graves déficits de production. Historiquement, le pays a dû recourir à des importations massives pour combler le fossé entre la production domestique et les besoins de consommation. 

Face à cette vulnérabilité, le Maroc a lancé plusieurs initiatives visant à augmenter sa production de blé et à réduire sa dépendance aux importations. Le Plan Maroc Vert, par exemple, a mis l’accent sur la modernisation de l’agriculture, l’augmentation de la productivité et la promotion des techniques d’irrigation efficientes. Parallèlement, le gouvernement a également mis en place des subventions pour les semences et les engrais, dans le but d’encourager les agriculteurs à se consacrer à la culture du blé. Cependant, ces efforts se heurtent à d’importants défis.  

Le changement climatique, avec ses séquences de sécheresse de plus en plus fréquentes et intenses, menace directement la production de blé. L’économie mondiale, quant à elle, expose le Maroc aux fluctuations des prix sur les marchés internationaux, rendant les importations parfois coûteuses.  Ainsi, malgré une volonté politique affirmée, la route vers l’autosuffisance en blé est semée d’embûches. Conscient de ces défis, le Maroc explore par ailleurs, des avenues pour diversifier ses sources d’approvisionnement en blé et sécuriser ses réserves alimentaires.  

Cela inclut la recherche de nouveaux partenaires commerciaux et l’investissement dans les infrastructures de stockage pour mieux gérer les stocks de blé. Aussi, pour un avenir durable, le Royaume est appelé à intensifier ses efforts en matière d’innovation agricole et de pratiques durables.  L’adoption de techniques agricoles résilientes au changement climatique, telles que l’agroécologie, joue un rôle clé dans la sécurisation de la production de blé. La quête du Maroc pour l’autosuffisance en blé est un baromètre de sa résilience face aux défis environnementaux et économiques globaux.  

En naviguant entre ses ambitions et les réalités du terrain, le Royaume continue de chercher l’équilibre entre indépendance et intégration dans le marché mondial. Cette démarche, loin d’être linéaire, est représentative des défis auxquels de nombreux pays sont confrontés dans un monde où la sécurité alimentaire devient une préoccupation majeure. 

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