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Gazoduc Maroc-Nigéria: « Le financement ne posera pas de problème pour le Maroc »

Le coût du financement du gazoduc reliant le Nigéria au Maroc pourrait atteindre 25 milliards de dollars, a déclaré hier le directeur de la compagnie pétrolière nationale du pays ouest-africain. Cependant, le Maroc sera amené à trouver un moyen pour se permettre de couvrir sa part du financement d’ici 2023. 

Lors d’une interview à Abuja, Mallam Mele Kolo Kyari, président-directeur général de la National Nigerian Petroleum Company Limited (NNPC), a déclaré que des discussions autour du financement de ce mégaprojet sont en cours tout en ajoutant que « nous prendrons une décision d’investissement définitive l’année prochaine ». Toutefois, Kyari n’a pas révélé le nom des institutions intéressées par le soutien financier du gazoduc qui doit fournir du gaz à 11 pays de la côte africaine en direction du Maroc, avant d’envisager de se connecter à l’Espagne ou à l’Italie.

D’après le président du NNPC, la mise en œuvre du projet tant attendu estime un coût entre 20 et 25 milliards de dollars. Le pipeline sera construit en plusieurs phases, la première devrait être achevée en trois ans tandis que les autres segments pourraient prendre cinq ans.

« Le financement de ce genre de gazoduc ne posera aucun problème », assure Driss Effina, Professeur d’économie à l’institut national de statistique et d’économie appliquée. Le professeur explique qu’un projet d’une telle importance va par lui-même attirer plusieurs investisseurs à l’échelle mondiale. « Les bailleurs de fonds ne cherchent que ce genre d’investissement rentable et durable », ajoute-t-il. Le Maroc, en revanche, dispose de plusieurs options qui permettront la couverture de sa part de financement.  « Le Royaume est aujourd’hui le chef de file de ce projet. Le tour de table est constitué de plusieurs investisseurs qui peuvent être prépondérants par rapport au Maroc », indique l’expert.

Cela signifie que « leur participation au financement sera plus importante que celle du Maroc. Il s’agit d’un projet international stratégique qui sera en grande partie financé par des investisseurs internationaux », souligne le Pr Effina.

Cependant, il indique que le Maroc peut opter pour d’autres solutions indépendantes afin de sécuriser les coûts. Le Royaume « peut créer une société de droit marocain, installée à Casablanca, à titre d’exemple, qui peut de son côté mener un peu le projet et il peut également créer une entreprise qui peut être installée à Londres, pour la même mission ».

Le Royaume-Uni sera certainement en mesure d’aider le Maroc dans la gestion d’un projet aussi important que ce gazoduc. Avec ses nombreuses années d’expérience dans le domaine de l’énergie, Londres pourrait orienter le Maroc vers une gestion efficace et rentable.

« Cette option sera la plus fiable pour attirer les investisseurs », précise le professeur en ajoutant qu’une telle entreprise pourrait s’implanter à Paris ou dans une autre capitale européenne. « Il n’est pas vraiment nécessaire que ces compagnies soient de droit marocain pour mener ce projet », précise Pr Effina.

Il explique que la création « d’une première société qui s’occupera uniquement de l’installation des infrastructures » pourrait faciliter au Royaume la tâche de gestion et sera d’une part économique. Le Maroc peut également charger une seconde entreprise de tout ce qui relève de la finance afin de pouvoir s’occuper indépendamment des investissements. Cette option accélèrera les démarches des financements à obtenir d’ici 2023.

D’autre part, rappelons que la Russie a décidé de rejoindre le mégaprojet de gazoduc maroco-nigérian qui s’apprête à se concrétiser. Selon l’ambassadeur du Nigéria à Moscou, Abdullahi Shehu, la société russe U Metal Company envisage d’investir dans ce projet dont les pays africains et européens bénéficieront. L’agence de presse RIA Novosti avait également affirmé cette information en publiant une interview de l’ambassadeur.

Muhammadu Buhari, président du Nigéria avait déclaré que ce projet a « besoin d’un partenariat à long terme et non d’incohérences et de contradictions dans la politique d’énergie verte du Royaume-Uni et de l’UE. Pour changer, le Royaume-Uni et les pays de l’UE devraient investir dans notre projet de gazoduc pour amener le gaz nigérian à travers le Maroc vers l’Europe ».

Le projet du gazoduc Nigéria-Maroc avait été lancé en 2017, par le Roi Mohammed VI et le président Buhari. Le pipeline traversera plusieurs pays d’Afrique, et leur fournira du gaz ainsi qu’à d’autres pays européens. Depuis, le projet a avancé. La Nigerian National Petroleum Co et l’Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc ont signé le mois dernier un mémorandum d’accord, rapprochant le projet tant attendu de la réalité. Le gazoduc est l’une des deux initiatives de ce type poursuivies par la NNPC dans le but d’exploiter la demande européenne de nouvelles sources de gaz après la crise ukrainienne.

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