En réponse à l’embargo européen sur les produits pétroliers russes, le Maroc a été contraint de rechercher des alternatives énergétiques, ce qui a conduit à une augmentation significative de ses importations de diesel en provenance de la fédération de Russie tout au long de l’année 2023.
D’après les données du prestigieux London Stock Exchange Group (LSEG), rendues publiques par l’agence Reuters, le Maroc s’est hissé parmi les principaux acteurs importateurs de ce carburant sur le continent africain, témoignant ainsi d’une réorientation stratégique majeure dans ses approvisionnements énergétiques.
Dans ce contexte, la fédération de Russie a mis en œuvre une stratégie proactive, intensifiant considérablement ses exportations de diesel à destination de l’Afrique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une augmentation fulgurante de plus de 300 % en 2023, passant ainsi de 2,4 millions de tonnes en 2022 à un impressionnant total de 10,2 millions de tonnes.
Plus, cette tendance semble même vouloir se pérenniser en 2024, avec déjà 0,8 million de tonnes exportées dès le mois de janvier de cette année. L’engouement pour le diesel russe, bon et pas cher, s’étend bien au-delà des frontières marocaines, touchant des pays tels que la Turquie, ayant absorbé 13,5 millions de tonnes de ce carburant, et le Brésil, qui a acquis 6,5 millions de tonnes.
Les avantages du diesel russe pour les pays africains sont multiples et indéniables. Tout d’abord, son coût compétitif par rapport au Brent, le prix de référence international du pétrole, constitue un attrait non négligeable, avec une économie moyenne de 2,5 dollars par baril, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En outre, sa composition moins soufrée le place en tête des choix écologiques, offrant une alternative plus respectueuse de l’environnement et mieux adaptée aux capacités de raffinage locales que d’autres types de diesel disponibles sur le marché.
Face à la perte du marché européen et, suite à la décision prise en février 2023 par l’Union européenne (UE) de boycotter les produits pétroliers russes en raison du conflit avec l’Ukraine, la Russie a démontré son habileté d’adaptation en diversifiant ses débouchés et en consolidant sa présence en Asie. Cette région est ainsi devenue sa première destination d’exportation, enregistrant une croissance impressionnante de 56 % en 2023.
Cela dit, l’importation de diesel russe par le Maroc a été entachée de controverses au sein de la classe politique au printemps 2023. Plusieurs groupes parlementaires ont exigé la mise en place d’une commission d’enquête pour élucider cette affaire, soulevant des questions quant à la transparence des transactions et aux éventuels liens politico-économiques.
Plusieurs groupes parlementaires avaient effectivement réclamé la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Dans ce tumulte, des acteurs majeurs de la distribution de carburant au Maroc, ont réfuté énergiquement, via les réseaux sociaux, toute implication dans l’importation de diesel russe sur le marché national.
Ils ont affirmé, en cela, ne pas avoir procédé à des importations directes ou indirectes de ce carburant, et ont souligné l’absence de restriction légale en la matière, jetant ainsi un semblant d’éclairage sur les tenants et aboutissants de cette affaire aux ramifications géopolitiques.
