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«Le matériau traditionnel n’est pas la cause des dégâts matériels»

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Au Maroc, le budget du programme de réponse aux effets du séisme en priorisant la reconstruction est estimé à 120 milliards de dirhams du 5 ans. Il devrait bénéficier aux six provinces les plus touchées et concerner une population de 4,2 millions d’habitants. Ce projet inclut notamment une adaptation des nouvelles constructions aux spécificités locales des régions sinistrées, où les matériaux utilisés sont peu exogènes et reposent surtout sur des éléments naturels, comme la terre, les pierres et le bois.

Dans ce contexte, l’ICOMOS-Espagne, le Comité scientifique international du patrimoine de l’architecture de terre (ISCEAH) et le Comité international sur l’architecture vernaculaire (CIAV) ont déploré que les dégâts causés au patrimoine architectural, tant vernaculaire que monumental, soient considérables. A cet égard, les instances indiquent avoir constaté que «certains médias ont attribué à plusieurs reprises l’effondrement des bâtiments au fait qu’il s’agissait de vieilles maisons, construites en terre et briques crues».

«L’architecture du passé ne s’effondre pas simplement parce qu’elle est ancienne, ni parce qu’elle est construite avec des matériaux traditionnels, tout comme l’architecture moderne ne résiste pas à un tremblement de terre parce qu’elle est nouvelle, ni parce qu’elle est construite avec des matériaux plus modernes.»

La même source rappelle que ce type de constructions fait partie de la culture millénaire en Afrique du Nord, où on a «su extraire de son environnement naturel les meilleurs matériaux et solutions techniques pour répondre durablement à ses besoins, y compris parasismiques, dans un long processus empirique d’essais et d’erreurs». Ainsi, en cas de tremblement de terre, «toute structure ou bâtiment, qu’il soit ancien ou récent, peut s’effondrer en raison d’un manque d’entretien, de pathologies préexistantes, d’une mauvaise conception ou de la détérioration de ses dispositifs antisismiques». Malgré la réglementation parasismique en vigueur au Maroc, «des logements sont encore construits avec une structure déficiente, généralement en raison d’un manque de ressources», soulignent les instances.

«Une autre cause possible de l’effondrement des structures historiques pourraient être les interventions de consolidation ou de renforcement réalisées avec des matériaux rigides incompatibles avec leur nature et qui se sont avérées contre- productives, malgré les prescriptions de la réglementation parasismique pour l’architecture en terre au Maroc, en vigueur depuis 2013», ajoute la même source.

Un savoir-faire ancestral combiné aux avancées techniques

Les instances signataires soulignent que les bâtiments d’architecture vernaculaire peuvent aussi s’effondrer, tout comme l’architecture moderne. «Les jugements hâtifs, arbitraires ou inexacts attribuant les dommages ou l’effondrement des bâtiments à leur âge ou aux matériaux traditionnels ne contribuent pas de manière positive à la protection et à la préservation de notre patrimoine commun», déplorent les instances.

Concernant le bon usage de matériaux naturels, l’architecte Karim Rouissi a précédemment déclaré à Yabiladi qu’il n’existait pas de bons ou de mauvais matériaux. «Il n’y a que des matériaux qui peuvent être bien ou mal utilisés. Le béton armé mal employé n’a d’ailleurs pas évité des désastres», a-t-il souligné auprès de notre rédaction. Dans ce sens, il a fait savoir également qu’«une construction de qualité, en terre ou en pierre, est tout aussi possible lorsque les prescriptions techniques et les normes de sécurité sont respectées».

L’idée serait, par ailleurs, de redécouvrir l’architecture vernaculaire parasismique, «afin de mieux comprendre les caractéristiques propres aux systèmes de construction mis en place depuis des siècles», selon l’architecte suisse Milo Hofmann. Par extension, «l’objectif est d’étudier le comportement des différents matériaux utilisés dans cette architecture». Dans l’architecture traditionnelle en Méditerranée, au moins deux techniques se sont révélées «particulièrement résistantes aux tremblements de terre».

L’ICOMOS-Espagne, l’ISCEAH et le (CIAV) estiment que «ce type d’architecture n’est pas seulement un moyen durable pour générer de la richesse, mais aussi un patrimoine culturel précieux qui nécessite des soins et de l’entretien». Les instances plaident ainsi pour assurer la pérennité de ce savoir-faire, de manière à ce que «les générations futures s’en souviennent et l’apprécient est donc une responsabilité collective dans laquelle l’éducation à l’égard du patrimoine et la diffusion correcte des connaissances architecturales jouent un rôle fondamental».


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