Au cours des dernières années, le gouvernement du Maroc a mis en œuvre de nombreuses initiatives en faveur de l’entrepreneuriat et des petites et moyennes entreprises (PME), générant des impacts positifs significatifs. Toutefois, relever le défi quotidien d’intégrer ces initiatives, de les développer à grande échelle et d’améliorer leur durabilité ainsi que leur incidence sur l’emploi demeure une préoccupation majeure pour les autorités.
Dans cette perspective, le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), en collaboration avec la Banque africaine de développement par le biais d’EInA2 (Entrepreneurship Innovations and Advice), a conjointement lancé en août 2021 une enquête nationale sur l’entrepreneuriat. Cette dernière s’inscrit dans la lignée d’initiatives telles que INTELAKA et la Stratégie nationale d’inclusion financière du MEF, répondant également aux orientations du Nouveau Modèle de Développement (NMD) visant à instaurer une stratégie nationale d’accompagnement des entreprises pour renforcer les capacités managériales et promouvoir la modernisation, en particulier au sein d’écosystèmes régionaux.
Selon une étude conjointe du MEF et de la BAD, le nombre total d’entrepreneurs marocains âgés de 18 ans et plus en 2022 est estimé à 7,4 millions, représentant 25% de cette tranche de population. L’étude, intitulée « Le paysage des initiatives entrepreneuriales au Maroc », a couvert 9.085 individus au sein de 3.034 ménages, identifiant 2.297 entrepreneurs représentant cette population nationale.
La répartition des entrepreneurs au Maroc en 2022 indique que 25% sont établis et 16% sont potentiels, des niveaux comparables à d’autres pays d’Afrique du Nord mais inférieurs aux taux observés en Asie de l’Est et en Amérique latine. Les entrepreneurs établis représentent 25% de l’emploi au Maroc, avec 43% d’entrepreneurs de vocation et 57% de subsistance. Les hommes sont plus enclins à l’entrepreneuriat que les femmes, avec des taux respectifs de 35,7% et 16,4%. La répartition urbaine et rurale montre des taux d’entrepreneuriat de 9% et 20%, expliqués en partie par un manque d’opportunités d’emploi salarié en milieu rural.
La répartition régionale des entrepreneurs montre que 60% sont concentrés dans les régions de Casablanca, Rabat, Souss-Massa et Marrakech. Cependant, les régions avec les effectifs les plus importants ne présentent pas toujours les taux d’activité entrepreneuriale les plus élevés. Par exemple, Casablanca a un taux d’activité entrepreneuriale inférieur à la moyenne nationale (8%), tandis que Souss-Massa a le taux le plus élevé (16%).
Les entrepreneurs établis sont majoritairement des hommes jeunes avec un faible niveau d’éducation, suggérant un potentiel de productivité limité. Seulement 22% des entrepreneurs établis sont des femmes, et 40% ont moins de 35 ans. Une faible proportion (moins de 15%) a un diplôme universitaire ou de formation professionnelle, tandis que plus de 20% n’ont jamais fréquenté l’école. Ces résultats soulignent la corrélation internationale entre la productivité des entreprises et le niveau d’éducation des entrepreneurs, suggérant que la plupart des entreprises établies au Maroc sont engagées dans des activités à faible valeur ajoutée par travailleur.
Selon la même source, « l’avenir de l’emploi au Maroc dépendra de la promotion de l’entrepreneuriat et du développement des PME. Pour absorber une partie des 5,4 millions de jeunes qui rejoindront la population en âge de travailler d’ici 2035, une révision du modèle de croissance économique des deux dernières décennies, insuffisamment générateur d’emplois, sera nécessaire ».
