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Les motivations derrière la reprise des activités consulaires en Libye

Après une fermeture qui a duré 8 ans, le Maroc a entrepris le processus de rétablissement de ses activités consulaires en Libye, témoignant de sa volonté de renouer à l’avenir des relations diplomatiques normales avec Tripoli. Cette initiative découle de diverses raisons, dont cinq ont été identifiées par le think tank The Arab World Center. En voici les détails.

Au cours des deux dernières années, à la suite de la formation du gouvernement libyen d’unité nationale en avril 2021, les visites marocaines se sont succédées pour évaluer la situation sécuritaire en Libye et déterminer si la reprise des relations diplomatiques et consulaires était possible. Selon le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, les consulats marocains à Tripoli et à Benghazi réouvriront leurs portes dans les mois qui viennent.

D’après l’analyse du think tank The Arab World Center publiée sur son site « Arab Wall », cette décision a été prise eu égard de cinq principales motivations. La première étant pour répondre aux demandes de la grande communauté marocaine en Libye, dont le nombre est estimé à plus de 100.000 citoyens. En effet, l’interruption des activités consulaires avait entravé l’obtention et le renouvellement des documents officiels de cette diaspora.

Les représentants avaient précédemment proposé la création d’une commission consulaire marocaine au poste frontalier de Ras Jedir, à la frontière tuniso-libyenne. En revanche, cette proposition s’est avérée peu pratique, car de nombreux Marocains vivant dans l’est de la Libye et d’autres régions ne pouvaient pas se rendre à l’extrême ouest du pays pour satisfaire leurs besoins consulaires. Cela avait conduit à la mise en place d’un consulat itinérant qui fonctionnait de manière temporaire uniquement à Tripoli.

La seconde motivation étant d’augmenter le volume des échanges commerciaux entre les deux pays. Des responsables marocains ont souligné cela en commentant la décision de rétablir la représentation consulaire libyenne. En novembre 2020, la Chambre de commerce libyenne à Tripoli a signé plusieurs accords avec les Chambres de commerce marocaines (Tanger – Tétouan – Al Hoceima) dans le but de développer les échanges commerciaux entre les deux pays, qui restent encore faibles, soit d’environ 100 millions de dollars.

De plus, le Maroc abritera cette année le Forum économique libyo-marocain avec la participation de 100 chefs d’entreprise et concessionnaires commerciaux libyens. « Il est largement admis que la présence de mécanismes diplomatiques et consulaires directs contribuera à stimuler les échanges commerciaux entre les deux pays« , affirme la même source.

Quant à la troisième, il s’agit d’une introduction à la normalisation diplomatique complète avec la Libye. Pour le think tank arabe, Rabat se limite à la nomination de consuls en Libye, sans que cette étape ne soit associée à la réouverture de l’ambassade, contrairement à la plupart des pays. « Il est peu probable que le Maroc franchisse le pas de la normalisation complète avant le succès du processus politique en Libye« , a-t-il estimé.

Selon l’analyse, la nomination de diplomates constituerait une normalisation complète avec le gouvernement d’unité nationale et un soutien à celui-ci dans la phase actuelle, ce qui pourrait affecter le rôle du Maroc en tant que médiateur neutre entre toutes les parties.

La quatrième motivation concerne l’amélioration relative de la situation sécuritaire en Libye. À l’heure actuelle, de nombreux pays ont annoncé la réouverture de leurs ambassades en Libye en raison de l’amélioration relative de la situation sécuritaire, tant dans l’est que dans l’ouest du pays.

Le Maroc suit cette tendance en décidant de reprendre les activités consulaires en Libye en premier lieu, avant de reprendre la représentation diplomatique directe de manière complète. Cependant, Rabat prend son temps pour rouvrir son ambassade en Libye, ce qui restera une étape différée jusqu’à ce que le pays se stabilise sur le plan sécuritaire, poursuit le think tank.

Finalement, Arab Wall relie la dernière motivation au rétablissement des relations diplomatiques entre l’Algérie et la Libye. « L’Algérie a rouvert son ambassade en Libye en décembre 2021, ce que le Maroc considère comme une étape importante selon les sources libyennes. Des rapports marocains indiquent également que Rabat surveille de près les développements des relations entre la Libye et l’Algérie, ainsi que certains dossiers qui concernent le Maroc, notamment dans un contexte de tensions entre les relations maroco-algériennes, en particulier le dossier amazigh« , explique la même source.

Le think tank n’a pas manqué non plus de rappeler l’annonce de Rabat de la nomination d’un consul au niveau d’Oran en Algérie, une initiative considérée par certains observateurs marocains comme reflétant une politique de « main tendue » pour réparer la fracture existante entre les deux pays. D’autres affirment que l’objectif est purement administratif compte tenu de la présence d’une diaspora marocaine à Alger.

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