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L’Europe dans le piège de Gaza

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L’architecture politique de l’Union européenne est en en train d’être ouvertement éclaboussée par la guerre au Proche Orient. Dès le début, des dissonances au sommet ont marqué l’attitude européenne à l’égard de ce conflit. Entre ceux qui ont adopté l’attitude traditionnelle américaine, un soutien inconditionnel, aveugle à la stratégie de l’armée israélienne et ceux qui voulaient conserver une marge de manœuvre pour pouvoir exercer des pressions sur les partenaires de ce conflit.

La vision européenne de ce conflit est passée par plusieurs stades. Celui de l’horreur absolue exprimée au lendemain des opérations du Hamas du 7 octobre, terroristes pour les uns, crimes de guerre pour les autres. À cet instant précis, le leadership européen s’est précipité au chevet d’Israël pour lui manifester son soutien absolu. Le président Emmanuel Macron est allé jusqu’à proposer une coalition internationale pour lutter contre le Hamas, similaire à celle qui avait démantelé Daesh.

Cette phase fut accompagnée par un durcissement des attitudes européennes en interne. En France, elles furent incarnées par une interdiction formelle de toutes les manifestations en soutien aux Palestiniens. Le pavé européen fut presque interdit à ses expressions. L’émotion face à cette opération du 7 octobre fut puissante et inédite. Paris, comme les autres capitales, a souligné avec une forme d’emphase le droit d’Israël de se défendre et donc de se venger.

Depuis que la machine de guerre israélienne est entrée en action pour accomplir les représailles promises par le premier ministre, Benyamin Netanyahu, les opinions européennes et leurs autorités sont acculées à changer de perceptions. Le bombardement aveugle des civils, des hôpitaux, le blocage hermétique de la bande de Gaza, les privations d’eau, d’électricité, de nourriture, la stratégie israélienne ouvertement assumée de procéder à un déplacement de population palestinienne vers le désert du Sinaï égyptien, autant d’évolutions qui ont participé à faire évoluer les convictions sur cette guerre.

Les postures européennes sont d’autant plus saisies d’une vive contradiction que la situation dramatique que vit la population civile palestinienne est presque similaire à celle que vivent les ukrainiens face à l’offensive russe. Or, face à la Russie de Vladimir Poutine, toutes les gammes d’indignation idéologique et morale sont convoquées pour dénoncer la « sauvagerie de cette guerre ».

Face à Benyamin Netanyahu à sa politique de guerre massive contre les civils palestiniens, le discours bégaie de gêne et d’embarras. Cette vision discriminée de deux guerres aux conséquences similaires sur les civils, participe à nourrir les amertumes et la logique de deux poids deux mesures évoquée par certains pour nourrir la mobilisation de la rue contre cette guerre.

Devant a cette situation, l’Europe se doit de gérer une gigantesque contradiction. Comment soutenir Israël sans lui donner un chèque en blanc de dérouler sa vengeance militaire sans freins et sans limites ?. Au jour d’aujourd’hui, le maximum de ce qui été formulé en termes d’indignation et de refus sur le plan officiel fut un petite phrase passée presque inaperçu dans ce brouhaha médiatique de la guerre, lancée par Emmanuel Macron : « La lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils ». 

Et c’est Emmanuel Macron, sans doute au nom de l’Europe, qui décide de programmer une réunion au sommet pour mobiliser l’aide humaine internationale au profit des civils de Gaza. Une rencontre prévue le 9 novembre prochain en marge du Forum de la paix de Paris. Cette proposition n’est pas dénuée d’arrières pensées politiques. Il s’agit d’adresser des messages selon lesquels le soutien absolu à Israël ne signifie nullement une insensibilité au sort de civils palestiniens.

Le constat diplomatique aujourd’hui est le suivant: L’Europe partage avec l’administration américaine, sinon un refus du moins une incapacité chronique à imposer la moindre trêve humanitaire pour venir en aide aux sinistrés de Gaza. Dans la vision de Washington comme de Bruxelles, le cessez le feu est encore au stade de la chimère. Mais les deux puissances ont cela en commun: Alors que la guerre israélienne contre la Bande de Gaza fait rage, elles insistent pour promettre qu’au sortir de cette guerre, la nécessité de travailler à l’établissement d’un État palestinien devient inévitable.

Incapables ou non désireux d’arrêter aujourd’hui la dynamique de cette sanglante confrontation, Européens et Américains s’accrochent à la séquence d’après. Un Etat palestinien pour ceux qui auront survécu à cette guerre.

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