Depuis plus d’une semaine, des vents poussiéreux inquiètent les Marocains. Dans plusieurs régions du Royaume, un changement climatique « brusque » et « inattendu » dérange la tranquillité de la population. Cependant, selon les observateurs, le pire est à venir, un été caniculaire se profile à l’horizon et promet des records de température « jamais vus ».
Le Maroc peine à se redresser d’une sécheresse implacable qui a ébranlé son socle économique, l’agriculture, et qui a asséché ses réserves hydriques. Il se retrouve face à une menace grandissante, un été caniculaire. Les experts s’alarment depuis des années et pointent du doigt quelques pratiques agricoles, économiques et industrielles exacerbant la situation. Toutefois, les parties prenantes font preuve d’une politique de la sourde oreille.
Interrogé par Hespress FR sur cet avenir douteux, Mustapha Benramel, expert en environnement et président de l’Association des Phares Écologiques pour le Développement et le Climat, confirme la menace grandissante d’un été caniculaire.
« Nous nous trouvons aujourd’hui face à une situation climatique alarmante, exacerbée par des phénomènes naturels qui s’intensifient et se manifestent de manière inédite. Les rafales de vent de type chergui, chaudes et chargées de poussières et de sables, envahissent nos plages et nos villes, accentuant la propagation de la poussière volatile », nous décrit en détails la situation climatique que traverse le Maroc.
« Cette poussière, bien plus qu’une nuisance esthétique », ajoute-t-il, « a des conséquences néfastes sur la santé humaine. Elle affecte gravement l’épiderme et la santé oculaire, notamment chez les personnes souffrant d’asthme, de maladies respiratoires et de bronchite. Elle peut également aggraver des pathologies pulmonaires préexistantes, telles que la maladie pulmonaire obstructive chronique. Les enfants, en particulier, sont vulnérables à ces conditions ».
Par ailleurs, « ces particules de poussière engendrent la formation d’une couche qui retient la chaleur, bloquant ainsi les températures dans le sol. Cette situation laisse présager un été caniculaire, aggravée par la hausse vertigineuse des températures que nous avons observé ce printemps. Les experts, depuis l’hiver dernier, n’ont cessé d’alerter sur les conséquences du phénomène El Niño. L’automne dernier a frôlé des températures records depuis la révolution industrielle, et l’hiver n’a pas été en reste ».
En nous transmettant ses craintes, l’expert déclare que « nous vivons actuellement un chamboulement saisonnier et une perturbation sans précédent. Après des pluies orageuses et abondantes, nous sommes directement confrontés à une température estivale et des bourrasques de vent et de poussière. Le pire reste à venir cet été, avec une probabilité forte de surpasser les températures atmosphériques enregistrées l’année dernière ».
Cette situation a des répercussions désastreuses sur l’agriculture. « Elle menace la récolte agricole au moment où les produits seront prêts, augmente le risque d’incendies et met en danger la santé des personnes âgées et des individus souffrant d’anomalies respiratoires, dermiques et vasculaires. Cette crise sanitaire potentielle engendrera une hausse de la mortalité à l’échelle mondiale », s’alarme notre intervenant.
Pas que, le plan économique, touristique et des services, seront également impactés. « Nous anticipons une utilisation accrue de l’électricité, contribuant ainsi à augmenter le pourcentage de pollution atmosphérique », réitère-t-il.
Toutefois, rester les mains croisées est loin d’en être la solution. Pour Benramel, l’heure est à l’action. « Cette situation ne doit pas nous effrayer, mais plutôt nous pousser vers la création et la créativité. Nous devons envisager des solutions novatrices pour atténuer les effets de cette crise. Il est impératif d’adopter des mesures d’atténuation pour protéger notre environnement et notre santé », réitère-t-il.
