ActualiteHespress

Voilà pourquoi les étudiants de Médecine protestent contre la réforme

L’escalade monte dans le secteur de la santé au Maroc. Les étudiants en médecine s’indignent contre les ajustements ministériels jugés « flous ». Réduire d’une année le cursus en médecine est une solution boiteuse, de rafistolage qui ne vise pas une remédiation à la pénurie des cadres à long terme, selon les étudiants.

De l’éducation à la santé, les crises au Maroc s’accumulent. Face aux ajustements ministériels, la dénonce des professionnels de secteur est à son paroxysme. L’ascension dans le domaine sanitaire au Maroc remonte à juillet 2023. Dans le cadre de la refonte du système de santé, la décision de réduire d’une année le cursus en médecine est entrée en vigueur pour remédier, entre autres, à la pénurie en médecin au Royaume sachant que le pays est en plein chantier de la généralisation de la couverture sociale et médicale.

Une décision qui a fait bouillonner les étudiants dénonçant à haute voix ces remaniements faits à « l’aveuglette ». Pour mieux cerner la situation critique, Hespress Fr a contacté une source bien informée qui nous a dévoilés les revendications des étudiants.

« La réduction de la durée de formation de 7 ans à 6 ans est la principale problématique, émanant d’un flou et d’un manque d’une vision claire du ministère et d’une communication adéquate à ce sujet. Cette réduction ne fait qu’aggraver la situation. Les étudiants actuellement en cinquième année, qui passeront en sixième année dès le prochain semestre, sont souvent dans le flou quant aux modalités de cette dernière année de formation », nous explique notre interlocuteur.

Avec un ton fervent, l’étudiant militant poursuit que « cela concerne notamment les stages hospitaliers, la thèse, le modèle adopté par le ministère de l’Enseignement supérieur pour la médecine de famille, les transferts, et le nouveau statut légal de l’étudiant. Une révision radicale est nécessaire, tant au niveau du statut légal des étudiants que des indemnités pour mener à bien les réformes du secteur de la santé qui dépend entièrement sur la formation ».

Dans le détail, ajoute-t-il qu’une « fois de plus, nous sommes confrontés au manque d’une vision claire. Il reste incertain si le concours d’internat sera maintenu ou s’il sera réévalué en tant que voie d’enseignement supérieure. Le cursus en troisième cycle demeure anarchique, sans un cahier de normes pédagogiques régissant la formation spécialisée. Les spécialistes dépendent toujours de l’autonomie pédagogique de chaque service ».

Les indemnités posent problème pour tous les étudiants. À cet égard, la commission nationale des étudiants en Médecine au Maroc (CNEM) a mené une étude mettant en lumière la valeur jugée « médiocre » des indemnités (21 dirhams par jour, soit 630 dirhams par mois).

En ce qui concerne les nouvelles facultés de médecine et de pharmacie, que ce soit à Errachidia, Guelmin ou Béni Mellal, notre intervenant nous informe que « les étudiants ne disposent pas véritablement d’une faculté ni d’un CHU adéquat. Ils étudient dans des conditions précaires, parfois avec des professeurs non spécialisés. Nous aspirons à la fois à la quantité et à la qualité ». Dans le même sens, « les étudiants d’Agadir ne disposent pas d’un CHU, ce qui constitue une revendication qui devrait être prise en considération dans les plus brefs délais pour permettre aux étudiants de bénéficier d’une formation intra-CHU », ajoute-t-il.

En conclusion, le membre de la CNEM souligne que « notre démarche n’a aucune affiliation politique. Nous ne demandons que nos droits légitimes et réalisables. Nous nous efforçons d’améliorer le secteur de la santé. Notre mission principale est d’assurer l’essor du secteur sanitaire marocain et pour ce faire il faut aider les étudiants et les représentants qui ont réalisé un travail colossal pour identifier les problèmes entravant la formation ».

Ce bouleversement n’est pas le premier en son genre, en 2019, les étudiants de Médecine au Maroc ont boycotté les cours, les TP, les stages et les examens pour à peu près cinq mois. La mobilisation avait commencé le 25 mars. La plupart des revendications estudiantines étaient liées à la formation et aux infrastructures, similaires à celles demandées aujourd’hui.

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page