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Le pillage du sable, un fléau estimé à 166 MDH par an

Un rapport de la Cour des comptes a révélé que l’exploitation illégale du sable fait perdre au Maroc environ 166 millions de dirhams par an. Ce phénomène a des conséquences néfastes sur l’environnement, le patrimoine public et le secteur de la construction. Pour stopper le braconnage, le ministère des Infrastructures a lancé un programme de contrôle à l’aide de drones pour lutter contre la mafia du sable.

La Cour des comptes a publié un rapport alarmant sur la situation du secteur des carrières au Maroc. Selon ce document, 79% du sable consommé au Maroc est extrait illégalement, sans permis ni paiement de taxes. Cela représente une perte annuelle de 166 millions de dirhams pour le budget de l’Etat.

Mais ce n’est pas le seul coût de ce pillage. L’exploitation illégale du sable entraîne également des dommages environnementaux, tels que l’érosion des côtes, la destruction des écosystèmes, la pollution des nappes phréatiques et la réduction des ressources hydriques. Elle provoque aussi une perte de biens immobiliers publics, comme les plages, les ports, les routes et les ouvrages d’art. Enfin, elle crée une concurrence déloyale dans le secteur de la construction, qui utilise le sable comme matière première pour le béton, le mortier et le verre.

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La Cour de comptes dénonce l’absence de stratégie nationale de gestion et d’encadrement du secteur des carrières. Elle pointe du doigt les lacunes et les dysfonctionnements qui caractérisent ce secteur. Il existe des données contradictoires et incomplètes sur les ressources disponibles, les quantités extraites, les acteurs impliqués et les impacts environnementaux. Il y a un suivi technique et environnemental limité, qui ne permet pas de contrôler la qualité et la conformité des matériaux de carrière. Il y a un système inefficace de suivi des quantités extraites, qui repose sur des déclarations volontaires des exploitants. Il y a une prolifération généralisée de carrières illégales, qui échappent à toute réglementation et sanction.

Face à cette absence de stratégie nationale, la Cour de comptes a formulé un certain nombre de recommandations pour améliorer la situation, notamment le développement d’une plateforme d’information commune et d’une stratégie nationale pour le secteur des carrières, l’achèvement du cadre juridique réglementant le secteur, le développement de mécanismes de valorisation des matériaux de carrière, l’activation des commissions nationales et régionales de suivi de l’exploitation des carrières et le renforcement et le complément de l’arsenal juridique et réglementaire lié à la gestion environnementale pour l’exploitation des carrières. Le rapport est adressé au gouvernement et au ministère de l’Equipement et de l’Eau, chargés de la gestion du secteur des carrières.

Une lutte à coups de drones

Face à ce fléau, le ministère des Infrastructures a décidé de réagir en lançant un nouveau programme de contrôle qui utilise des images satellite et des mesures topographiques. Le programme est en cours de déploiement dans tout le pays et devrait mettre fin aux pratiques illégales des mafias du sable.

Le ministère a développé un système informatique de gestion des carrières de sable qui prend des mesures topographiques à l’aide de drones. Ce modèle est déjà opérationnel dans certaines régions, comme la région de Casablanca-Settat, où il a permis de détecter et de fermer plus de 200 carrières illégales. Le programme comprend également le contrôle des routes menant aux zones touchées et l’ouverture de dépôts de sable contrôlés, où les exploitants doivent s’approvisionner et payer des taxes.

Selon des chiffres non officiels, le sable pillé est largement utilisé sur le marché national. On estime qu’il constitue environ 55% du sable présent sur les chantiers de construction. Le ministère travaille avec les parties prenantes, comme les professionnels du bâtiment, les associations environnementales et les collectivités locales, pour restructurer et organiser les carrières de sable.

Des réformes institutionnelles et des mesures répressives ont également été prises pour protéger et mieux exploiter les ressources naturelles. Le ministère a mis en place un comité national de lutte contre le pillage du sable, qui coordonne les actions des différents intervenants. Il a aussi renforcé les sanctions pénales et administratives à l’encontre des contrevenants, qui peuvent encourir des amendes, des saisies de matériel et des peines de prison.

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