Un monde en mutation : les cinq axes de lecture de l’ASP
Il est important de noter que l’IRES adopte une approche basée sur cinq principaux axes pour décoder les évolutions actuelles et à venir. Ces axes comprennent l’exponentialité, la planétarisation, la gouvernance, l’aspect humain centré sur l’individu (Human-centric), et la dimension centrée sur la nature (Nature-centric). Partant de là, ce rapport met en lumière la rapidité des changements en cours dans le monde, marquée par l’accélération technologique, les tensions géopolitiques et la dégradation de l’environnement. Le Maroc est directement impacté par ces évolutions complexes. L’IRES met en évidence une « Grande Transition » qui est en cours depuis près d’un siècle dans l’histoire de l’humanité. Les règles qui ont façonné le monde au cours des millénaires précédents cèdent la place à de nouvelles règles. Alors que l’évolution s’intensifie, accompagnée de crises structurelles majeures, de nouvelles tendances laissent entrevoir les contours du monde de demain.
Impact sur l’humain : santé mentale, valeurs et travail
Dans la catégorie «Human-centric», le rapport met en lumière plusieurs évolutions impactant les individus et la société. La détérioration de la santé mentale est devenue une préoccupation mondiale, exacerbée par la pandémie. Au Maroc, près de la moitié de la population serait touchée par des problèmes de santé mentale. Parallèlement, on assiste à un affaiblissement des valeurs humanistes, ce qui risque d’aggraver les tensions à un moment où une plus grande solidarité est nécessaire pour faire face aux défis tels que le changement climatique. Les médias sociaux exercent une influence sur les jeunes, 60% des utilisateurs marocains d’Internet ayant moins de 34 ans, et il est essentiel de réglementer leurs effets. Les influenceurs, devenus de nouveaux leaders d’opinion sur les plateformes en ligne, sont en plein essor au Maroc et peuvent avoir un impact sur les opinions, les comportements d’achat et les tendances de consommation. Les dynamiques liées au travail sont en transformation, remettant en question le rôle du travail non rémunéré, tandis que les nouvelles générations ont des attentes différentes. Le Maroc est confronté au chômage des jeunes et aux inégalités entre les sexes. La surconsommation, préjudiciable à l’environnement, est remise en question, avec des consommateurs marocains de plus en plus exigeants et résistants. Enfin, le vieillissement de la population s’accélère, posant ainsi d’importants défis, relèvent les rédacteurs de l’ASP.
Impact sur la nature : la crise environnementale s’intensifie
Dans la catégorie «Nature-centric», le rapport met en lumière l’accélération de la dégradation de l’environnement, qui approche des seuils critiques. La biodiversité diminue rapidement, les sols perdent leur fertilité, notamment en raison de la déforestation au Maroc. De plus, le rapport aborde d’autres préoccupations telles que l’élévation du niveau de la mer, le gaspillage alimentaire, tout en mettant en garde contre une «progression vers les limites planétaires». En ce qui concerne la gouvernance, l’IRES souligne que la numérisation des administrations progresse, ce qui améliore leur efficacité, tout en rappelant le fort engagement du secteur public marocain dans la transition numérique. Cependant, la multiplication exponentielle des sources d’information complique la distinction entre informations fiables et fausses nouvelles, exigeant une vigilance continue, en particulier à l’égard des jeunes et des catégories les plus vulnérables. Le rapport note également une méfiance croissante à l’égard des élites politiques dans le monde et au Maroc, ce qui pourrait alimenter l’extrémisme. Le document relève, en outre, que certains pays adoptent des politiques radicales, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les alliés du Maroc. Enfin, le rapport évoque la remise en question des institutions internationales historiques, ce qui pourrait éventuellement conduire à une reconfiguration de la gouvernance mondiale.
Concernant la catégorie «exponentialité», le rapport de l’IRES met en avant plusieurs sujets d’importance, tels que les biotechnologies, la blockchain, la cloudification des données, l’énergie solaire photovoltaïque, l’intelligence artificielle, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, la souveraineté pharmaceutique et les véhicules électriques. En ce qui concerne la «planétarisation», le rapport sonne l’alarme concernant l’artificialisation croissante des littoraux, la crise mondiale de l’eau douce, le seuil critique de la pollution plastique, ainsi que les conséquences sur l’économie circulaire et la métropolisation.
Et comme l’a démontré la pandémie de Covid-19, les besoins et les hypothèses peuvent évoluer rapidement et de manière imprévisible, ainsi que le reconnaissent les rédacteurs de l’ASP. Par conséquent, l’IRES recommande vivement une réévaluation constante des politiques en cours et un suivi régulier du contexte national et international pour une meilleure préparation à l’avenir. n
