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Pas de transition verte et numérique sans réformes de « première génération »

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Le Maroc figure dans le club fermé des pays ayant pu accéder à la Facilité pour la résilience et la durabilité du Fonds monétaire international (FMI). A travers ce mécanisme, le Royaume a donc décroché un prêt de 1,3 milliard de dollars. « Ce financement arrive à point nommée surtout que le pays doit faire face aux multiples risques liés au changement climatique », affirme le ministre de l’Equipement et de l’eau, Nizar Baraka lors d’une conférence-débat sur le thème « revigorer la croissance et façonner les transformations dans les marchés émergents et les économies en développement », le 12 octobre à Marrakech dans le cadre des assemblées annuelles FMI-Banque Mondiale. Selon le ministre, les effets des changements climatiques sont désormais perceptibles au Maroc. L’un de ses effets est la raréfaction des ressources en eau.

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En effet, indique Baraka, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables dans le pays est passée de 2.560 m3 par habitant par an en 1960 à près de 700 m3/habitant/an en 2010, pour ensuite tomber à moins de 600 m3/ habitant/an. Selon lui, le principal défi du Royaume aujourd’hui est de pouvoir lever et mobiliser des fonds pour amortir ces effets et financer des projets d’adaptation au changement climatique à l’instar du dessalement de l’eau de mer, le traitement des eaux usées, la décarbonation de l’industrie et des infrastructures portuaires et l’aboutissement de la Stratégie nationale pour le développement durable (SNDD).

L’ensemble de ces stratégies doivent également être déclinées dans les différentes régions du Royaume en prenant en considération les spécificités de chacune ainsi que le degré de son exposition aux risques. L’autre défi, selon Nizar Baraka, c’est de consolider la croissance pour générer de l’emploi. « Mais cette croissance doit être durable et prenant en compte les défis liés à l’environnement », explique le ministre.

Amer Bisat, responsable mondial des marchés émergents en titres à revenu fixe chez BlackRock, qui participait au débat, la capacité de financement du secteur public de la transition verte est limitée et ne peut donc pas permettre d’atteindre des niveaux de croissance optimaux dans les pays émergents. « Le secteur privé doit apporter sa contribution dans le financement de la transition verte dans les pays émergents », souligne Bisat qui estime que les obligations vertes constituent une opportunité pour le financement de la transition verte dans les marchés émergents. Sauf que leur volume demeure encore faible à ses yeux.

Selon les données du cabinet international Mazars, le marché mondial des obligations vertes a connu un fort essor ces dernières années, enregistrant une croissance de 75% entre 2016 et 2018 avec un volume d’émissions de 175 milliards de dollars. L’une des nouveautés de ce marché réside dans l’émission de titres par une multitude d’acteurs non publics, notamment des entreprises non financières. Aussi, il est prévu que le marché reste porté principalement par les émissions européennes répondant au besoin supplémentaire d’investissements en Europe de 180 milliards d’euros par an afin d’atteindre à l’horizon 2030 les objectifs énoncés par l’UE lors de l’accord de Paris.

Bisat insiste par ailleurs beaucoup sur le renforcement du partenariat public-privé pour lutter contre les effets du changement climatique. Pour attirer des investisseurs sur les marchés émergents, le responsable chez BlackRock, recommande de revenir aux fondamentaux. En d’autres termes, favoriser un environnement d’investissement propice et garantissant le retour sur investissement pour séduire les investisseurs. « Un challenge que le Maroc réussit en menant des réformes structurelles stratégiques », souligne Bisat.

Cet environnement propice au retour sur investissement ne peut être assuré que si les pays concernés procèdent à des réformes de première génération, enchaîne Antoinette M. Sayeh, directrice générale adjointe du FMI. La responsable de l’Institution de Bretton Woods pousse le raisonnement un peu plus loin soutenant que les réformes vertes et les réformes de première génération doivent être combinées pour enclencher une croissance solide. En fait, détaille-t-elle, les réformes vertes ne peuvent aboutir sans des préalables qui sont les réformes de première génération. Ces dernières sont tout aussi importantes pour opérer également la transition digitale dans les pays émergents. Car, explique A.M. Sayeh, pour enclencher une véritable transformation digitale, il est essentiel d’investir d’abord dans l’infrastructure de production et de distribution de l’électricité. Sans cela, l’infrastructure informatique qui servira de support à la transition numérique ne pourra pas fonctionner. Sa conclusion, la réforme de première génération est un préalable déterminant pour opérer les transitions verte et numérique.


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