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Grève des acteurs d’Hollywood. L’échéance pour négocier expire sans décision

L’échéance fixée pour parvenir à un accord entre acteurs et grands studios d’Hollywood a expiré jeudi, sans aucune décision de la part du puissant syndicat des comédiens concernant une éventuelle grève capable de paralyser l’industrie cinématographique américaine.

 La date limite avait été repoussée d’une dizaine de jours, jusqu’à mercredi minuit, heure de Los Angeles. La dernière journée de négociations a été marquée par l’arrivée en dernière minute d’un médiateur du gouvernement américain et l’on ne sait toujours pas si le patronat et la SAG-AFTRA, qui représentent 160.000 comédiens et autres professionnels du cinéma, ont réussi à sortir de l’impasse.

 S’ils décident de faire grève, les acteurs rejoindraient les scénaristes, qui ont cessé le travail depuis début mai. Ce double mouvement social réunissant les visages et les plumes de l’industrie cinématographique serait une première depuis 1960 à Hollywood.

 Les deux corps de métiers réclament une revalorisation de leurs rémunérations, en berne à l’ère du streaming. Ils souhaitent également obtenir des garanties concernant l’usage de l’intelligence artificielle, pour empêcher l’IA de générer des scripts, ou de cloner leur voix et leur image.
 L’entrée en grève des acteurs serait un coup dur pour les patrons des studios et plateformes de streaming.

Depuis mai, les seules productions qui ont décidé de tourner le font sur la base de scripts déjà terminés au printemps, sans pouvoir les modifier. C’est notamment le cas du préquel du « Seigneur des Anneaux  » financé par Amazon, « Les Anneaux de Pouvoir ». Mais sans comédiens, les tournages ne seraient tout simplement plus possibles.

 Seuls quelques « talk-shows » et émissions de télé-réalité pourraient se poursuivre.

Les acteurs ont aussi le pouvoir de handicaper sérieusement la promotion des blockbusters attendus en salle cet été, comme le très attendu « Oppenheimer » de Christopher Nolan, dont la première à Londres jeudi a été  avancée d’une heure pour permettre à son casting d’assurer les interviews avant le début d’une éventuelle grève.

L’absence de comédiens sur les tapis rouges laisserait un grand vide. Comic-Con, la grand-messe des geeks et amateurs de bande dessinée américains, devrait ainsi se dérouler sans vedettes la semaine prochaine à San Diego.

Avant la grève, Disney a expliqué que le lancement de son nouveau film, « Le Manoir Hanté », serait réduit à un un « événement privé » pour les fans ce week-end en cas de mouvement social.
Même la cérémonie des Emmy Awards, les « Oscars » télévisuels, prévue le 18 septembre, est menacée.

La production envisage déjà de reporter l’événement au mois de novembre, voire à l’année prochaine, selon la presse américaine.
 Car nul ne sait combien de temps le mouvement pourrait durer. Les acteurs n’ont pas fait grève depuis 1980. La dernière grève des scénaristes remonte elle à 2007-2008 : le conflit avait duré 100 jours et coûté deux milliards de dollars au secteur.

Une double grève confirmerait la crise existentielle qui frappe actuellement Hollywood. Fin juin, des centaines d’acteurs célèbres, parmi lesquels Meryl Streep, Jennifer Lawrence et Ben Stiller, ont signé une lettre estimant que leur industrie est à un « point d’inflexion sans précédent ».
 Depuis une dizaine d’années, l’avènement du streaming a bouleversé les rémunérations « résiduelles » des acteurs et scénaristes, découlant de chaque rediffusion d’un film ou d’une série.

Conséquents lors d’un passage télévisé car basés sur le modèle publicitaire, ces émoluments sont bien moindres pour les plateformes de streaming, qui ne communiquent pas leurs chiffres d’audience et paient de manière forfaitaire, indépendamment de la popularité du programme.

Sans ces revenus essentiels pour absorber les périodes d’inactivité entre deux productions, les nombreux travailleurs qui n’ont pas le statut d’acteur ou d’écrivain star dénoncent une précarisation de leur métier.

Le développement rapide de l’intelligence artificielle, qui menace de les remplacer – Disney a récemment eu recours à l’IA pour produire le générique de sa nouvelle série, « Secret Invasion » -, ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.
 Mercredi après-midi, les syndicats des scénaristes, des réalisateurs et de plusieurs métiers techniques du cinéma ont affiché un front uni dans un communiqué.

 « Ce combat n’est pas celui des acteurs contre les studios, mais plutôt celui des travailleurs issus de tous les métiers et départements de l’industrie, qui se tiennent ensemble pour empêcher les méga-corporations d’éroder les conditions pour lesquelles nous nous sommes battus pendant des décennies », ont-ils insisté.

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