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La lutte sénégalaise « avec frappe » se dote de « sa » VAR

Battements puissants des tam-tams, chants traditionnels crachés par des haut-parleurs, vivats des quelque 15.000 spectateurs de l’arène nationale de Dakar… En casquette et tenue noire marquée du mot « arbitre », Sitor Ndour, les yeux rivés sur un écran, ne se laisse pas distraire par l’ambiance électrique autour de lui.

En ce jour de combat opposant deux ténors de la lutte sénégalaise, sport roi dans le pays avec le football, il est absorbé par sa mission du jour: coordonner la VAR – l’assistance vidéo à l’arbitrage – une petite installation abritée sous une tente bleue installée à quelques mètres du lieu des combats.

Longtemps réclamée par les amateurs, cette technologie assiste depuis début 2023 les arbitres de la lutte sénégalaise « avec frappe », sport traditionnel qui mêle combat au corps-à-corps et coups de poing.

La VAR s’appuie sur trois caméras placées à différents endroits du stade et compte une régie avec un ordinateur et deux écrans diffusant sous plusieurs angles et avec des plans variés le déroulé des combats, avant de les enregistrer automatiquement.

En cas de doute lors d’une chute, l’arbitre vidéo, avec l’aide d’un petit drapeau blanc, interpelle le juge central pour qu’il vienne visionner les images avant de rendre son verdict.
Si elle est encore loin d’être au même niveau de sophistication que l’assistance vidéo utilisée dans les championnats majeurs de football, de rugby ou encore de tennis, son arrivée dans l’arène nationale de lutte sénégalaise a aussitôt été déterminante.

Elle permet d’éviter certaines polémiques ou erreurs d’arbitrage, assure Meïssa Ndiaye, vice-président du Comité de gestion de la lutte sénégalaise (CNG). Au grand soulagement des arbitres de ce sport dont les meilleurs athlètes sont vénérés au Sénégal et où les cachets peuvent s’élever à plusieurs dizaines de millions de francs CFA, soit des dizaines de milliers d’euros, par combat.

« Parfois, on rentrait avec un verdict discutable qui prêtait à confusion (et à cause de cela) il arrivait que les gens cassent les chaises, détruisent les biens publics parce qu’ils ne sont pas satisfaits du résultat qui a été donné. Dans ce genre de situation, si on peut revoir les images et donner le vainqueur, mais aussi si le public peut revoir les images, ça nous facilite la tâche et ça permet aux spectateurs de rentrer plus tranquillement », explique Sitor Ndour, président de la commission centrale des arbitres de la lutte.

Dans l’un des combats préliminaires retransmis en direct à la télé, deux mastodontes en pagne, mains et torses nus, gris-gris attachés autour des reins ou des bras, manœuvrent afin de trouver une faille. Sur une action déclenchée par l’un d’eux, les deux protagonistes atterrissent ensemble sur les sacs qui délimitent la zone de combat. Chacun réclame la victoire tout en esquissant des pas de danse sous la clameur du stade.

Appelé par la VAR, l’arbitre central mime la forme d’un écran et court vers l’installation pour visionner les images, avant de revenir soulever la main de l’un d’eux. Le perdant conteste énergiquement la décision et tente d’accéder aux écrans, aussitôt quadrillé par des forces de l’ordre qui, sous escorte, le font finalement sortir de l’enceinte.

Les scènes de ce genre sont récurrentes, regrette Sitor Ndour. Car si certains lutteurs ont déjà adopté la VAR, d’autres en revanche n’ont pas encore compris son fonctionnement et exigent de voir eux-mêmes les images, explique-t-il.

Ils mettent sous pression les arbitres. Pour Ibrahima Niasse, un amateur de lutte, si la VAR était installée dans un lieu fermé à l’extérieur du stade, cela permettrait d’éviter pareilles situations.

Ancien « roi des arènes », Serigne Ousmane Dia, dit Bombardier, à l’immense stature, 1m98 et 140 kilos, vêtu d’un ensemble bleu noir cousu avec un tissu traditionnel réputé mystique, fait ses dernières préparations avant le grand combat du jour.
Lui aussi se félicite de l’arrivée de la VAR mais plaide pour que les images soient également projetées sur écran géant dans l’arène afin que les lutteurs puissent constater d’eux-mêmes s’ils ont perdu ou gagné.

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