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Une COP de plus Quels enjeux et défis pour la vingt-huitième ?

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Une COP de plus Quels enjeux et défis pour la vingt-huitième ?
Que peut-on attendre de la COP28 dont les travaux ont été entamés hier et qui se poursuivront jusqu’au 12 décembre 2023 à Dubaï aux Emirats Arabes Unis ? En effet, malgré les événements métérologiques extrêmes et meurtriers qui se sont enchaînés sans interruption lors des dernières années et un été 2023 donnant à l’humanité un goût de « l’effondrement climatique », rien ne semble faire pression sur les gouvernements afin de progresser davantage dans leur lutte contre le réchauffement climatique et éviter les pires conséquences climatiques. Pour preuve : les plans climatiques nationaux dont les résultats sont loin de l’objectif escompté, les émissions mondiales de CO2 qui ont atteint un nouveau record en 2022 et le financement de l’adaptation qui a reculé au niveau des pays en développement de 15% en 2021.

Insuffisance

En effet, un récent rapport de l’ONU a indiqué que les plans climatiques nationaux actuels, connus sous le nom de contributions déterminées au niveau national (CDN), révèlent que les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient augmenter de près de 9% d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2010, même si les CDN sont pleinement mises en œuvre.

En outre, il précise que «les émissions de gaz à effet de serre tomberaient à 2% sous les niveaux de 2019 d’ici à 2030, ce qui indique que les émissions mondiales atteindront leur maximum au cours de cette décennie». C’est encore loin de la réduction de 43% par rapport aux niveaux de 2019 que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU estime nécessaire pour rester dans l’objectif de 1,5 degré Celsius envisagé par l’Accord de Paris.

De son côté, l’Observatoire mondial de l’action climat a révélé, dans son bilan annuel par secteur, que «les émissions mondiales de CO2 ont atteint un nouveau record en 2022, malgré la chute conjoncturelle observée en 2020, l’année de la pandémie de Covid-19». En détail, il explique que «les émissions stagnent dans l’OCDE. L’UE et le Royaume-Uni ont entamé une réduction durable de leurs émissions territoriales. La tendance est plus erratique aux Etats-Unis depuis 2000. Le Japon a atteint un pic en 2013, comme l’Australie (2017) et la Corée du Sud (2018), plus sous l’effet d’une faible croissance du PIB que d’une réelle bascule du mix énergétique».

Le bilan note, en outre, que «les émissions croissent surtout hors-OCDE, représentant désormais 60% des émissions mondiales. Plus de 70% de la croissance des émissions mondiales depuis 2000 a eu lieu en Chine, où les émissions par habitant dépassent même celles de l’UE.  Les émissions par habitant de l’Inde ou de l’Indonésie restent très inférieures à celles des pays industrialisés». Et d’ajouter : «De mieux en mieux mesurées, les inégalités carbone s’observent désormais autant entre nations qu’entre niveaux de revenus à l’intérieur même des pays. Ainsi, l’empreinte carbone des classes moyennes et des hauts revenus en Chine converge avec celle des pays industrialisés, et creuse l’écart avec les revenus les plus faibles».

Déficit

Concernant les émissions de la production électrique, ledit rapport  constate qu’il y a une augmentation depuis 2015, à l’exception de la baisse provoquée par la pandémie en 2020. «Depuis 2015, les ajouts de capacité d’énergies renouvelables dépassent les ajouts de capacités fossiles (respectivement trois quarts et un quart de la capacité ajoutée entre 2019 et 2022). Mais trois fois plus de capacités renouvelables sont nécessaires en moyenne pour remplacer une capacité fossile», souligne le bilan. Et d’observer que  «l’intensité carbone moyenne de la production d’électricité a donc diminué depuis 2015, mais la hausse de la demande mondiale dépasse la décarbonation du mix. Là où elle s’opère, la transition hors du charbon profite autant  aux renouvelables qu’au gaz».

A noter également que «les subventions publiques maintiennent le charbon en vie en Asie, tandis que les investissements pétroliers dans les renouvelables sont toujours très insuffisants pour entamer une véritable transition».

Recul       

Quant à la question du désaccord entre le Nord et le Sud, à savoir le financement de l’adaptation, un rapport des Nations unies publié jeudi 2 novembre a indiqué que ce financement a reculé au niveau des pays en développement de 15% en 2021. Les rédacteurs dudit rapport estiment que «certains de ces pays exigeraient au contraire des financements jusqu’à 18 fois supérieurs aux montants actuels».

Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) déplore qu’en dépit des signes évidents «d’une accélération des risques climatiques et de leurs impacts à travers le monde, le déficit de financement pour l’adaptation se creuse, désormais compris entre 194 et 366 milliards d’euros par an».  Pour le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ce déficit est le signe que la lutte contre le changement climatique «patine».

Dans un récent communiqué de la Banque africaine de développement, l’Afrique, à titre d’exemple, qui représente moins de 4% des émissions mondiales de carbone, estime que le continent a besoin d’au moins 2.800 milliards de dollars jusqu’en 2030 pour mettre en œuvre ses engagements climatiques énoncés dans les objectifs nationaux des pays dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015. Cependant, les flux de financement climatique vers l’Afrique demeurent très faibles, à hauteur de 3% du financement climatique mondial, et ont tendance à se concentrer sur des opérations à petite échelle, fragmentées et non coordonnées, principalement dans les pays à revenu intermédiaire.

Et c’est dans ce sens que «l’Afrique cherche à obtenir davantage de financement climatique de la part des pays riches et très polluants, notamment par le biais d’un nouveau fonds « pertes et dommages » qui devrait être créé lors de la COP28 et de taxes carbone sur des secteurs tels que les combustibles fossiles, le transport maritime et l’aviation», souligne ledit  communiqué.

Hassan Bentaleb


Quels enjeux et défis pour la vingt-huitième ?
Une COP de plus Quels enjeux et défis pour la vingt-huitième ?
La COP28, qui se tient du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, constitue la 28e édition du grand rendez-vous international annuel sur le climat organisé sous l’égide de l’ONU. Quels seront les principaux enjeux de ces deux semaines de négociations ?
 
Evaluer les progrès réalisés
 
La principale tâche de la COP28 consistera à évaluer, pour la première fois, les progrès réalisés par les pays pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de 2015. Ce dernier exige de ses signataires qu’ils maintiennent l’augmentation de la température « bien en dessous » de +2,0 °C, et de préférence de +1,5 °C, par rapport aux niveaux préindustriels. Les Etats devront ainsi mettre à jour leurs objectifs et plans nationaux de réduction des émissions d’ici à 2025.
 
L’avenir des combustibles fossiles
 
Les débats les plus difficiles de la COP28 devraient porter sur le rôle futur des combustibles fossiles et sur les façons de sortir progressivement de l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz, gros émetteurs de CO2.

Lors de la COP26 à Glasgow, ces pays avaient accepté d’abandonner progressivement l’utilisation du charbon, mais n’ont jamais accepté de laisser tomber l’ensemble des énergies fossiles. Les Etats-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays vulnérables au changement climatique insistent pour que l’accord final de la COP28 engage les pays à éliminer progressivement les combustibles fossiles, mais le G20, qui regroupe les plus grandes économies du monde, n’est pas parvenu à se mettre d’accord sur ce point. Certains pays, dont la Russie, ont déclaré qu’ils s’y opposeraient.

Les pays attendent, par ailleurs, de voir si les Emirats arabes unis, la nation qui accueille la conférence, pousseront d’autres producteurs de pétrole à soutenir cette idée. Alors que le président de la COP28, Sultan Ahmed al-Jaber, a déclaré en juillet que l’élimination progressive des combustibles fossiles était « inévitable », il a également été critiqué pour son double rôle de dirigeant de la compagnie pétrolière et gazière publique des Emirats arabes unis (Adnoc) et de futur chef de file des négociations sur le climat.
 
Place des technologies émergentes
 
Les Emirats arabes unis et d’autres pays dont l’économie dépend des combustibles fossiles souhaitent que la COP28 se concentre sur les technologies émergentes conçues pour capturer et stocker les émissions de CO2 dans le sous-sol. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ces technologies sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques, mais elles sont également coûteuses et ne sont pas encore mises en place à grande échelle.
L’UE et d’autres pays craignent qu’elles ne soient utilisées pour justifier la poursuite de l’utilisation des combustibles fossiles.
 
Développer les énergies renouvelables
 
Les pays envisagent de fixer des objectifs visant à tripler les capacités en matière d’énergies renouvelables et à doubler les économies d’énergie d’ici à 2030, une proposition avancée par l’UE, les Etats-Unis et la présidence émiratie de la COP28.

Cette proposition devrait bénéficier d’un large soutien, car les principales économies du G20, y compris la Chine, approuvent déjà l’objectif en matière d’énergies renouvelables.
Toutefois, l’UE et certains pays vulnérables au changement climatique insistent pour que cela s’accompagne d’une élimination progressive des combustibles fossiles, ce qui pourrait entraîner des conflits.
 
Question de financement
 
La lutte contre le dérèglement climatique et ses conséquences nécessitera des investissements considérables, bien plus importants que ce que le monde a prévu jusqu’à présent.

Selon l’ONU, les pays en développement auront besoin d’au moins 200 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour s’adapter aux effets de plus en plus graves du changement climatique, tels que l’élévation du niveau de la mer et les tempêtes. Ils auront également besoin de fonds pour remplacer les énergies polluantes par des sources propres. A cela s’ajoute le coût des dommages déjà causés par les catastrophes climatiques.

A Dubaï, les pays seront chargés de mettre en place un fonds « pertes et dommages » pour faire face à cette situation. Ce fonds devrait débloquer au moins 100 milliards de dollars d’ici à 2030, selon les pays en développement.

Les pays vulnérables souhaitent plus de fonds pour leur transition et que les pays riches, dont les émissions de CO2 passées sont en grande partie responsables du changement climatique, paient. Les pays riches devront ainsi démontrer qu’ils ont respecté leur engagement de fournir 100 milliards de dollars par an pour que les pays en développement prennent des mesures climatiques.


Qu’est-ce qu’une COP?
 
La Conférence des Parties est le principal organe de décision de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il réunit les 198 parties -197 nations plus l’Union européenne – qui ont signé la convention-cadre. La réunion inaugurale de la Conférence des Parties s’est tenue à Berlin (Allemagne) en mars 1995 et, aujourd’hui, le secrétariat de la Conférence des Parties a son siège à Bonn. Les CdP sont accueillies chaque année dans différents pays, sous les auspices de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les Émirats arabes unis accueillant la COP28.

Pourquoi la COP est-elle importante?

Les Parties ont lieu chaque année de réunion officielle pour négocier et convenir de la manière de lutter contre les changements climatiques, de réduire les émissions et de limiter le réchauffement de la planète. L’une des principales tâches qui se sont posées aux conférences des Parties est l’examen des rapports nationaux et des inventaires des émissions présentés par les pays participants. Ces rapports donnent un aperçu essentiel des actions de chaque pays et des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs primordiaux de la Convention.

 Comment la présidence de la COP est-elle à tour de rôle?

La Conférence des Parties se réunit chaque année, à moins que les Parties n’en décident autrement. La présidence de la COP est assurée par roulement entre les cinq régions reconnues de l’ONU – l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et les Antilles, l’Europe centrale et orientale et l’Europe occidentale et d’autres pays. Cette rotation permet aux différents coins du monde d’accueillir et de montrer leur engagement à relever les défis climatiques.

Comment les Emirats arabes unis ont-ils soutenu le processus de la COP?

Situés dans une région où la chaleur est extrême et où l’eau est précieuse, les Emirats arabes unis considèrent depuis longtemps le changement climatique comme un défi qui doit être surmonté. Depuis leur création en 1971, les Emirats arabes unis ont soutenu le programme mondial sur le climat, en ratifiant à la fois le protocole de Kyoto et l’Accord de Paris. COP28 Président, Dr. Sultan Al Jaber a assisté à 11 COP et dirigé l’engagement des Emirats arabes unis à la COP21 à Paris.

En tant que leader régional dans les secteurs de l’énergie et de la durabilité, les Emirats arabes unis ont diversifié leur économie, créant des connaissances, des compétences et des emplois pour leurs jeunes, tout en apportant des solutions pratiques à un problème mondial qui nous touche tous.  

Qu’est-ce que le programme d’action présidentiel de la COP28?

La présidence de la COP28 a organisé l’un des plus importants de tous les voyages d’engagement et d’écoute de toute présidence, ainsi que la toute première consultation publique pour l’ordre du jour de deux semaines de la COP28. Son programme d’action est guidé par une seule étoile nord: maintenir 1,5 reach à la portée.

La GST nous a montré que nous devons réduire les 22 gigatonnes d’émissions avant 2030. Pour atteindre ces objectifs à l’horizon 2030, nous avons besoin d’une action urgente et décisive lors de la COP28.

Pour y parvenir, la présidence de la COP28 a élaboré son plan d’action avec quatre piliers clés: un suivi rapide d’une transition énergétique juste et ordonnée, la fixation du financement climatique, un accent mis sur les personnes, la nature, la vie et les moyens de subsistance, et la promotion de l’inclusion.

 Quels sont les thèmes de la COP28 et que signifient-ils?

La présidence de la COP28 a adopté une approche innovante et inclusive du programme de deux semaines pour la COP28. C’est la première présidence à organiser une consultation ouverte sur les domaines thématiques et l’enchaînement. Le programme met en lumière les secteurs et les sujets que les parties prenantes ont soulevés à plusieurs reprises au cours des consultations, y compris à la fois les solutions annuelles de l’ordre du jour de la COP tels l’énergie et le financement, et de nouveaux sujets essentiels tels que la santé, le commerce et les secours, le relèvement et la paix.

La programmation des journées thématiques intègre également quatre thèmes transversaux qui sous-tendent une mise en œuvre efficace et interconnectée: la technologie et l’innovation, l’inclusion, les communautés de première ligne et les finances.

La présidence de la COP28 a travaillé en collaboration avec les femmes, les peuples autochtones, les communautés locales, les jeunes, les personnes de détermination, les acteurs infranationaux et les organisations confessionnelles pour veiller à ce que leurs contributions soient incluses dans les programmes et les résultats. La COP28 accueille également un nombre historique de parlementaires, de maires et de dirigeants locaux.



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