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Selon lui, le Discours Royal d’ouverture du Parlement, prononcé par le Souverain le 13 octobre, répond à ces enjeux en insistant sur l’importance de renforcer la cohésion de la famille qui est un facteur essentiel dans la transmission des valeurs et un ingrédient clé pour maintenir l’équilibre de la société. Pour garantir les équilibres financiers des systèmes de protection sociale, Adel souligne l’importance du rapport démographique, c’est-à-dire le rapport entre les cotisants actifs et les retraités. «Tant qu’on a plus de cotisants que de pensionnaires, le système est excédentaire. Mais lorsque celui-ci commence à s’égaliser, il frôle le risque», explique l’économiste. L’enjeu est de taille : comment bétonner la cohésion de la famille qui garantira la durabilité des systèmes de retraite. Aux yeux de Nabil Adel, pratiquement tous les problèmes économiques et sociaux sont les corollaires de déséquilibres démographiques. «Nous sommes aujourd’hui à 2,2 enfants par femme. Si on descend à 1,5, nous n’aurons plus la même société dans 50 ans. Le Souverain a donc raison d’insister sur l’enjeu démographique à travers le maintien et le renforcement de la cellule familiale», illustre le professeur d’économie.
Si l’on ne règle pas cette première couche démographique, c’est-à-dire la famille, aucun modèle social ne pourra tenir si longtemps, ni celui de l’extension de la couverture sanitaire ni le système de solidarité. Parce qu’on aura besoin de population très jeune et nombreuse pour cotiser. «Si nous avons une forte croissance, le financement du système de solidarité pourra être durable et pérenne. Cela permet en effet d’augmenter le nombre de cotisants et réduire le nombre de bénéficiaires», explique Adel. En revanche, précise-t-il, si la croissance est morose, le nombre de personnes qui peuvent potentiellement faire partie des cotisants baisse et celui des bénéficiaires monte. Ce qui menace les équilibres financiers des systèmes en place. «Je rappelle que le gouvernement s’est engagé sur un taux de croissance de 6%. Or, nous sommes actuellement à peine à 2-3%», rappelle Adel. Si le pays ne parvient pas à enclencher une croissance forte, c’est-à-dire sortir du couloir de 2 à 3% et franchir le seuil de 5 à 6%, le modèle social atteindra rapidement ses limites. À défaut de réaliser une croissance économique forte pour financer l’État social, le gouvernement devra s’atteler à élargir l’assiette fiscale.
La pression fiscale, un piège à éviter
«Il ne faut pas commettre l’erreur de maintenir la pression fiscale sur l’assiette qui est en règle avec le Fisc. Car plus on dilue cette pression fiscale sur une plus large assiette, plus on va augmenter les ressources et, partant, assurer le financement durable du système social. Au contraire, le maintien de cette pression sur la population de contribuables réglos va alimenter le sentiment de celle-ci que les impôts deviennent confiscatoires», détaille Adel. L’un des chantiers à activer pour financer l’État social est donc l’élargissement de l’assiette fiscale. «Il faut que la ministre des Finances, Nadia Fettah Alaoui, et le ministre délégué en charge du Budget s’inscrivent dans une démarche prospective afin de mobiliser les fonds nécessaires au financement du système social, sinon celui-ci sera en panne d’ici 5 à 10 ans», alerte l’économiste. Cette démarche consistera, selon lui, à élargir la base fiscale de manière à ce que chaque Marocain s’acquitte de son dû en matière d’impôt. «Aujourd’hui, nous sommes encore très loin de cet objectif, car il n’y a aucun chantier mis en œuvre par l’Exécutif qui va dans ce sens, c’est-à-dire l’élargissement de l’assiette fiscale», déplore Adel. Sa conclusion, le gouvernement n’a que deux solutions pour assurer le financement du système social : une croissance forte et un élargissement de l’assiette fiscale. Sans ces deux options, le chantier de l’élargissement de la couverture sociale connaîtra des difficultés dans le très court terme. Élargir l’assiette fiscale nécessitera, selon l’économiste, du courage politique de la part du gouvernement qui devra consigner ce chantier dans le projet de Budget de 2024. Rappelons que le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, révélait que l’élargissement de l’assiette fiscale recèle un potentiel de 80 milliards de dirhams.
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