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Cafés et restaurants : les faillites s’accélèrent en 2023, le secteur dans la zone rouge

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Le secteur des cafés-restaurants continue de boire la tasse. L’année 2023 s’avère en effet une année noire pour la filière avec environ 13.000 faillites recensées dans seulement trois régions du Maroc. Ces défaillances portent à 16.413 le nombre global des entreprises qui ont dû cesser leurs activités depuis l’avènement de la crise pandémique à ce jour.

Rien qu’à Casablanca-Settat, ce sont pas moins de 7.094 unités qui ont fermés leurs portes en 2023, entrainant la perte de 42.564 postes d’emplois. Ces fermetures, qui représentent 53% de l’ensemble des fermetures répertoriées dans la région depuis la pandémie, viennent s’ajouter à celles enregistrées à fin 2022 et dont le nombre s’est établi à 1.870. Quant aux emplois perdus dans la même période, ils se sont élevés à 11.220.

Accusés de fraude, les propriétaires de cafés crient aux allégations

Ces chiffres, qui découlent d’une enquête menée par la Fédération nationale des propriétaires des cafés et restaurants au Maroc (FNPCRM), indiquent que ce secteur grandement touché par la pandémie reste confronté à des effets persistants qui semblent même aller en s’aggravant. En effet, les faillites à Casablanca-Settat, qui étaient à 900 entreprises au cours du premier trimestre de 2023, ont pratiquement quadruplé pour se situer à 3.870 unités au dernier trimestre de l’année.

Rabat-Salé-Kénitra : plus de 23.000 emplois détruits en 2023

La situation n’est pas plus reluisante dans la région de Rabat-Salé-Kénitra où près de 5.000 entreprises de la filière ont cessé leurs activités à fin 2023. Le nombre des faillites qui était de 874 à fin 2022 a sensiblement augmenté pour atteindre 3.895 rien qu’en 2023. Pour leur part, les pertes en termes d’emplois se chiffrent à 28.614, dont 23.382 emplois détruits en 2023. Là aussi, les faillites se sont accrues à une cadence inquiétante, passant de 682 à 1.212 entre le premier et le quatrième trimestre 2023. Les fermetures enregistrées sur l’année représentent ainsi 82% du nombre global des cessations d’activités déclarées (3.895).

L’étude présente aussi l’état des lieux dans la région de Fès-Meknès où le nombre des chômeurs s’est accru de 16.000 à fin 2023, et ce en raison de la fermeture de quelque 2.680 unités de la filière. Selon les données de la Fédération, la région vient de perdre environ 2.000 entreprises rien qu’en 2023, soit 73% des faillites enregistrées dans le secteur.

Cafés et restaurants : les faillites s’accélèrent en 2023, le secteur dans la zone rouge

La CNSS et les communes sous le feu des accusations

La Fédération a également exploré, à travers son enquête, les principales raisons qui ont causé «l’effondrement» du secteur. Le premier protagoniste selon les professionnels est la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), dont les amendes et les pénalités «faramineuses» ont pratiquement anéanti 39,5% des 16.413 cafés et restaurants ayant fait faillite dans les trois régions précitées.

Deuxième facteur : les taxes communales et les contrôles fiscaux, responsables de la faillite de 23,24% entreprises recensées alors que 21,17% des entreprises sondées ont avancé les effets de la pandémie comme principale cause de leur défaillance.

L’analyse pointe également la concurrence déloyale du secteur informel et la prolifération des restaurants et cafés ambulants autorisés comme principale cause de la faillite de 10,23% des unités concernées par l’étude. La hausse des prix des matières premières et des denrées de base a, quant à elle, poussé à la faillite environ 6% des unités.

Les food-trucks autorisés à Casablanca, les restaurateurs dénoncent une "concurrence déloyale"

Pour la Fédération du secteur, ces institutions ont pratiqué un véritable «génocide» à l’encontre des entreprises et de leurs salariés. «Nous endossons la responsabilité de ces pertes d’emplois et de ces cessations d’activités à la CNSS qui n’a pas pris en considération les heures de travail effectuées durant la période de la pandémie et dont certains contrôleurs ont déclinés les documents présentés par les professionnels, profitant du flou des textes juridiques régissant le secteur», signale la Fédération à l’occasion du premier congrès de sa représentation régionale à Casablanca-Settat, tenue mercredi dernier.

Haussant le ton, les professionnels ont également exprimé leur ressentiment vis-à-vis du ministère de l’Intérieur qui, d’après eux, maintient «sciemment» des lois «frauduleuses» que les communes utilisent à leur profit «pour mettre la main sur les biens des professionnels»

Les représentants régionaux de la profession ont par ailleurs saisi l’occasion pour réitérer l’expression de leur mécontentement face à la prolifération des activités informelles mais aussi à l’encontre des responsables communaux et autres autorités locales, accusés de prendre des décisions «anarchiques et unilatérales», violant ainsi l’un des principes de la Constitution qui prône l’approche participative.

Nouveau conclave, mêmes revendications

Le congrès régional de la section casablancaise de la FNPCRM s’est soldé par une série de réclamations qui ont déjà été formulées à plusieurs occasions, notamment dans les correspondances envoyées par la Fédération à différents départements gouvernementaux.

Cafés et restaurants : désespérés, les propriétaires frappent à plusieurs portes

S’adressant encore une fois au ministère de l’Economie et des Finances, les professionnels de la région ont revendiqué l’annulation pure et simple des amendes et des pénalités de la CNSS, tout en appelant à l’échelonnement des montants de base sur 7 mois afin de leur permettre de payer leurs cotisations tout en honorant leurs crédits bancaires. Dans le même sillage, les cafetiers-restaurateurs ont réclamé une décision claire et nette concernant les déclarations et la comptabilisation des heures de travail relatives aux deux années de la pandémie.

Pour sa part, le ministère de l’Intérieur a été invité à activer la sortie de la loi-cadre relative au secteur, à mettre en place des mesures concrètes pour endiguer les activités informelles et à fixer un plafond pour les taxes communales afin de couper court aux «caprices» de certains présidents de collectivités territoriales.

Les congressistes ont également appelé l’ensemble des départements concernés à accélérer la mise en place du projet de loi-cadre sur la faillite qui leur permettra de cesser leurs activités tout en garantissant la protection de leurs salariés et la sauvegarde de leur fonds de commerce.

Pour finir, un appel a été lancé au Haut-Commissariat au Plan (HCP) pour initier, en urgence, une enquête dédiée au secteur, permettant de dresser l’état des lieux dans toutes les régions du Royaume et recenser le nombre des entreprises qui ont mis la clé sous le paillasson depuis la crise pandémique à ce jour.


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