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A bâtons rompus avec Abdellah Baïda, auteur de « L’Irrésistible appel de Mozart »

Dans le monde littéraire captivant d’Abdellah Baïda, chaque page est une mélodie qui résonne avec la richesse des émotions humaines. Son dernier roman, « L’Irrésistible appel de Mozart », tisse l’histoire d’un protagoniste animé par une passion contagieuse pour la musique et guidé par l’irrésistible appel de l’art à travers les rues de Rabat.

Dans cet entretien exclusif, Hespress FR plonge dans l’univers créatif d’Abdellah Baïda, explorant son parcours d’écrivain ainsi que les coulisses de son dernier chef-d’œuvre littéraire. L’auteur nous ouvre ainsi les portes de son imaginaire, partageant les inspirations qui ont donné naissance à cette œuvre unique, mais notamment à son parcours d’écrivain.

Qui est Abdellah Baïda ?

Il est difficile de se « définir » par soi-même. Nous sommes multiples. Sur le plan professionnel, je suis professeur-chercheur à l’Université Mohammed V de Rabat. Passionné de lecture et d’écriture alors je suis devenu au fil des temps un lecteur qui écrit. Mon pays de naissance est le Maroc, donc je suis Marocain bien imprégné de la culture marocaine puisque je suis né dans un quartier populaire au Sud, dans une petite ruelle de la ville de Tiznit, au sein d’une modeste famille amazighe. Mais en même temps, je suis ouvert sur le monde, j’ai même été une sorte de globe-trotteur.

J’ai fait toute ma scolarité dans l’école publique où il a toujours fallu se battre, se dépasser pour être à la hauteur. Maintenant, je suis marié à une femme que j’aime, nous sommes installés à Harhoura. Et je répartis mon temps entre la vie de famille, les cours à l’université, la lecture, l’écriture et quelques hobbies comme le sport et la musique.

Quelles sont vos principales influences littéraires et comment ont-elles façonné votre style d’écriture ?

Les influences littéraires sont un cumul dont les composantes viennent se greffer les unes sur les autres, au fil des années. Cela donne plusieurs couches qui s’imbriquent et on ne peut plus les distinguer. J’ai d’abord lu en langue arabe, j’ai aimé Najib Mahfouz, Ihssan Abdelkaddouss, un peu moins AlManfalouti et Alaakad, entre autres.

Je lisais aussi quand j’étais au collège de petits romans policiers en arabe, notamment les histoires d’Arsène Lupin et quelques romans d’Agatha Christie. Des magazines aussi qui venaient d’Iraq, l’Iraq d’avant ! Maintenant et depuis de longues années, je ne lis plus de romans policiers. Vous voyez comment nos goûts peuvent changer.

Dès le lycée, j’ai viré vers la littérature française, d’abord avec les grands classiques du XIXème siècle français, Zola, Balzac et Maupassant, mais c’est avec la littérature adossée à la philosophie que je découvre des horizons intéressants, notamment avec Jean-Paul Sartre et Albert Camus.

Le fait d’avoir choisi de faire des études universitaires de littérature française va me rendre cet univers plus familier et élargir la palette. Je ne tarderais pas à voguer vers d’autres horizons avec trois pôles capitaux : les littératures francophones (surtout africaine), la russe et l’américaine. Ce sera trop long d’entrer dans les détails, mais je dois citer quand même trois noms d’auteurs marocains qui m’ont accompagné et dont les œuvres m’accompagnent encore: Mohammed Khaïr-Eddine, Edmond Amran El Maleh et Mohamed Leftah.

Parlez-nous de votre dernier livre « L’Irrésistible appel de Mozart ».

« L’Irrésistible appel de Mozart », roman paru aux éditions Marsam en 2022, est une exploration romanesque de l’univers de la musique, un hymne à l’art et un cheminement sur sa voie. J’ai accompagné au fil de ses pages un personnage ordinaire, un brave bonhomme de la classe moyenne qui a réussi sa vie (au sens conventionnel du terme).

Un ancien responsable de la Banque du Maroc qui arrive à la retraite. Un déclic lui fait découvrir la voie de la musique, lui qui a toujours été absorbé par les chiffres, et il est immédiatement propulsé vers cet autre univers qui le métamorphosera, à ses risques et périls.

On ne fréquente pas l’art impunément. Une passion va naitre chez lui et il apprendra à la défendre, à tout faire pour avancer. Son regard sur le monde va complètement changer, il va vivre une autre vie.

Quel était le point de départ de cette histoire, pourquoi avez-vous choisi ce personnage (le retraité) et quel message cherchez-vous à transmettre aux lecteurs?

Je n’écris pas des « romans à messages » mais, après coup, il est toujours possible d’en trouver dans mes textes. Dans le cas du roman « L’Irrésistible appel de Mozart », il est question de l’importance de l’art pour la vie et l’équilibre d’une personne. La réussite matérielle et sociale ne sont pas suffisantes. Il y aura toujours une frustration si nous ne comblons pas cette lacune.

Malheureusement, dans notre société, l’éducation artistique demeure encore presque totalement absente ou alors elle évolue chez quelques-uns en marge des préoccupations. Le roman nous dit aussi qu’il n’est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu, même à l’âge de la retraite, nous pouvons encore conquérir ce domaine et vivre des moments lumineux. L’art nous transforme, il nous émancipe et il nous rend meilleurs. 

Comment avez-vous choisi le titre « L’Irrésistible appel de Mozart » ? Quelle importance accordez-vous à un titre accrocheur ?

Ce n’est jamais évident de trouver un titre. Il m’a toujours fallu beaucoup de temps, énormément d’hésitations pour me décider à ce propos. Ceci a systématiquement été le cas, aussi bien pour mon roman « Le Dernier salto » que pour « Nom d’un chien » ou « Testament d’un livre » ou même pour le recueil de nouvelles « Les Djellabas vertes se suicident ». Je crois qu’il faut un soupçon de provocation dans un titre, il faut qu’il titille quelque chose chez le lecteur ou qu’il réveille en lui une étincelle. Et ce n’est jamais évident !

Pour ce qui est de « L’Irrésistible appel de Mozart », j’allais intitulé ce roman « Moroccan Django », c’est le titre que j’avais gardé pendant longtemps alors que je travaillais sur ce texte. Toutefois, j’avais constaté que le nom Django n’évoquait pour la majorité des personnes de mon entourage que les films de cow-boy. Or, je faisais référence au musicien du jazz manouche, l’immense guitariste Django Reinhardt. Il faut se méfier des malentendus.

Le titre « L’Irrésistible appel de Mozart » parle aux gens et les interpelle. Je l’ai constaté à maintes reprises, lors des salons des livres notamment. J’aime ce titre où apparait cette icône de la musique qu’est Mozart et aussi parce que dans ce beau nom se cachent deux composantes capitales dans le roman : Mots et Art. 

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