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Assurer l’approvisionnement en lait ce Ramadan : une certitude ?

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Produit prisé par les Marocains, le lait se fait de plus en plus rare. Avec l’approche du mois de Ramadan, le débat d’une éventuelle pénurie regagne le devant de la scène. En raison des années successives de sécheresse qui ont sévèrement impacté le rendement, le secteur de la production laitière au Maroc se trouve actuellement confronté à des défis substantiels. Les conséquences de cette situation sont multiples, allant de la pénurie alimentaire à la hausse des prix, entraînant ainsi une réduction significative du cheptel et la fermeture de plusieurs exploitations laitières.

Malgré les difficultés prédominantes auxquelles est confronté le secteur de la production laitière et de ses dérivés, le marché national continue d’être approvisionné de manière régulière. Cette constance est appelée à persister à l’avenir, même lors de périodes de forte demande telles que le mois de Ramadan, où la consommation de produits laitiers est traditionnellement élevée.

Actuellement, la sixième année consécutive de sécheresse a épuisé les stocks alimentaires, laissant le cheptel sans accès adéquat à la nourriture et compromettant sérieusement les sources d’irrigation nécessaires. En parallèle, une hausse significative des prix des intrants au niveau mondial exerce une pression supplémentaire sur le secteur. Cette augmentation rend ardue l’acquisition de produits alternatifs importés, d’autant plus que ces derniers ne bénéficient pas de subventions. Les professionnels du secteur estiment une diminution marquée du cheptel, atteignant environ 30% depuis le début de cette longue période de sécheresse.

A cet effet, Hespress FR a contacté Abdellah Ayoubi, éleveur à la région Fès-Meknès qui nous a confié que « la réalité est marquée par une série de problèmes profonds qui menacent la survie même du métier et la pérennité de cette industrie vitale ».

L’un des obstacles les plus pressants qui entrave la progression du secteur est « l’augmentation implacable du prix du fourrage. La sécheresse persistante a épuisé les nappes phréatiques, rendant le fourrage de plus en plus rare et coûteux. Cette situation désespérante impacte directement le rendement des vaches laitières, réduisant la quantité de lait qu’elles produisent. Le coût élevé du fourrage ajoute une pression financière écrasante sur nous, les éleveurs, car nous sommes contraints de vendre le lait à des prix parfois inférieurs à ce que nous avons investi », partage avec nous notre intervenant.

De plus, le déficit des précipitations affecte également « nos troupeaux d’ovins, compromettant leur alimentation même », nous informe Ayoubi. En conséquence, la filière laitière est confrontée à une crise inévitable qui s’intensifie avec l’inflation galopante. Les coûts du fourrage et de l’énergie ont grimpé en flèche, laissant les éleveurs dans l’incapacité d’assurer la continuité du secteur. Un indice alarmant est le départ massif de près de 40 à 45 % des éleveurs de la filière, une tendance préoccupante qui survient à l’approche du mois de Ramadan.

En nous transmettant encore plus la gravité de la situation, l’éleveur précise que « les conséquences de cette crise sont d’autant plus graves que ceux qui ont quitté la filière ne reviendront probablement jamais. Cette hémorragie de talents menace l’équilibre délicat de notre industrie, laissant présager des difficultés accrues à l’avenir ».

C’est dans ce contexte difficile que « je soulève la nécessité urgente de subventions gouvernementales pour soutenir les éleveurs. Acquérir une vache nécessite aujourd’hui un investissement minimal de 30.000 dirhams, une somme qui dépasse souvent nos moyens. Le coût élevé du fourrage exige que nos vaches produisent plus de 30 litres de lait pour garantir un rendement acceptable, une tâche de plus en plus difficile compte tenu des défis liés à la sécheresse », ajoute-t-il.

Un autre facteur aggravant la situation est la rareté croissante des importations de vaches. « Les restrictions sur les vaches étrangères agissent comme un poids supplémentaire sur nos épaules déjà lourdement chargées. Cependant, il est important de noter que la limitation des importations soulage quelque peu la pression, même si elle ne résout pas complètement nos problèmes », souligne notre interlocuteur.

« En tant qu’éleveurs, nous exprimons une préférence marquée pour les vaches allemandes et françaises, mais nous devons également reconnaître l’importance de trouver des solutions durables et adaptées à notre contexte local », réitère-t-il.

En conclusion, Ayoubi enjoint les responsables à une intervention urgente,  « la filière laitière au Maroc est désormais un carrefour critique. Nous appelons le gouvernement à prendre des mesures immédiates et significatives, à accorder des subventions essentielles pour préserver notre industrie, et à mettre en place des politiques qui favorisent la durabilité et la résilience de la filière. Avec le soutien nécessaire, nous pouvons surmonter ces défis et construire un avenir plus prometteur pour les éleveurs et la filière laitière au Maroc ».

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