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De Tétouan à Dubaï, Youssef Bendriss façonne son nom dans la joaillerie

Durant sa jeunesse, Youssef Bendriss n’a pas imaginé devenir un homme d’affaires à succès. Mais il est parti de zéro et a compté sur lui-même, pour se faire finalement un nom parmi les businessmen qui ont cru en lui et lui ont mis le pied à l’étirer. Natif de Tétouan en 1987, cet entrepreneur a effectué ses études jusqu’en première année du secondaire dans un établissement public. Après quoi, il a décidé de s’orienter vers l’école espagnole, vu son engouement précoce pour la culture ibérique, à l’image d’un grand nombre de jeunes des villes du nord.

Fils d’un banquier et d’une enseignante, Youssef a aspiré aussi à suivre ses études en Espagne. Revenant sur cette période, il a déclaré à Yabladi que sa décision de rejoindre l’école espagnole avait été pour lui le premier défi de sa vie.

«J’ai dû quitter ma zone de confort et me séparer de mes amis du lycée où j’étudiais, pour intégrer un univers très différent. De ce fait, je me suis confronté à des difficultés au cours de la première année. Je n’ai pas réussi dans toutes les matières de la première session, sauf le français et l’arabe, pour la seule raison que je ne maîtrisais pas la langue espagnole», se rappelle-t-il. Le jeune prodige redouble d’efforts pour surmonter ses lacunes et obtient son baccalauréat en 2005.

En 2006, il réalise son rêve de continuer ses études en économie, en Espagne. Son choix de s’installer à Madrid n’a d’ailleurs pas été fortuit, puisque Youssef se considère notamment comme l’«un des supporters fidèles du Real Madrid». Durant les vacances, il se rend à Marbella pour travailler dans le tourisme, surtout dans les cafés, les restaurants et le transport, de façon à financer son cursus universitaire.

Une fois diplômé, il retourne à Marbella et monte un petit projet de vente de téléphones portables et d’accessoires. «J’ai commencé avec mon frère. En fait, tout le projet avait pour but d’être plus proche de mon frère unique», nous confie-t-il.

Parallèlement à son travail, Youssef a fait des études en master, pour se spécialiser en service client et techniques de vente, toujours à Malaga. Certaines de ses connaissances lui conseillent de profiter de ses diplômes et de sa maîtrise de quatre langues pour chercher du travail en entreprise. A ce moment-là, le jeune lauréat se forme aussi au football, où il devient titulaire d’une licence A en tant qu’entraîneur.

Une prise de contact avec Cartier par coïncidence

Alors qu’il postule auprès de diverses entreprises, Youssef Bendriss est amené par coïncidence à intégrer le monde de la bijouterie et de l’horlogerie de luxe au sein de Cartier. Il raconte être tombé sur une annonce anonyme sur Internet, exigeant la maîtrise de la langue arabe, ce qui l’a motivé à proposer sa candidature au poste. «Près d’une demi-heure plus tard, j’ai été appelé et on m’a proposé un entretien d’embauche le surlendemain. Plus tard, j’ai appris que c’était bien Cartier. J’ai été accepté, à l’issue de plusieurs entretiens», se rappelle l’entrepreneur.

En avril 2013, Youssef démarre ainsi cette nouvelle aventure, dans une enseigne de Cartier à Marbella où il effectue des tâches simples. «Au bout de trois mois, j’ai été surpris un jour par quelqu’un qui est entré dans le magasin, m’a salué et a commencé à me poser des questions sur ma situation. C’était un des princes du Golfe qui a déjà été l’un de mes clients dans un café de Marbella durant mes vacances d’études», nous confie l’homme d’affaires. «Il est venu me voir dans la boutique car c’était l’anniversaire de sa fille. J’ai réussi à vendre des millions, ce qui a été le deuxième plus gros chiffre de vente depuis l’ouverture de la boutique», nous dit-il encore.

Peu de temps après, il est devenu le premier vendeur du magasin. «Un assistant du prince a remis mon numéro de téléphone aux princesses du Golfe et leur a conseillé de travailler avec de moi. J’ai commencé à traiter avec elles, les chiffres du magasin ont drastiquement évolué, grâce aux ventes qui ont augmenté de manière inattendue», se rappelle Youssef. Son cercle de clients s’élargit pour inclure des acheteurs de Russie, de Chine et d’autres pays. Il devient ainsi l’un des commerciaux les plus importants de Cartier dans toute la péninsule ibérique (Espagne et Portugal).

Mais la suite des choses ne s’est pas déroulée comme prévu. En 2016, les ventes ont commencé à baisser. Au fil des jours, la boutique a connu plusieurs problèmes économiques ayant poussé à sa fermeture. Après quoi, Youssef a reçu une proposition de l’entreprise pour travailler en Angleterre, au Canada ou rester en Espagne. C’est ainsi qu’il a décidé de s’installer à Londres. En parallèle, il a approfondi ses connaissances en haute joaillerie, d’autant qu’il a affaire à des profils de clients particuliers.

Cartier commence alors à l’inviter parmi les commerciaux les plus importants qu’elle compte à travers le monde. Il suit aussi des formations supervisées par des seniors dans différents pays du monde.

Un changement de destination

Toujours au poste à Londres, Youssef reçoit un jour un appel d’une connaissance travaillant pour la marque de luxe Louis Vuitton, à la recherche de cadres d’entreprises concurrentes. Il se voit proposer de travailler dans des conditions avantageuses à Londres. Après mûres réflexion et étant moins satisfait de sa situation chez Cartier, il répond positivement à une nouvelle proposition de Louis Vuitton pour un emploi à Dubaï.

Parce que toute chose a un début et une fin, Youssef décide de quitter Londres vers la fin décembre 2020. Il se retrouve dans la ville de Dubaï qu’il connaît bien, pour s’y être rendu régulièrement. Il la considère d’ailleurs comme une ville particulière et unique, où il se sent comme chez lui, malgré le caractère cosmopolite mondial qui lui est associé.

Au sein de Louis Vuitton, Youssef est devenu responsable de la clientèle couvrant toute la région du Golfe persique. Il y a un mois et demi, il n’est plus employé de l’entreprise, auprès de laquelle il reste consultant, après avoir lancé sa propre marque.

Coïncidence toujours

Comme au tout début de sa carrière dans le monde de l’horlogerie et de la joaillerie de luxe, Youssef s’est laissé guidé par le hasard qui fait bien les choses et qui l’a amené cette-fois à lancer sa propre marque sous le nom de Wecord.

«Le concept est né d’une idée en 2018, lorsque j’étais à Londres. Je voyais que l’échange de cadeaux était très courant. A mon tour, j’ai offert à mes amis des bracelets en fils ornés de bijoux.»

Youssef Bendriss

«Un jour, je suis allé dans le magasin d’un ami pour acheter une pierre précieuse à ma mère. En regardant ce qui était proposé, j’ai acheté des pierres que j’ai décidé de mettre dans des bracelets en fil, comme signe d’amitié», se rappelle l’homme d’affaires.

Youssef a ainsi porté des bracelets qu’il a conçus lui-même. Il a commencé à recevoir des commentaires de nombreuses personnes faisant l’éloge de ses créations. A ce moment-là il commence à travailler parallèlement avec sa femme pour concevoir des bracelets et les vendre en ligne. Après avoir offert l’une de ses créations à un de ses amis saoudiens, qui en a fait la publicité sur ses réseaux sociaux largement suivis, Youssef reçoit plus de 200 commandes.

C’est alors que l’entrepreneur a commencé à réfléchir sérieusement à la possibilité de développer le concept, avec son épouse. «J’ai convaincu un grand fournisseur de fils connu des marques internationales et j’ai commencé à fabriquer ces bracelets avec ma femme. Nous avons pensé à développer l’activité, d’autant que j’ai commencé à recevoir des demandes de différents pays», nous confie Youssef. Après le succès du projet grâce à une forte demande, l’homme d’affaires commence à travailler avec de grands distributeurs. «Maintenant, nous sommes actifs dans 15 pays, comme l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, le Liban, l’Arabie saoudite et le Maroc, entre autres», se félicite-t-il.

Youssef a préféré quitter sa fonction chez Louis Vuitton pour se concentrer sur son projet. Désormais, Wecord est la première marque marocaine à avoir son enseigne au sein du Dubaï Mall, ce qui fait la fierté du couple entrepreneur. L’homme d’affaires s’apprête maintenant à signer un accord de partenariat avec de grandes entreprises nationales au Maroc, afin de donner une plus grande visibilité à sa marque dans le pays.

Pour autant, sa réussite dans le monde des affaires ne lui a pas fait oublier son amour et sa passion pour le football. «Mon premier rêve est d’être entraîneur. Mon travail m’a permis de connaître des entraîneurs de renom, des présidents de fédération et des présidents de clubs. Je suis bien à intégrer cet univers», nous a-t-il confié.


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