Santé

La question psy des parents : « Mon enfant ne veut pas quitter le nid, que faire ? »

Si le « phénomène Tanguy » prête à sourire, il engendre certaines crispations dans les foyers. Près d’un·e jeune sur deux âgé·e de 18 à 29 ans (46 %) habitait chez ses parents en 2013, selon une étude de l’Insee publiée en 2018. Après une diminution dans les années 1990, cette tendance s’est accrue au début des années 2000, en raison de la hausse du chômage et de la population étudiante. 

Quand les enfants devenus adultes peinent à quitter le nid familial, certains parents s’en réjouissent, d’autres ont plus de mal à l’accepter. Pour cause, le rythme de vie et le besoin d’indépendance ne sont pas les mêmes à 10, 17 ou 30 ans. En regardant leurs enfants grandir, bon nombre de parents aspirent à retrouver leur vie d’avant. Mais dans ce cas de figure, il n’est pas toujours facile de trouver les mots. Faut-il pousser son enfant à prendre son envol ? Comment apaiser les frustrations ? Comment éviter les tensions ?  

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LA RÉPONSE D’UNE PSYCHOLOGUE  

« Les jeunes adultes qui résident dans des zones urbaines ont parfois tendance à rester un peu plus longtemps que d’autres chez leurs parents, notamment en raison du coût du logement. Ce phénomène dépend aussi des études : aujourd’hui, beaucoup de jeunes suivent des cursus relativement longs, et ne sont pas forcément en mesure de pouvoir assumer les dépenses, confirme Marie Danet, psychologue clinicienne, docteure en psychologie et spécialiste de l’attachement. Ces derniers ne restent pas chez leurs parents par choix, mais par nécessité. 

D’autres se sentent en sécurité lorsqu’ils vivent en communauté, et éprouvent quelques difficultés à rester seuls. Néanmoins, certaines personnes choisissent d’habiter en colocation ou dans des lieux de résidence intergénérationnels, pour pallier cette crainte. 

Quelles conséquences psychologiques sur les parents ? 

Si le domicile familial est relativement grand et que chacun peut jouir d’une autonomie plus ou moins préservée (dans des maisons ou appartements qui permettent d’avoir des entrées indépendantes, par exemple), ça ne sera pas vécu de la même façon que dans un petit logement, où l’enfant est présent en permanence. Dans ce cas-là, le parent peut avoir le sentiment de ne pas retrouver sa liberté attendue, ou l’impression de ne pas récupérer son intimité. Lorsque les parents sont séparés, et tentent de refaire leur vie, avoir un enfant qui débarque n’importe quand et sans prévenir, peut être vécu difficilement. 

À quel point cette situation peut-elle affecter la relation ? 

Quand les choses se passent mal, cela peut faire survenir des rancœurs avec de l’agressivité, le sentiment que les parents ont fait ce qu’ils avaient à faire, et que c’est au tour des enfants de pouvoir être autonomes. Ce cas de figure peut aussi amener les parents à dévaloriser leur progéniture, avec des phrases du type : « Regarde, tous tes amis sont partis, quand vas-tu enfin avoir ta vie à toi ? » 

Comment réagir dans cette situation ? 

Je suis assez fervente de la communication. Avant de pouvoir trouver une solution, il est important de comprendre ce qui motive l’enfant à rester, et ce qui se cache derrière cette situation. Est-ce une question de moyens financiers ? Est-ce lié à une peur de se retrouver seul ? Parce que la solitude chez certains peut être source d’angoisse. Est-ce choisi ou subi par l’enfant ? Qu’est-ce qui pourrait faire qu’à un moment donné, il décide de partir ? S’il est poussé dehors de façon brutale, cela peut aussi être vécu comme un abandon.  

Comment éviter les conflits ?

Je conseillerais aux parents d’expliquer à l’enfant devenu adulte que chaque étape de la vie amène des responsabilités, et que tout n’est pas dû. Il est important que chacun soit respecté, et participe à la vie de famille. En ce sens, il y a des règles de vie à mettre en place : prévenir avant de rentrer pour que les parents ne soient pas pris au dépourvu, faire comprendre à l’enfant que, même s’il a vécu dans cette maison, ça reste le domicile des parents, et qu’il y a un certain nombre de choses à respecter, notamment l’intimité. Il ne faut pas que l’enfant ait le sentiment de pouvoir faire ce qu’il peut quand il veut, inviter des gens n’importe quand, etc. Et toutes ces choses-là peuvent aussi motiver l’envie d’avoir sa propre maison. »

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