Santé

Blandine, 51 ans : « Il restera à tout jamais l’amant de ma vie »

« Je venais tout juste de fêter mon vingt-troisième anniversaire quand Jean-Louis a emménagé dans l’appartement au-dessus du mien, avec sa femme et leurs deux petits garçons, raconte Blandine. Il avait beau avoir quinze ans de plus que moi, ça a tout de suite été un coup de foudre réciproque. J’ai pourtant résisté pendant près d’un an avant de tomber dans ses bras. Je ne voulais pas être celle qui allait briser une famille. Il n’empêche : plus j’essayais de me convaincre qu’il ne se passerait jamais rien entre nous, et plus je devenais accro. Jean-Louis était gentil, cultivé, et très « paternant ». Il me regardait et m’écoutait toujours avec infiniment de tendresse et d’intérêt. À côté de lui, tous les garçons de mon âge me semblaient fades. Quand notre histoire a commencé, j’ai vite su qu’il allait être la grande passion de ma vie et que je ne pourrais jamais en aimer un autre, autant que je l’aimais ».

Cette iconographe dans le secteur de l’édition parisienne avait vu juste. Pendant plus de vingt ans, son existence va tourner exclusivement autour de cet homme qui ne lui a pourtant jamais fait miroiter quoi que ce soit. À aucun moment, Jean-Louis ne s’est plaint de sa condition, ou de sa vie. Elle est la première à le reconnaître.

Entre rêves et réalité 

« Il me disait qu’il m’aimait et qu’il pensait souvent à moi, glisse la quinquagénaire. Les premiers temps, je croyais naïvement que ça voulait dire qu’avec sa femme, c’était fini, même s’il ne l’a jamais formulé ainsi (il me disait qu’il avait beaucoup d’affection et de respect pour elle, mais qu’il n’était plus amoureux et qu’il ne la touchait plus depuis longtemps). Je me voyais déjà être celle qui allait réussir à l’extraire de tout ce qui le paralysait et l’empêchait d’avancer. Je croyais sincèrement qu’on allait ensuite pouvoir construire quelque chose tous les deux… et être enfin heureux. Je suis vite revenue sur terre. Ça m’a fait terriblement mal de me l’avouer, mais j’ai compris que, même s’il éprouvait des sentiments pour moi (ça, je n’en ai pas une seule seconde douté), il ne bougerait jamais rien à son organisation familiale.

Je voulais sortir de l’ombre et crier notre amour au grand jour 

Il a plusieurs fois évoqué la vie (et aussi les enfants) que nous aurions pu avoir ensemble, mais plus comme un fantasme que comme un projet, ou un vrai désir. J’étais la femme improbable. Celle qu’il avait rencontrée trop tard, et avec laquelle il ne ferait jamais sa vie. Sauf que moi, je voulais sortir de l’ombre et crier notre amour au grand jour (hormis ma sœur, personne ne connaissait son existence). Je voulais partager son quotidien. Me coucher et me réveiller à ses côtés, fêter les Noëls et les anniversaires ensemble, partir en vacances tous les deux. Et aussi me marier et faire un bébé avec lui. Mais quand je mettais le sujet sur la table, il me disait qu’il ne pouvait pas quitter les siens. Il avait pris des engagements vis-à-vis d’eux et ne pouvait pas les trahir. Le message était on ne peut plus limpide, mais j’étais tellement amoureuse, tellement droguée à sa présence, que je n’ai pas su (pas voulu) en tirer les conclusions qui s’imposaient. J’avais trop peur de le perdre ».

Amour tragique

Durant toutes ces années, Blandine a oscillé entre colère, doute, espoir et désespoir. « En mon intérieur, je n’ai pourtant jamais cessé de croire que l’amour allait être plus fort que tout », lâche-t-elle. Lorsque les deux amants parviennent à planifier un moment (aussi bref soit-il) ensemble, Blandine a l’impression d’être une gamine qui attend le Père Noël. « Nos rendez-vous étaient si magiques, dit-elle. Si pleins de complicité et d’émotions. L’un comme l’autre, on se laissait aller. On était vraiment nous-mêmes ». Mais dès que Jean-Louis rentre chez lui, c’est la douche froide. « Je me suis plus d’une fois sentie moche, glisse-t-elle, sur un ton amer. Je n’avais pas imaginé ma vie comme ça. Être la maîtresse d’un homme mariée n’a jamais été mon délire ».

J’ai eu une chance inouïe de pouvoir aimer un homme aussi passionnément

À plusieurs reprises, Blandine a essayé de rompre. « J’ai déménagé dans un autre quartier pour ne plus le croiser, explique-t-elle. J’ai même, la mort dans l’âme, coupé les ponts et essayé d’aimer d’autre hommes. Non seulement ils ne m’ont pas rendue heureuse, mais ils m’ont aussi donné le sentiment d’être infidèle à Jean-Louis. J’en crevais tellement de ne plus le voir, de ne plus le toucher, de ne plus le savoir dans ma vie (et moi dans la sienne) que j’ai, à chaque fois replongé… jusqu’à sa mort brutale, dans un accident de moto, il y a trois ans. J’avoue ne pas en être encore remise. Je ne m’en remettrai d’ailleurs probablement jamais ».

Blandine ne s’est pas mariée et n’est pas devenue mère. Elle n’a pourtant pas le sentiment d’avoir gâché sa vie pour Jean-Louis. « Je me dis parfois qu’il a été lâche, admet-elle. Mais je n’ai aucun regret. Mon quotidien, sans lui, avait beau ne pas être toujours folichon, j’ai eu une chance inouïe de pouvoir aimer un homme aussi passionnément. Il restera à tout jamais l’amant de ma vie ».

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