Érection nocturne, ce qu’il faut savoir
Qu’est-ce qu’une érection nocturne ?
L’érection nocturne, aussi appelée « tumescence pénienne nocturne« , est une érection spontanée, involontaire et mécanique du pénis. « Elle arrive pendant le sommeil », complète le Dr Gilbert Bou Jaoudé, médecin-sexologue pour le compte de la clinique digitale Charles.
Les mécanismes de l’érection nocturne
Elle a lieu durant les phases de sommeil dit « paradoxal » : « Ce phénomène survient dans le même temps que d’autres phénomènes dans le corps : notre cerveau est actif pourtant on est endormi et notre corps hypotonique, les rêves sont plus intenses, et les yeux bougent sous les paupières. Sans explications claires de nos jours, c’est d’ailleurs pour cela que cette phase du sommeil est dite « paradoxale » », relève le médecin-sexologue. « Elles sont présentes tout au long de la vie, avec seulement un léger déclin chez les personnes âgées, en bonne santé », rapporte une étude publiée sur National Library of Medicine (source 1).
Combien d’érections pendant le sommeil ?
L’homme a environ 3 à 5 érections nocturnes, d’une durée moyenne de 20 minutes chacune, et avec une rigidité de 80 à 90 %. Dr Bou Jaoudé.
Selon la qualité et les conditions de son sommeil, un homme sera donc en érection chaque nuit pendant une période d’au moins 40 à 120 minutes au total. « Mais la majorité de ce temps étant durant le sommeil, l’homme ne perçoit pas forcément ces érections », complète le médecin sexologue..
Érection nocturne, quelle différence avec une érection dite « matinale » ?
« Ce sont les mêmes à la différence que l’érection matinale est la dernière des érections de la nuit », précise le Dr Bou Jaoudé. Il ajoute : « Les érections au réveil sont très fréquentes, sans doute car l’homme se réveille à la fin de la phase du sommeil paradoxal, et constate donc la fin de la dernière érection nocturne. »
Quant à la notion de la vessie pleine qui donnerait l’érection, cette hypothèse ne tient pas la route : « Une vessie pleine peut favoriser le maintien de l’érection mais ne la provoque pas. Et c’est le fait de se réveiller qui fait disparaître l’érection matinale et non le fait d’uriner », relève le médecin.
Érections nocturnes, comment les expliquer ?
« Les érections spontanées pendant la nuit résultent d’un changement d’équilibre entre le système nerveux parasympathique et le système nerveux sympathique au cours de la nuit », précise le médecin sexologue. Il ajoute : « Elles ne sont pas liées à des rêves érotiques, ni à la libido. C’est un phénomène neurobiologique et vasculaire qui garde encore une part de mystère. »
Le paradoxe des érections nocturnes
À noter que les hommes souffrant d’impuissance peuvent tout à fait avoir des érections nocturnes. « En effet, lorsque la cause du trouble érectile est psychologique de type peur de l’échec ou physiologique mais bénigne, la « machine », elle, fonctionne encore bien. En revanche, en cas de trouble érectile dû à une cause organique importante, les érections nocturnes peuvent, elles aussi, être dysfonctionnelles », relève le médecin sexologue. En tout cas le fait de conserver des érections nocturnes et matinales est considéré comme un signe rassurant en cas de troubles de l’érection.
Mais aussi : la fréquence et la durée des érections nocturnes ne sont pas signe de bonne ou de mauvaise santé sexuelle.
Une érection diurne peut-elle déboucher sur un rapport sexuel ?
« Il n’y a pas de lien direct mais s’il y a un petit réveil à ce moment-là, accompagné d’une stimulation, alors oui c’est possible d’avoir un rapport sexuel », indique le médecin sexologue.
La qualité du rapport est-elle meilleure avec une érection nocturne ?
Tout dépend des cas. « Elle sera par exemple meilleure chez certains hommes qui ont des troubles de l’érection liés au stress, à la peur de l’échec sexuel pour une raison simple : leur mental est plus détendu dans cet état de réveil progressif, le stress est ainsi moindre », illustre le spécialiste. Il arrive, au contraire, que ces érections nocturnes soient mal vécues chez les hommes en période de deuil par exemple.
À quoi servent les érections nocturnes dites aussi « tumescences » ?
Les érections de nuit jouent plusieurs rôles dans le bon fonctionnement du pénis. « Elles ont un effet réparateur, servent à oxygéner le pénis, évitent la mise au repos prolongée de l’organe sexuel, préparent le pénis à entrer facilement en érection lors des rapports sexuels et favorisent les émissions nocturnes de sperme pour le renouveler en cas de rapports sexuels à basse fréquence… », illustre le Dr Gilbert Bou Jaoudé. Il simplifie : « C’est un peu comme les moments d’échauffement pour un sportif qui peut rentrer sur le terrain à tout moment. »
Que faire en cas de douleur pendant les érections nocturnes ?
L’érection nocturne n’est pas censée faire mal, elle peut certes réveiller mais elle ne doit pas être douloureuse. Si l’érection devient douloureuse jusqu’à réveiller l’homme, il faut alors consulter : « Il pourrait s’agir d’un trouble neurologique, signe d’une prostatite ou d’une autre problématique médicale. De façon exceptionnelle, heureusement, cela peut également être un priapisme », explique le médecin sexologue, Gilbert Bou Jaoudé.
Le priapisme, c’est quoi exactement ?
Le priapisme est un dysfonctionnement érectile qui se traduit par une érection anormalement longue et qui se poursuit malgré la perte d’excitation. Si ce phénomène survient, une érection anormalement prolongée au-delà de deux heures de rigidité avec douleur ou gêne du pénis, il sera alors conseillé de consulter un professionnel de santé en urgence : « Être en érection trop longtemps peut abîmer les tissus de la verge et présenter des conséquences irréversibles », prévient le spécialiste.
Érections nocturnes absentes, faut-il s’en inquiéter ?
L’absence d’érections durant la nuit peut traduire une maladie sous-jacente : dépression, diabète… Les érections de nuit étant toutefois inconscientes, il est généralement assez difficile de se rendre compte de leur présence. En d’autres termes, si les érections nocturnes et matinales sont présentes, c’est rassurant. Si elles sont absentes, cela pourrait être soit le signe d’une maladie soit le fait que l’on ne s’en rende pas compte.
Si le médecin estime utile de faire un examen médical, une pléthysmographie pourra alors être réalisée pour mesurer la qualité de ces érections.
Les causes pouvant expliquer leur absence :
- Problème de la mécanique du pénis qui ne répond plus aux sollicitations du cerveau (problèmes d’artères, de nerfs, d’hormones…)
- « Problème au niveau cérébral comme une dépression ou un syndrome d’apnée de sommeil ou durant des périodes d’anxiété », complète le médecin sexologue.
Circoncision et érection nocturne involontaire, quel lien ?
« Il n’existe aucun lien entre la circoncision (n.d.l.r : ablation du prépuce pour motifs religieux ou suite à une balanite récurrente) et l’érection nocturne », rassure le Dr Gilbert Bou Jaoudé. » Toutefois, ces érections étant incontrôlées car ayant lieu durant le sommeil, il se peut que certaines d’entre elles soient douloureuses durant la convalescence de l’acte (jours suivant la circoncision). « Douleur qui s’estompera au réveil, lorsque l’érection retombe. »
Existe-t-il un phénomène équivalent chez les femmes ?
Le même phénomène existe chez les femmes avec une érection du clitoris durant les phases du sommeil paradoxal. « Celles-ci sont toutefois moins perceptibles du fait que les variations du clitoris soient moins importantes et visibles que celles du pénis », nuance le médecin sexologue.
Ce qu’il faut retenir : si les érections sont correctes lors des rapports sexuels, il n’y a pas lieu de consulter un professionnel de santé. À l’inverse, il sera préférable de prendre l’avis d’un spécialiste médical si des gênes, douleurs ou absence sont remarquées.
