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Eclair sur l’avenir des organisations armées non-étatiques

15Depuis de nombreuses années, l’Afrique est le témoin d’une montée préoccupante d’organisations armées non affiliées aux États, suscitant un intérêt soutenu et des interrogations profondes. Ce phénomène est source d’inquiétude car il ébranle la souveraineté des États sur leurs territoires et révèle des failles structurelles, plaçant ces nations dans la catégorie des États fragiles ou en échec.

Un article de recherche rédigé par Ali Din Hilal, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire et publié par le Centre for Advanced Research and Studies, met en lumière les multiples désignations de ces entités armées dans la région, telles que milices, groupes armés et acteurs armés non étatiques. Il clarifie que ces termes désignent des organisations armées dotées d’une structure de leadership et de continuité, agissant en marge de l’autorité étatique et utilisant la violence comme moyen de poursuivre leurs objectifs politiques, idéologiques et économiques.

Selon le même article, l’essor de ces milices armées est intrinsèquement lié à la fragilité des institutions étatiques, à leur inefficacité et à leur incapacité à assurer leurs fonctions essentielles, à savoir garantir des services de base tels que l’emploi, l’éducation et les soins de santé à leurs citoyens. Lorsque l’État délaisse ces missions et que les habitants des zones marginalisées ressentent une distribution inégale des services, la discrimination et l’injustice, et que le gouvernement ne répond pas à leurs revendications par des moyens pacifiques, les conditions se trouvent réunies pour la formation de milices armées, souligne la même source.

Quant à l’avenir de ces milices au sein de la région arabe, l’article envisage trois scénarios. Dans les États caractérisés par une forte intégration sociale et des institutions robustes, la défaite apparaît comme l’unique issue pour ces groupes armés.

Pour les États en proie à un manque d’intégration sociale, avec des divisions religieuses, ethniques et tribales, la solution s’avère plus complexe estime le chercheur. Il estime ainsi que les dissensions politiques trouvent leur origine au sein même de la société, exigeant des institutions étatiques qu’elles évitent de politiser ces divisions en adoptant des politiques équitables pour tous les citoyens, sans favoriser un groupe au détriment d’un autre.

En ce qui concerne les États où l’émergence de milices est le résultat de divergences politiques découlant des événements de 2011, la pérennité de ces groupes dépend principalement de l’équilibre des forces et des relations entre les États soutenant les parties en conflit, souligne la même source.

Selon le chercheur, de nombreuses organisations armées ont vu le jour dans le monde arabe, parmi lesquelles la plus ancienne est « l’organisation secrète » des Frères musulmans en Égypte, ainsi que les activités du Parti social-national syrien dans les années 40 et 50 du siècle dernier. Cette tendance a continué à évoluer, prenant de l’ampleur après les soulèvements du début du XXIe siècle dans le monde arabe.

L’article du chercheur souligne que la grande majorité de ces groupes et milices dépendent de soutiens extérieurs en termes d’armement, de formation et de financement. Par ailleurs, il est impossible de les considérer comme une seule entité, car les raisons de leur émergence, la nature de leurs objectifs et le niveau de soutien social varient. En outre, il n’existe pas de cause unique expliquant leur formation, mais plutôt une multitude de facteurs complexes et interdépendants.

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