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La tension monte, 500 emplois en jeu

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On en parlait déjà en juin dernier. La branche « Délices Viande », filiale du grand groupe de charcuterie au Maroc « Koutoubia », était accusée par la Confédération démocratique du travail (CDT) d’avoir licencié les membres d’un tout nouveau bureau syndical, créé en mai 2023, outre les retards de versement des salaires des employés qui avaient dû se contenter d’une «avance sur salaire» pour des mois d’impayés.

A l’époque, précisément en août 2023, la Direction du groupe, propriété d’un député de la ville de Mohammedia, qui avait invoqué des difficultés financières, s’était engagée, en présence des autorités, à verser les salaires en retard, assurer une couverture maladie pour les employés, et résoudre les problèmes entravant la reprise normale de la production.

Mais force est de croire, selon la CDT, que la direction n’a respecté aucun de ses engagements, poussant les employés à envisager différentes formes de protestation, pour mettre un terme à l’ »intimidation et à l’exploitation sauvage » dont les employés s’estiment victimes.

Le bureau régional de la CDT à Mohammedia a ainsi évoqué l’organisation d’une marche de protestation de l’entreprise jusqu’au siège de la préfecture, et même le débrayage ce vendredi 22 décembre 2023 à 17 heures.

« Notre demande est claire : l’application effective de l’accord, notamment le paiement des salaires, la prise en charge médicale et la reprise de l’activité pré-pandémique », est-il expliqué.

Et le syndicat d’ajouter: « Nous insistons auprès de la direction pour qu’elle prenne conscience des conditions précaires dans lesquelles se trouvent les travailleurs, qui sont actuellement privés de salaires et de couverture médicale. Leur anxiété s’accroît face à l’absence de garanties claires sur l’avenir de l’entreprise et leurs droits fondamentaux, dont le droit au travail ».

Un appel pressant à toutes les parties concernées, tant au niveau local qu’au niveau national, est lancé pour intervenir en faveur de cette institution nationale. Il est crucial de protéger les avancées économiques, sociales et de développement que « Délices Viandes a générées », profitant à la fois aux employés, à la ville de Mohammedia et à l’économie marocaine dans son ensemble.

« Nous invitons tous les travailleurs de la société, ainsi que les membres de la confédération, à se mobiliser massivement lors de cette marche. Il est essentiel de manifester notre opposition à toute perturbation de la production et de défendre les droits et intérêts associés à la pérennité de cette entreprise marocaine », souligne encore le bureau régional de la CDT.

Dans une déclaration à Hespress FR, Houssine El Yamani, de la CDT, a expliqué qu’il s’agit « d’une entreprise nationale fondée et développée par un entrepreneur marocain, qui s’est imposée comme l’une des références majeures de l’industrie de la viande au niveau national ».

Malheureusement, poursuit-il, « elle traverse actuellement une période critique menaçant sa pérennité. Notre message s’articule autour d’un appel urgent aux autorités compétentes afin qu’elles soutiennent cette entreprise avant qu’elle ne soit contrainte de cesser ses activités ».

Dans le détail, nous révèle-t-il, « Mohammedia est confrontée à une désindustrialisation croissante. De nombreuses grandes entreprises, telles que La Samir, ont dû fermer leurs portes. En se concentrant uniquement sur la société « Delices », ce sont près de 500 emplois qui sont en jeu ».

La CDT, fait noter notre intervenant, « de par son expérience et sa maturité, sait combien il est crucial d’intervenir rapidement dans de telles situations. Avec trois mois de salaires impayés et une absence de garanties sociales, les préoccupations des employés s’aggravent. Leur avenir professionnel est en jeu, et seule une intervention décisive peut rétablir la stabilité au sein de l’entreprise ».

Au Maroc, différents acteurs interviennent dans le secteur industriel. « Si le ministère de l’Industrie et du commerce prône le +Made in Morocco+, des situations comme celle-ci démontrent le chemin qui reste à parcourir », précise El Yamani.

« Younes Sekkouri, ministre de l’inclusion économique a récemment déclaré la création de 600.000 emplois, voici monsieur le Ministre, un contre-exemple. Malgré les ambitions affichées, nous sommes aujourd’hui confrontés à une réalité inquiétante avec la fermeture d’une entreprise majeure, symbolisant le besoin urgent d’actions concrètes pour soutenir notre industrie nationale », conclut El Yamani.

A contrario, se voulant rassurante, une source au sein de  « Délices Viandes » qui a requis l’anonymat, affirme que « le retard de paiement n’est que temporaire ».

« La société, déjà éprouvée par les conséquences de la pandémie de Covid-19, s’investit sans relâche pour assurer le redressement de ses activités« , a indiqué la source à Hespress Fr.

Initialement, ajoute-t-elle, « un décalage de paiement de 6 mois avait été observé pour les salaires des employés. Aujourd’hui, ce délai est réduit à 2 mois, et les salaires d’octobre seront versés dans les prochains jours ».

« Nous honorons nos engagements salariaux car l’entreprise est déterminée à rétablir son fonctionnement optimal dans les meilleurs délais. La phase de reprise est exigeante, avec des dettes s’élevant à près de 2 milliards de dirhams par an« , plaide la source.

Pour conclure: « Nous sommes profondément préoccupés par le sort de ceux qui pourraient être affectés par cette situation. L’impact social et sociétal de notre entreprise transcende son seul aspect économique. Je tiens à rappeler le passé de notre entreprise, qui a soutenu un nombre colossal d’employés pendant de nombreuses années« .

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