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L’Algérie, terrain fertile pour un coup d’Etat militaire ?

Avec la dangereuse cadence des coups d’états militaires qui frappent les pays africains depuis quelques années, une certitude commence à s’installer. Aucun pays de cette région n’est à l’abri de cette pulsion militaire qui reverse les pays affaiblis par une faible gouvernance et une corruption endémique. En ligne de mire de la plus part des observateurs, l’Algérie et son modèle militaire rongé par des luttes de clans, des paralysies, le fruit d’une coûteuse impuissance de gouvernement.

L’Algérie est un pays tout à fait qualifié pour vivre à son tour la fièvre d’un coup d’Etat militaire selon une logique de domino qui frappe cet espace africain. Même si le pays a toujours été dirigé par un régime militaire qui tente de présenter une façade civile, tous les ingrédients sont réunis pour qu’un clan exerce sa suprématie sur d’autres pour tenter par la voie de la force réécrire la physionomie du pouvoir à Alger.

Les raisons qui expliquent cette probabilité sont à trouver dans l’actuel vécu de la gouvernance algérienne. Sur le plan purement militaire, il y a manifestement de nombreux courants qui traversent l’armée l’algérienne. Entre ceux qui veulent renforcer les liens avec l’ancienne puissance coloniale, la France, et ceux qui veulent maintenir une intimité stratégique avec l’allié russe et ceux qui lorgnent du côté de l’administration américaine, la tension est palpable. Le déclenchement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie ainsi que les tentations de domination et de conquête des russes sur l’espace africain à travers le groupe paramilitaire Wagner sont autant d’éléments révélateurs de cette tension interne.

Le second facteur qui installe cette impression d’un prochain coup force en Algérie est à trouver dans la faillite économique totale du régime algérien. Malgré des richesses énergétiques, le citoyen algérien dont le rêve collectif est de tenter l’aventure de la migration, est acculé à subir une rareté inédite des produits de première nécessité. Ainsi dans ce pays qui se pense comme une puissance continentale, les longues queues pour se procurer un bidon d’huile ou un carton de lait incarne le flagrant échec de la politique économique du pays. Récemment, la polémique sur la carence de lentilles et de haricots blancs a magnifié aux yeux des algériens l’impuissance et l’incompétence de leurs élites dirigeantes.

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Un autre élément pourrait être annonciateur de ce coup d’état à venir. Il s’agit du raidissement de l’actuel régime qui ne trouve solution pour gérer les tensions internes que la prison ou l’exil. Ainsi depuis l’arrivée du président Abdelamjid Tebboune, les prisons ont été remplies de deux types d’algériens. Ceux, militaires  ou hommes d’affaires qui ne peuvent présenter une allégeance aveugle aux nouveaux maîtres. Et ceux parmi les journalistes et militants de droits de l’homme qui ose la moindre critique contre le régime algérien.

Cette politique de la prison facile et de la chasse à l’opposant régulière est devenue si fréquente et si synonyme de la pratique du pouvoir à Alger que le pays entier est devenu une prison à ciel ouvert.

Mais sans aucun doute, la raison déterminante qui pourrait accélérer ce coup d’état militaire à un lien avec les préparatifs d’un troisième mandat pour Abdelmajid Tebboune. Pour certains hauts gradés, Tebboune est une carte grillée, démagnétisée. Le maintenir coûte que coûte équivaut à jouer avec les chances de survie d’un système de prédation économique bien établi. Pour d’autres , le changer équivaut à un saut dans l’inconnue avec son cortège de règlements de comptes et de vengeances cycliques.

Tous les facteurs objectifs sont présents dans le cas algérien pour lui faire subir l’épidémie des coups d’état africains. Une pauvreté économique chronique malgré une richesse nationale. La seule répression politique érigée en mode de gouvernement. Une divergence au sommet de la hiérarchie militaires sur la nécessité de prolonger le mandat du président Tebboune. Le tout double avec in isolement et un discrédit international croissant comme vient de l’illustrer récemment le spectaculaire échec du pays à adhérer au groupe des BRICS. Autant de facteurs qui rendent la situation algérienne à la fois mûre et propice pour un coup d’état à la gabonaise à Alger.

L’année qui s’annonce est une année cruciale pour l’Algérie. Tebboune y joue son second mandat, L’armée algérienne sa cohérence, le peuple algérien son avenir et sa prospérité et la région entière sa stabilité.

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