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Le gouvernement ne veut pas «lutter contre le monopole et la spéculation»

L’Observatoire de l’action gouvernementale de l’association Hayat center a publié, cette semaine, un rapport sur l’inflation et la hausse des prix au Maroc. S’il rappelle le contexte international et son impact sur le contexte national, le document énumère les mesures mises en place par le gouvernement pour atténuer l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des citoyens.

Ainsi, le rapport explique comment le gouvernement est intervenu à trois niveaux. Ainsi, pour le soutien, il évoque notamment l’augmentation des dotations de la Caisse de compensation de 16 milliards de dirhams à 32 milliards de dirhams en 2022, dans le but de maintenir les prix du blé, du sucre et du gaz butane à leurs niveaux normaux, l’appui à l’ONEE avec 5 MMDH pour maintenir les prix et assurer la continuité de l’exercice de ses missions et le soutien aux professionnels du transport (4,236 MMDH).

Pour ce qui est de la polémique monétique, le rapport cite l’augmentation du taux directeur de Bank Al-Maghrib et l’achat de 15 milliards de dirhams de bons du Trésor sur le marché secondaire. Enfin, pour la fiscalité, il s’agit notamment de la suspension des droits d’importation imposés sur le blé tendre et ses dérivés, sur les graines oléagineuses et les huiles brutes et sur les bovins.

«L’absence de volonté de lutter contre le monopole et la spéculation»

Toutefois, dans le cadre de son suivi des différentes interventions gouvernementales en matière de gestion de la crise de l’inflation et de la hausse des prix, l’Observatoire a relevé plusieurs constats. Dans son rapport, il pointe «l’absence de vision du gouvernement en matière de traitement et de réforme des déséquilibres structurels dont souffrent la structure et le système d’approvisionnement des marchés marocains en divers produits et matériaux». Il regrette «l’absence de volonté du gouvernement de lutter contre le monopole et la spéculation, notamment en matière de denrées alimentaires» et «le refus du gouvernement de s’attaquer au problème du monopole dans le marché des hydrocarbures» alors qu’il ferme les yeux «sur les rapports officiels à cet égard, notamment le rapport du Conseil de la concurrence, qui a clairement souligné que le marché du carburant est soumis à un monopole».

Le document pointe aussi «l’absence de la vision prospective nécessaire pour anticiper la recherche de solutions aux crises et des atermoiements injustifiés pour trouver des solutions appropriées pour éviter l’exacerbation de la crise des prix élevés, notamment en ce qui concerne les denrées alimentaires liées au domaine agricole» et «l’absence de vision pour réformer les marchés de commercialisation des produits alimentaires, qui sont dans le chaos rentier». L’Observatoire critique aussi «la réticence du gouvernement à reformuler la carte agricole marocaine, en fonction des besoins de base des Marocains pour des cultures stratégiques, principalement liées aux céréales et plantes oléagineuses, alors qu’il s’accroche à la commercialisation de cultures destinées à l’exportation».

Le document évoque aussi une «faible orientation fiscale notamment pour le renforcement du pouvoir d’achat des citoyens», «l’absence de l’impulsion nécessaire en matière de contrôle et de suivi des marchés nationaux pour éviter les hausses injustifiées des prix, notamment des denrées de base» et «l’absence de dispositif institutionnel de contrôle du Conseil de la concurrence et la perturbation de ses missions du fait de l’absence de textes d’application encadrant son champ d’intervention et de travail». Et de fustiger «la faiblesse de la communication du gouvernement face à la crise et pour rassurer l’opinion publique nationale ainsi que le flou des explications fournies par le gouvernement et ses membres à cet égard».

Mettre fin aux «spéculations» et «marges rentières» des marchés de gros

L’Observatoire de l’action gouvernementale émet plusieurs recommandations. Ainsi, à court terme, le document recommande le «renforcement des mécanismes de contrôle et de suivi du mouvement des marchés nationaux et de l’évolution des prix des denrées alimentaires de base, en réorientant les ressources humaines vers les secteurs concernés» ainsi que «la suspension temporaire de la perception d’un certain nombre de taxes liées à la vente des denrées alimentaires de base, objet de la flambée des prix, principalement la taxe sur la valeur ajoutée, pendant la période de crise actuelle». Il propose aussi d’arrêter le système actuel des marchés de gros et «éviter aux consommateurs de payer des marges bénéficiaires rentières», d’activer «immédiatement les rôles de l’institution de contrôle de la concurrence et de l’application de la loi à l’égard du monopole exercé par les sociétés pétrolières», tout en accélérant la publication des décrets d’application de la loi sur le Conseil de la concurrence.

A moyen terme, l’Observatoire de l’action gouvernementale appelle à la mise en place d’un «système de commercialisation des denrées alimentaires, avec des voies claires, à travers la création d’une institution nationale qui permettra aux producteurs et aux consommateurs d’avoir une offre répondant à la demande réelle sans entrer dans une série de spéculations et de marges rentières». Il suggère aussi de réformer le système juridique des marchés de gros, qui remonte à 1962, avec des normes modernes et des cahiers de charge clairs, qui éliminent toute possibilité de maintien des rentes qui constituent le système actuel».

Le document plaide enfin pour l’accélération de la transition énergétique vers les énergies renouvelables et exploiter les potentiels disponibles au Maroc, «afin de réduire la dépendance et réduire la facture énergétique».


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