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Le second mandat de Tebboune aura-t-il lieu?

La très officielle agence de presse algérienne APS vient de commettre une bévue dont elle a aujourd’hui la marque de fabrique. Une violente diatribe contre tous eux qui doutent que les prochaines élections présidentielles puissent avoir lieu et que le président Abdelamjid Tebboune puisse servir pour un second mandat. Au delà de la forme d’expression « sanguine » de cette dépêche avec une diatribe indigne d’une agence institutionnelle, la réalité de ces futures élections est sérieusement mise en doute.

Avant cette mise au point inédite dans sa forme et son contenu, le scénario qui circulait déjà sous le manteau en Algérie était celui d’un possible report de ces élections présidentielles et par conséquent la recherche d’un cadre institutionnel pour assurer la prolongation du premier mandat de Abdelamjid Tebboune.

Et cette donnée, ce ne sont ni l’opposition algérienne à l’étranger ni les journalistes youtubeurs critiques à l’encontre du régime algérien qui l’ont inventée. Le scénario est sorti des cénacles de l’institution militaire algérienne dont certains paravents, comme Abdelakader Bengrina, Abderazak Makri, et Louisa Hanoune, ont tenu à diffuser des allusions au scénario sénégalais pour éventuellement préparer l’opinion algérienne à cette hypothèse.

Et même si l’agence officielle algérienne confirme, à sa manière éruptive, la tenue de ces élections présidentielles, rien n’indique que les conditions sont réunies pour les tenir dans des conditions minimales. Sauf à organiser un referendum truqué à l’avance pour octroyer de force un second mandat à Tebboune, le régime algérien, lourdement contesté en interne, est dans l’impossibilité actuelle d’organiser ces élections.

Plusieurs raisons expliquent cette incapacité algérienne à organiser la moindre élection aujourd’hui, encore moins la présidentielle où la focalisation est portée à son extrême sur une homme et son bilan.

Le bilan de Tebboune est à tous égards catastrophique pour les Algériens. Une dégradation économique qui transforme la vie de millions d’Algériens en enfer quotidien à la recherche des produits d’alimentation de première nécessité. Un verrouillage des libertés publiques d’une rare violence qui rappelle les modèles de gouvernance les plus hermétiques comme la Corée du Nord où un simple post sur les réseaux sociaux peut valoir arrestation et prison. Une peur bleue des manifestations publiques avec la crainte que des sortie des Algériens dans la rue, même pour défendre des causes éloignées des préoccupations domestiques, puissent se transformer en protestations violentes contre le régime.

Et quand on rajoute à ces facteurs le terrible isolement régionale et internationale du régime algérien qui en est à compter ses alliés et ses soutiens sur le doigts d’une seule main, le tableau est complet pour un pays atteint d’une paralyse totale, ni capable d’avancer, ni capable de reculer.

L’hypothèse de reporter ces présidentielles algériennes est justement destinée à gérer cette séquence où rien ne doit bouger sous peine que le système basé sur des fondations artificielles ne  s’effondre et fasse rentrer le pays dans une période qui rappelle les années de plombs et de la guerre civile.

Ironie de cette inquiétante histoire algérienne, le régime militaire d’Alger est dans l’incapacité même d’organiser un simulacre d’élections pour vendre au monde l’idée d’une normalité forcée. Pour cela il aurai fallu trouver des candidats suffisamment crédibles pour jouer le jeu de la concurrence factice, organiser des meetings électoraux avec le risque de regroupements populaires incontrôlés et mener une campagne et un débat avec les Algériens.

Le mandat de Tebboune qui s’apparente à un faux cinquième de Bouteflika contre lequel les Algériens étaient sortis dans la rue dans le cadre du Hirak algérien, arrive au terme de ses contradictions.

Dans quelques courts mois, l’heure de vérité pour ce régime prédateur en interne, pyromane en externe va sonner. La grande angoisse de son voisinage maghrébin, méditerranéen et sahélien est que pour sortir de cette impasse, la tentation est grande pour ce régime de se livrer à des stratégies de provocations et de guerre qui plongeront l’ensemble de la région dans le chaos et l’instabilité, avec l’objectif cardinal de se maintenir au pouvoir sans être obligé de passer pas la case élections.

Cette hypothèse est scrutée avec des angoisses de plus en plus grandes par les plupart des capitales qui suivent les évolutions de la situation algérienne. Pour ces pays, l’Algérie de Abdelamjid Tebboune n’est rien d’autre qu’une bombe à retardement qui peut exploser à n’importe quel moment et dont l’échéance présidentielle est un grand marqueur de chaos.

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