ActualiteHespress

Le séisme d’Al Haouz, un défi relevé avec succès

La nuit du 8 septembre dernier, une secousse sismique d’une magnitude 7 sur l’échelle de Richter a ébranlé le Maroc, plongeant la région d’Al Haouz dans les affres d’une tragédie humaine d’une ampleur inédite. Cependant, le Royaume a une fois de plus fait preuve de résilience en réagissant rapidement et efficacement pour faire face à ce défi.

En effet, ce cataclysme a laissé son empreinte dévastatrice, tant humaine que matérielle, sur pas moins de 163 communes, englobant ainsi près des deux tiers de toutes les municipalités situées dans les zones impactées par le séisme. Les ravages se sont étendus à quelque 2.930 douars, représentant environ un tiers de la totalité des hameaux touchés. Le nombre effarant de 2,8 millions de personnes affectées par cette catastrophe, a été avancé. Le décompte des logements effondrés en raison du séisme dépasse révèle le chiffre de 59.000 bâtiments détruits, dont environ 20.000 réduits à néant.

Au lendemain de cette tragédie, le Roi Mohammed VI, accompagné du prince héritier Moulay El Hassan, a présidé une séance de travail visant à évaluer la situation découlant de cette secousse sismique dévastatrice. Dans un élan de sollicitude et de leadership, le Souverain a donné des instructions très claires pour accélérer les opérations de secours sur le terrain et mettre en place de toute urgence une commission interministérielle dédiée au déploiement d’un programme d’urgence visant la réhabilitation et l’aide à la reconstruction des habitations détruites dans les zones sinistrées, dans les délais les plus brefs.

Le Roi a également émis des directives pour prendre en charge les personnes en détresse, en mettant l’accent sur les orphelins et les individus vulnérables. Il a souligné l’impératif d’assurer immédiatement l’hébergement, la nourriture et tous les besoins essentiels des personnes se retrouvant sans abri à la suite du séisme. Le Souverain a aussi lancé un appel vibrant à l’implication des acteurs économiques pour favoriser une reprise rapide des activités dans les zones affectées.

De plus, le Roi a appelé à l’ouverture d’un compte spécial auprès du Trésor et de Bank Al Maghrib afin de recueillir les contributions volontaires de solidarité des citoyens et des entités privées et publiques. Il a également exhorté la Fondation Mohammed V pour la solidarité, dans toutes ses dimensions, à se mobiliser pleinement pour apporter un soutien et un accompagnement indispensables aux citoyens des zones touchées.

Les Marocains, quant à eux, ont manifesté un élan de solidarité, transcendant toutes les attentes. Un flot impressionnant de contributions financières, de dons de sang et d’efforts déployés sur le terrain a afflué pour venir en aide aux habitants des régions frappées par le séisme dévastateur. Les citoyens du Royaume entier se sont tous impliqués de manière remarquable, unissant leurs forces de près ou de loin pour soulager les peines de cette population vulnérable.

Ainsi, grâce aux mesures d’urgence qui ont été prises dès les premiers instants suivant le tremblement de terre, comprenant l’intervention des Forces Armées Royales, des autorités locales, des services de sécurité, la mise en place du Fonds spécial 126 et la mise en œuvre d’un programme de reconstruction, le Maroc a relevé avec succès ce défi, témoignant d’une remarquable résilience économique.

© Mounir Mehimdate

Sollicité par Hespress FR à cet égard, l’économiste Badr Zaher Al Azrak a noté qu’il faut examiner pragmatiquement l’incidence de cette catastrophe sur l’économie nationale dans son ensemble. Elle est en effet survenue dans un contexte complexe alors que le pays traverse plusieurs crises, que ce soit liées à la sécheresse ou aux inflations des prix à l’échelle internationale. 

Cette secousse est intervenue au moment où l’on espérait sortir de ces crises, anticipant une année favorable en accord avec les études prospectives des institutions financières internationales. Ces études suggéraient que la fin de l’année 2023 marquerait le début ou la résolution de la crise inflationniste. En d’autres termes, bien que des signes d’amélioration se dessinaient, le séisme au Maroc peut être considéré comme une perturbation et un revers, influençant quelque peu le paysage économique”, a-t-il expliqué.

Selon l’expert, les attentes étaient nombreuses quant à l’impact potentiel sur les projections de croissance du Maroc, avec la possibilité de perturber les équilibres budgétaires de l’État et d’aggraver le déficit. Néanmoins, l’observation attentive de la manière dont le Royaume a géré cette tragédie révèle une approche avisée. 

Sa gestion a permis d’atténuer le choc, de sortir de l’impasse, et de maintenir une stabilité économique et budgétaire majeure. En tête des facteurs déterminants, le sentiment de solidarité a joué un rôle crucial. Je suis convaincu que l’expérience acquise lors de la gestion de la crise liée à la COVID-19 au Maroc a grandement contribué à faire face à la crise découlant du séisme d’Al Haouz. Au tout début de cette tragédie, la mise en place d’un fonds de solidarité a été initiée, reproduisant ainsi le modèle établi pendant la période de la pandémie”, indique notre interlocuteur.

Il rappelle que les citoyens marocains et plusieurs entreprises ont généreusement contribué par des dons substantiels. Par conséquent, le gouvernement a pu bénéficier d’une disponibilité financière immédiate, lui permettant d’effectuer des injections directes sans avoir recours à des crédits, en utilisant également les crédits budgétaires restants pour cette année. 

Cette situation, poursuit l’économiste, a accordé une marge de manœuvre financière, permettant l’acquisition d’aides, la mobilisation vers ces régions, et le lancement des premiers versements d’aide destinés aux catégories spécifiques de soutien dans ces zones, que ce soit pour les familles défavorisées ou pour appuyer les efforts de reconstruction.

« Pour le projet de loi de finances 2024, la reconstruction n’était pas initialement envisagée, mais après le séisme, elle est devenue une priorité. Cette nouvelle priorité ajoute un fardeau financier au budget de l’État, confrontant le gouvernement à un dilemme : abandonner une priorité au profit de la reconstruction ou maintenir la reconstruction tout en cherchant l’équilibre financier pour l’année suivante« , met-il en avant.

Badr Zaher Al Azrak signale ainsi que les multiples priorités, de la ressource en eau à la promotion de l’investissement et à la finalisation des grands projets, incluant la reconstruction, sont toutes cruciales pour le Maroc. Malgré des projections de déficit acceptables, le processus de reconstruction jusqu’en 2025, avec ses coûts en milliards de dirhams, représente un engagement gouvernemental préservant les grands équilibres financiers.

D’une part, la reconstruction offre une nouvelle identité économique à la région, susceptible d’attirer un soutien extérieur pour le Maroc, comme l’ont montré les assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale à Marrakech avec l’engagement de plusieurs institutions financières internationales. Cette initiative pourrait soulager le budget de l’État, a estimé l’expert.

De même, le Maroc deviendra un chantier ouvert, accueillant des événements majeurs comme la Coupe du Monde. Cependant, il est crucial de noter que le projet de réaménagement concerne de nombreuses villes, installations et infrastructures. Ainsi, la reconstruction de cette région pourrait être résolue à temps, servant de modèle pour les régions montagneuses et autrefois marginalisées, conclut notre intervenant.

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page