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les salaires du public poussent de plus en plus vers la précarité 

Les travailleurs tunisiens font actuellement face à une aggravation de la pauvreté, avec des salaires moyens mensuels de seulement 450 dollars pour environ 670 000 employés du secteur public, selon les données officielles de l’Institut gouvernemental des statistiques.  

Ces travailleurs allouent 40 % de leurs revenus à la nourriture et au transport en raison des coûts élevés et des salaires modestes. Une étude de l’Institut de la statistique révèle que les hausses salariales entre 2015 et 2022 se situent à 471 dinars, soit environ 150 dollars. 

 Cependant, ces augmentations n’ont pas amélioré les conditions de vie en raison de l’inflation et de la hausse des prix des denrées alimentaires et des services. Les données de l’Institut mettent en évidence la pauvreté croissante de ces travailleurs en raison de salaires inadaptés au coût de la vie, les poussant à chercher des revenus supplémentaires dans l’économie informelle. L’Institut souligne que le salaire de 450 dollars ne couvre que les besoins de base, laissant les familles lutter pour l’éducation, le loyer et les remboursements de prêts 

Assurer une vie décente pour une famille tunisienne de quatre personnes nécessite un minimum de 2 400 dinars, soit l’équivalent de 800 dollars, selon une étude réalisée en mars 2021 par l’organisation International Alert Tunisie, l’Institut d’études économiques et sociales et la Fondation Friedrich Ebert (Afrique du Nord et Moyen-Orient – Bureau Tunisie). En septembre 2022, le gouvernement tunisien et l’Union générale du travail avaient pourtant conclu un accord visant à augmenter les salaires du secteur public de 3,5 %. 

Les salaires en Tunisie sont parmi les plus bas de la région, explique-t-on, contribuant ainsi à une pauvreté multidimensionnelle touchant 30 % de la population. La baisse continue des salaires alimente l’économie informelle et fragilise la société. La faiblesse des salaires impacte le modèle social tunisien, entravant le mariage et la fondation de familles, avec 36 % des salariés non mariés selon l’Institut de la statistique.  

Malgré les pressions budgétaires, le gouvernement maintient sa politique de contrôle des salaires, suscitant les demandes syndicales pour de nouvelles négociations et menaçant d’escalade en l’absence de dialogue sur l’amélioration des conditions de vie pour les travailleurs du secteur public. 

Dans un communiqué diffusé à la suite d’une réunion de son organe administratif jeudi dernier, le principal syndicat en Tunisie a condamné ce qu’il qualifie de « violation du droit syndical par le pouvoir exécutif et de rejet de la politique de dialogue social, sapant la négociation collective en ne mettant pas en œuvre les accords conclus ». Le syndicat a appelé à la « reprise immédiate des négociations dans la fonction publique et le secteur public, ainsi qu’à la mise en œuvre urgente des accords conclus, notamment l’augmentation du salaire minimum et la tenue d’une séance d’évaluation basée sur les indicateurs d’inflation, la dépréciation du dinar, et d’autres indicateurs ». 

Le syndicat a exprimé la « disponibilité de toutes les structures syndicales à mener des mouvements de lutte sectoriels, régionaux et nationaux pour défendre le droit syndical et le droit de négociation ». Ces revendications syndicales renouvelées interviennent plus d’un an après la signature d’un accord salarial couvrant les années 2023, 2024 et 2025. En septembre 2022, le gouvernement tunisien et l’Union générale du travail (UGT) ont conclu un accord visant à augmenter les salaires du secteur public de 3,5 %.  

Bien que le gouvernement ait espéré convaincre le syndicat de geler les négociations pour les trois prochaines années afin de maîtriser le paquet salarial et de le ramener à environ 12 % du produit intérieur brut (PIB), l’UGT a souligné que la réalité de la vie des salariés exigeait un retour immédiat aux négociations sur de nouvelles augmentations salariales.  

Le syndicat a évoqué la hausse continue des prix, le coût de la vie, élevé et le déclin des services sociaux tels que l’éducation, la santé et le transport. Il reproche en outre aux autorités tunisiennes d’adopter « une politique économique floue et le contrôle d’une vision basée sur une double rhétorique, dont le visage apparent est la promotion des revendications populaires et sa réalité la négligence des acquis sociaux et nationaux, tels que le soutien, l’opinion publique, les institutions et établissements publics, conformément aux recommandations des milieux financiers internationaux ». 

En parallèle, selon le projet de loi de finances (PLF) pour l’exercice prochain, le gouvernement poursuit sa politique de pression sur la masse salariale en supprimant les emplois, en plafonnant annuellement les taux de progression de carrière, en plus de réduire le nombre d’heures supplémentaires non rémunérées. Le projet de budget prévoit une allocation de 23,7 milliards de dinars pour le paiement des salaires des salariés, soit 13,5 % du PIB, contre 14,4 % en 2023 et 14,7 % en 2022. 

Le PLF 2024 prévoit, d’une part, l’activation de la deuxième tranche du programme d’augmentation des salaires dans le secteur public à partir de janvier 2024, et d’autre part, de nouvelles mesures visant à réduire davantage la masse salariale, notamment en limitant l’emploi aux besoins confirmés et prioritaires, sans rémunération. 

Cependant, le syndicat estime que la loi de finances soumise à l’approbation est « étroite d’esprit et ne permet aucune politique participative qui pousse à une vision nationale unifiée pour sauver la situation économique et sociale du pays ». Il tient l’autorité entièrement responsable des effets de cette loi et de ses répercussions sociales. 

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