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Près de 80 % des élèves peinent en mathématiques et en compréhension de l’écrit (PP)

Les évaluations récentes de TIMSS-2019 et PIRLS-2021 soulignent les faibles performances du Maroc dans les tests internationaux et le nombre important d’élèves considérés comme « peu performants » et à risque.

Ces proportions dépassent 50 % chez les écoliers en lecture, mathématiques et sciences, et atteignent près de 70 % chez les lycéens en sciences, ainsi que trois quarts en compréhension de l’écrit et en mathématiques, selon les résultats de PISA-2018.

Dans un récent document de politique intitulé « TaRL Maroc : des débuts prometteurs pour un soutien scolaire innovant« , les économistes du Policy Center for the New South (PCNS), Aomar Ibourk, Karim El Aynaoui et Tyaen Ghazi, ont examiné les défis auxquels est confronté le système éducatif marocain en matière de qualité des apprentissages.

Dans un Policy Paper, les experts soulignent les disparités socioéconomiques et territoriales engendrées par ce phénomène. Par exemple, selon PISA-2018, 86 % des élèves en milieu rural sont considérés comme « peu performants » en compréhension de l’écrit, contre 66 % dans les zones urbaines.

Des différences importantes sont également observées entre les secteurs public et privé, le secteur public présentant des pourcentages nettement plus élevés d’élèves « peu performants« . De plus, il y a un écart de 10 points de pourcentage en faveur des filles par rapport aux garçons. Les écarts socio-économiques sont également remarquables, avec un pourcentage de « peu performants » d’environ 55 % chez les élèves du quartile le plus aisé, contre 87 % chez les élèves du quartile le plus démuni.

Face à ces défis, le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports a annoncé une réforme axée sur deux piliers principaux : la remédiation des lacunes d’apprentissage et une réforme en profondeur du système éducatif.

Ainsi, les économistes proposent de contribuer, à travers leur Policy Paper à la maximisation des retombées de cette réforme en effectuant un état des lieux des apprentissages des écoliers marocains et en examinant les premières pratiques de remédiation. Ils soulignent l’importance de certaines mesures de la feuille de route de 2022-2026 pour instaurer un nouveau modèle de gestion de la réforme de l’éducation.

Les résultats des évaluations internationales montrent que les performances des élèves marocains en mathématiques, en sciences et en langue ont connu une légère amélioration par rapport à 2011, mais restent bien inférieures aux scores moyens mondiaux. Les économistes soulignent également le poids considérable des élèves « peu performants » qui représente un défi majeur.

Pour améliorer les résultats, les trois économistes recommandent la mise en place de programmes de formation pour le personnel impliqué dans les cours de remédiation, afin de les sensibiliser aux stratégies d’enseignement fondées sur des preuves. Ils mettent également en avant l’importance du soutien continu aux enseignants et au personnel impliqués dans l’éducation corrective, notamment par le biais de programmes de mentorat, d’évaluations par les pairs et d’accès à des opportunités de développement professionnel.

Ils soutiennent aussi qu’il est essentiel de garantir que les enseignants disposent des outils et des connaissances nécessaires pour réussir, afin d’améliorer l’efficacité de l’éducation de remédiation et, en fin de compte, les résultats des élèves. Les économistes recommandent également d’accorder aux enseignants au moins une semaine de formation continue par an, aboutissant à un certificat pris en compte pour les promotions. Ils proposent également de renforcer le rôle de l’organisme d’inspection dans la formation initiale et continue des enseignants, en offrant un accompagnement et une intervention plus étroite.

En conclusion, le document met en évidence les défis majeurs auxquels est confronté le système éducatif marocain en termes de qualité des apprentissages. Il souligne la nécessité de remédier aux lacunes d’apprentissage, de soutenir les enseignants et de mettre en œuvre une réforme approfondie du système éducatif pour améliorer les résultats des élèves. L’objectif est de maximiser les retombées positives de la réforme et de créer un nouveau modèle de gestion de l’éducation au Maroc.

Approche TaRL

Sur le plan pratique, un projet pilote a été déployé, du 6 au 30 septembre 2022, au profit de
12.000 bénéficiaires dans 250 établissements scolaires.

Ainsi, des mentors ont été sélectionnés dans 250 écoles représentant des zones urbaines, suburbaines et rurales. Ils ont reçu une formation et se sont entraînés à mettre en œuvre le dispositif de soutien pendant 15 jours. Ensuite, des évaluations diagnostiques au profit des élèves ont été entamées pour mieux répertorier leurs points forts et leurs points faibles, en vue d’une année scolaire réussie.

À la suite des évaluations diagnostiques, les élèves ont été répartis dans des groupes homogènes
-selon l’importance des difficultés rencontrées-, et la méthode TARL (Teaching at the Right Level) a été appliquée, pendant trois semaines, à 50 % des élèves présentant le plus de lacunes.

L’approche TARL repose sur une stratégie de regroupement des enfants selon leur niveau de compétences, plutôt que leur classe d’appartenance. Cette approche éducative innovante vise à offrir un accompagnement personnalisé à chaque enfant, en lui fournissant des activités et des ressources adaptées à son niveau de compétences, dans le but de l’aider à progresser vers le niveau supérieur.

Le fondement théorique de cette approche repose sur les «activités combinées pour un apprentissage maximisé», une méthode pédagogique développée pour renforcer les compétences de base des enfants en lecture et en mathématiques. Les activités combinées sont conçues pour favoriser l’apprentissage en stimulant le développement de différentes compétences, telles que la lecture, l’écriture, l’écoute, l’expression orale et la pratique. Cette méthode pédagogique structurée est introduite progressivement, permettant aux enfants de passer de l’apprentissage du simple au complexe et du concret à l’abstrait, afin de faciliter leur apprentissage.

Ainsi, en adoptant l’approche TARL, chaque enfant peut bénéficier d’un encadrement personnalisé, adapté à son niveau de compétences, et lui permettant de progresser de manière efficace vers le niveau supérieur. Cette approche éducative novatrice offre également des avantages non négligeables pour les enseignants, qui peuvent mieux cibler les besoins spécifiques de chaque enfant, ainsi que pour les parents, qui peuvent suivre de manière plus précise les progrès de leurs enfants.

Au terme des trois semaines de remédiation selon la méthode TARL, lors de la première opération pilote menée dans une école à Tamesna (près de Rabat), des progrès ont été constatés. Le niveau de maitrise de la soustraction est passé de 10 % à 61 %, et de 23 % à 54 % pour la lecture en arabe, pour les élèves de 4e année du primaire. Ce taux est passé de 5 % à 20 % en français pour les élèves de 5e année du primaire. Ceci est synonyme d’une réduction de 35 % à 3 % de l’écart de performance en soustraction par rapport au groupe de témoin (les 50 % les plus performants), de 54 % à 33 % en arabe et de 51 % à 36 % en français (dans chacun des niveaux respectifs).

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