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Quand la France veut bouger les cases en autorisant l’investissement au Sahara

Il semblerait que les institutions françaises de développement et d’investissement soient à présent autorisées à financer et investir dans des projets au Sahara, notamment dans les régions de Laâyoune et de Dakhla. Cette démarche confirme ce qu’avait annoncé quelques semaines plus tôt le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, lors de son premier déplacement à Rabat.

L’information de l’autorisation officielle des autorités françaises à investir dans les provinces du sud a été distillée dans les médias, notamment par Le Desk qui a révélé l’information. Mais cette donnée était prévisible puisque le nouveau ministre français des Affaires étrangères l’avait annoncé en marge de sa visite au Maroc qui devait marquer le début d’une réconciliation entre la France et le Maroc après des épisodes très tendus.

Plusieurs éléments ont contribué à montrer le réchauffement des relations entre Paris et Rabat et l’un des signaux les plus significatifs a été le déplacement à Paris des princesses Lalla Hasna, Lalla Meryem et Lalla Asmae à l’invitation par le Première dame, Brigitte Macron.

Mais si la visite de Stéphane Séjourné a marqué un réchauffement officiel, il reste que Paris ne reconnait toujours pas pleinement la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Avec cette annonce distillée dans la presse, il semblerait que la France avance à petit pas prudents.

Le Maroc attend pour sa part des gestes significatifs depuis la demande formulée à son partenaire historique de reconnaitre le Sahara marocain comme l’ont fait avant les Etats-Unis, l’Espagne, ou encore d’autres pays.

D’autres éléments portent à croire que l’annonce officielle de ce changement opéré au niveau des autorisations d’investissement se fera avec l’arrivée du ministre délégué chargé du Commerce extérieur de l’attractivité, de la Francophonie et des Français de l’étranger, Franck Riester, attendu au Maroc entre autres pour le renouvellement de la Concession de Service Public de Business France et la signature d’une convention entre BPIFrance et Tamwilcom.

En tous les cas, la France semble se décider enfin à bouger ses cases et sortir de la zone grise au lieu de garder son approche d’équilibriste entre Rabat et Alger. Sa tentative de rapprochement avec le régime algérien n’aura pas donné ses fruits et entre temps, d’autres pays ont damné le pion à Paris sur le volet économique à Rabat.

De plus, la récente initiative royale Atlantique qui doit désenclaver plusieurs pays du Sahel a été un nouveau coup stratégique qui dévoile la nécessité pour la France de soigner son alliance avec le Maroc.

« Il y a entre la France et le Maroc un lien exceptionnel et le président (Emmanuel Macron) veut que ce lien reste unique et qu’il s’approfondisse encore dans les prochains mois », avait déclaré le ministre français des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse commune avec son homologue Nasser Bourita depuis Rabat.

A cette occasion, Séjourné a été chargé de passer des messages rassurant envers le Maroc, notamment en exprimant le « soutien clair et constant » de Paris au plan marocain pour le Sahara et la promesse d’un investissement personnel pour écrire « un nouveau chapitre » dans les relations bilatérales.

Sur le dossier du Sahara, Paris a dit vouloir « avancer » en ayant conscience de l’enjeu « existentiel » de ce sujet pour le Maroc. Séjourné a par ailleurs reconnu que le Maroc a beaucoup investi dans les projets de développement au Sahara « au bénéfice des populations locales », soulignant le volet de la formation, des énergies renouvelables, du tourisme, de économie bleue, entre autres.

C’est à cette occasion qu’il a annoncé que la France comptait « accompagner le développement » du Sahara « en appui des efforts marocains », selon les termes du ministre. Paris semble vouloir reconnaitre la souveraineté du Maroc sur son Sahara par étapes, en commençant par des projets légaux des institutions françaises dans les provinces du sud, avant de passer à une étape supérieure.

Cette initiative intervient dans un contexte marqué par une décision attendue de la justice européenne concernant la légalité des accords commerciaux et de pêche signés par la Commission européenne et le Maroc.

Par ailleurs, cette volonté d’investir au Sahara semble être la porte d’entrée vers une reprise de la place de premier partenaire commercial autrefois occupé par la France. En effet, Paris a pu le voir avec l’Espagne qui a su tirer profit de son changement de position, l’Allemagne qui bouge avec ses agences de coopération internationales ou encore des Etats-Unis devenus le premier investisseur au Maroc.

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