ActualiteHespress

Quand le couffin brave les prix pour les préparatifs de Ramadan 

À l’approche du mois sacré du Ramadan au Maroc, l’attention se tourne traditionnellement vers le couffin de la ménagère et l’ensemble de denrées alimentaires essentielles pour les familles pendant cette période de jeûne et de partage.  

Dans un monde en proie à d’incessantes fluctuations économiques, la quête de prévisibilité semble être le Graal des marchés. Les indices de prix, tels que ceux établis par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sont devenus des balises dans la brume des transactions internationales. Ainsi, l’indice FAO des prix des produits alimentaires, d’une importance capitale, s’est érigé en baromètre de nos assiettes, de nos champs et de nos économies. 

Le couffin – symbole par excellence de la prévoyance familiale – devient alors l’objet de toutes les attentions, et son contenu, un baromètre des temps à venir. À quelques de jours du début du Ramadan, la danse des étiquettes commence. On assiste, souvent avec une pointe d’ironie, à une fluctuation des prix qui s’apparente à une mélodie traditionnelle. Les produits de première nécessité, tels que les fruits, les légumes, les viandes et les céréales…, commencent à jouer une partition bien rodée, celle de l’ascension graduelle – au grand dam des ménagères, qui voient leurs couffins et leurs bourses menacés par une inflation saisonnière. 

Dans cette période pré-Ramadan, les marchés marocains sont fréquemment témoins d’une augmentation de l’activité commerciale, avec une demande accrue de produits alimentaires de base tels que le blé, l’huile, le sucre, les dattes et autres ingrédients essentiels à la préparation des repas de rupture du jeûne, ou « ftour ».  Au Maroc, le contexte économique mondial a son empreinte sur le quotidien des ménages, notamment à l’approche du mois sacré du Ramadan. L’inflation, qui navigue autour de 8% en rythme annuel, pèse lourdement sur le panier de la ménagère. 

En janvier 2024, par exemple, la hausse des prix à la consommation s’est accélérée à 8,9% sur un an, principalement à cause d’une flambée des prix alimentaires de 16,8%. Cette situation est exacerbée par plusieurs facteurs, dont le conflit ukrainien qui impacte le coût des carburants et le transport des marchandises. Les prix des légumes et des fruits ont connu des hausses significatives, affectant directement le pouvoir d’achat des citoyens. Par exemple, le prix des pommes de terre et des tomates, qui peuvent varier de jour en jour, témoigne de cette instabilité des prix sur les marchés locaux. 

En plus de l’inflation et des fluctuations de prix, le Maroc a été frappé par la pire sécheresse depuis 40 ans, ce qui a poussé certains agriculteurs à renoncer à cultiver leurs terres. Les coûts élevés des semences et des engrais, dont l’Ukraine et la Russie étaient de gros fournisseurs, pèsent également sur le secteur agricole marocain. 

Le gouvernement marocain a tenté d’atténuer les effets de l’inflation en octroyant des subventions sur certains produits de première nécessité et en fournissant des aides sur les carburants pour les professionnels du transport. Cependant, les ménages modestes et vulnérables continuent de souffrir le plus de l’impact de la poussée inflationniste des prix alimentaires, malgré ces mesures. L’indice FAO des prix des produits alimentaires global a baissé en janvier 2024 par rapport à l’année précédente, mais cette baisse ne reflète pas nécessairement la réalité sur le terrain au Maroc où les prix locaux des produits alimentaires peuvent ne pas suivre les tendances internationales. 

Face à cette situation, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) marocain recommande une réforme des circuits de commercialisation des produits agricoles pour lutter contre la spéculation et réduire l’intermédiation excessive qui affecte les prix. La surveillance étroite des marchés et des prix est donc essentielle. En somme, le Maroc, comme beaucoup de pays, doit naviguer dans un environnement économique mondial incertain, tout en gérant des défis internes qui rendent la tâche encore plus ardue pour ses citoyens et son économie.

Parfois, on observe une hausse des prix qui peut sembler relever de l’absurde, mais qui n’est, en réalité, que le reflet d’un marché répondant à la loi implacable de l’offre et de la demande. Les autorités, bien conscientes de cette symphonie saisonnière, tentent occasionnellement de jouer les chefs d’orchestre, en régulant les prix ou en subventionnant certains produits. Mais la mélodie du marché a ses propres caprices et continue souvent de chanter selon son propre tempo. 

Il est à noter que le couffin, dans toute sa splendeur, n’est pas seulement rempli de nourriture. Non, c’est un panier de nécessités et d’espérances, une cornucopié qui contient le pain de demain, mais aussi les aspirations pour un mois placé sous le signe de la spiritualité et du partage. Et alors que le soleil se couche sur les marchés animés du Maroc, le couffin se remplit peu à peu, et avec lui, l’espoir que, malgré les prix qui jouent les montagnes russes, le Ramadan sera, comme toujours, une période de profonde spiritualité, de communion et, oui, de délices culinaires partagés avec générosité et amour. 

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page