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Quand un gang britannique voulait kidnapper le sultan Mohammed Ben Youssef

En 1953, une bande criminelle britannique avait tellement de grandes ambitions que ses membres s’étaient aventurés dans une opération extra-frontalière. Ils voulaient en effet réaliser l’un des enlèvements les plus audacieux de l’histoire moderne qui, s’il avait été mené à bien, aurait chamboulé le Protectorat français. A l’instar des films d’actions et d’espionnage, ils envisageaient de naviguer jusqu’à Madagascar et d’enlever le sultan Mohammed Ben Youssef. Ce plan, une fois parfaitement exécuté, aurait permis à l’organisation de gagner près de 250 000 livres.

Dirigé par Eddie Chapman, un espion anglais de guerre et Billy Hill, un criminel spécialisé dans la contrebande et la violence extrême, le gang a navigué de l’Angleterre jusqu’à Tanger à bord d’un navire portant le nom de Flamingo pour amorcer la première étape de son plan bien rodé.

Billy Hill (g) et Eddie Chapman. / Photomontage

D’après un article publié par le journal australien The Sun-Herald le 10 octobre 1954, et un autre publié par le journal écossais The Sunday Mail, le gang avait choisi Tanger du fait que la ville jouissait du statut de zone internationale. Cette première étape avait permis à la bande de prendre contact avec deux principaux membres du mouvement nationaliste panarabe.

Un plan parrainé par un leader arabe

Conçu par les deux criminels qui dirigeaient la bande, l’ambitieux plan consistait à naviguer vers Madagascar après avoir armé leur navire, s’attaquer au quartier général de la police avec l’aide de 12 hommes arabes armés pour faire diversion, tandis que Chapman kidnapperait le sultan chérifien.

Cette stratégie de kidnapping était le fruit d’une collaboration entre la bande britannique et un leader arabe qui ambitionnait d’aider le monarque marocain à rejoindre son peuple et chasser les forces françaises. Par conséquent, après avoir récupéré le sultan de sa maison d’exil, un haut chef égyptien de la ligue arabe «volerait à Tanger pour guider le Flamingo après l’enlèvement», poursuit The Sun-Herald.

L’Égypte devait mobiliser ensuite un hydravion pour récupérer le futur Mohammed V et le ramener vers l’Egypte puis au Maroc, où il aurait été chargé de diriger le mouvement nationaliste panarabe et de mettre fin au Protectorat français.

Une page du journal écossais The Sunday Mail. / Ph. DRUne page du journal écossais The Sunday Mail. / Ph. DR

Interpol à l’origine de l’échec de la tentative de kidnapping

En suivant le plan et en se préparant à l’enlèvement, le Flamingo était parvenu à réaliser un trafic avec des «cigarettes de contrebande». Montant du profit : 18 000 livres. Au cours du mois de juin 1953, les autorités françaises réussissent à démasquer le plan de la bande britannique. L’équipage du Flamingo quitte donc Tanger pour Savona, une petite ville italienne où les membres de la bande étaient restés pour éviter le soupçon. Le journal indique aussi que leur navire avait même été surveillé par Interpol.

Grâce à la police internationale, les autorités coloniales ont réussi à mettre la main sur les casiers judiciaires de Hill et Chapman et de tous les autres membres de l’équipage du Flamingo. Le plan du gang britannique avait été découvert alors que les autorités soupçonnaient déjà que le navire transporterait des pistolets.

Au cours du chemin de l’Italie vers la Corse, l’île méditerranéenne appartenant à la France, Chapman devait retourner d’urgence en Angleterre pour rendre visite à sa femme qui venait de donner naissance à un enfant. Pour sa part, Billy Hill s’était aussi dirigé vers Londres avant que les autorités françaises n’arrêtent et ne saisissent le navire.


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