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Le Maroc, nouveau carrefour des investissements multinationaux (Analyse)

Par Yassine Chraibi

Le Royaume du Maroc se distingue de plus en plus comme un hub d’investissement privilégié pour les multinationales, attirées par sa stabilité économique et politique. Dans une évolution significative, Mitsubishi, le géant industriel japonais, envisage de transférer sa production de la Tunisie vers le Maroc, une décision qui pourrait redéfinir l’écosystème industriel du pays.

Le secteur industriel marocain, orienté vers les technologies de pointe telles que l’énergie verte, l’automobile, l’aéronautique et l’offshoring, confirme la position du Maroc en tant que leader africain et acteur clé dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Avec deux constructeurs automobiles d’envergure internationale produisant jusqu’à 700 000 véhicules annuellement, un taux d’intégration locale de 65% et la création de 220 000 emplois, le Maroc affiche une dynamique économique impressionnante.

Des infrastructures ambitieuses telles que la Tanger Free Zone, Tanger Automotive City, Midparc et l’Atlantic Free Zone ont été des catalyseurs de cette compétitivité accrue. Selon une étude de McKinsey en 2023, le Maroc se classe quatrième en Afrique avec 20 entreprises dépassant le milliard de dollars de valorisation, incluant des multinationales étrangères renommées comme le Groupe Renault, Vivo Energy Maroc, TotalEnergies Marketing Maroc, Lafarge Holcim Maroc, Taqa Morocco, Intelcia et Orange Maroc.

Cette année, sept investisseurs internationaux ont exprimé leur désir de s’établir à la Cité Mohammed VI de Tanger Tech, qui offre 36 lots sur 467 hectares, disponibles à la location ou à la vente. Parmi eux, Sentury Tire, un groupe chinois innovant dans la conception de pneus avec l’intelligence artificielle, prévoit un investissement initial de 300 millions de dollars, qui a finalement atteint 490 millions de dollars. D’autres investisseurs notables incluent l’équipementier américain Aptiv, l’équipementier chinois Bonsing, le groupe chinois XEV pour les voitures électriques et BTR New Material, ainsi que le groupe taiwanais Froch Enterprise, spécialisé dans la fabrication de tuyaux métalliques.

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Avec l’industrie comme moteur principal de la croissance économique, le Maroc offre un environnement propice aux investissements et au développement industriel. Le ministère de l’Industrie et du Commerce a annoncé un objectif ambitieux de création de 410 000 emplois dans le secteur, avec déjà 94 000 emplois nets créés depuis le début du mandat du gouvernement actuel.

Mitsubishi potentiel apport économique au Maroc

Mitsubishi fait partie d’une des plus grandes alliances automobiles du Monde, en effet, l’alliance composée de Renault Group, Nissan Motors, et Mitsubishi Motors Corporation projette de construire leur avenir en commun à l’horizon 2030 avec comme axes principaux le véhicule électrique, la mobilité intelligente et connectée, en partageant les investissements auprès de ses trois membres et de leurs clients. L’Alliance deviendra neutre en carbone d’ici 2050.

Renault, Nissan et Mitsubishi ont déjà investi 10 milliards d’euros dans le domaine de l’électrification. Sur les principaux marchés (Europe, Japon, Etats-Unis, Chine), 15 usines de l’Alliance produisent déjà des pièces, des moteurs et des batteries destinés à 10 modèles de véhicules électriques déjà en circulation. L’Alliance veut accélérer la transition énergétique en investissant 23 milliards d’euros dans les cinq prochaines années pour arriver à 35 nouveaux modèles de véhicules électriques d’ici à 2030.

L’Alliance est à la recherche de fournisseurs communs pour Renault, Nissan, et Mitsubishi dans les principaux marchés, en effet, elle a pour objectif de réduire le coût des batteries de 50% en 2026 et de 65% en 2028. L’Alliance disposera d’une capacité totale de production de batteries de 220 GWh à travers le monde d’ici 2030. D’ici 2026, environ 5 millions de véhicules connectés au Cloud de l’Alliance seront livrés annuellement avec un total de 25 millions de voitures connectées en circulation. L’Alliance sera également le premier constructeur mondial généraliste proposant l’écosystème Google dans ses voitures.

En 2021, Mitsubishi a vendu 21 000 véhicules en Afrique, soit environ 2% de ses ventes à l’échelle mondiale. Cependant le marché africain de véhicules neufs devrait connaitre une forte croissance dans les prochaines décennies, grâce aux bonnes performances économiques qu’enregistrent de nombreux pays et à la forte croissance démographique attendue sur le continent Africain. Selon les prévisions du cabinet britannique LMC Automotive, les ventes de véhicules neufs devraient doubler en Afrique dans la prochaine décennie pour atteindre 1,4 millions d’unités en 2030.

Coopération Maroc-Chine

Cette estimation est de bon augure pour l’économie marocaine car les entreprises chinoises s’installant au Maroc deviennent de facto des entreprises marocaines contribuant à la valeur ajoutée nationale. Cela installera un climat de concurrence sain pour les entreprises marocaines, et leur permettra d’éviter une concurrence exacerbée avec les entreprises chinoises.

Le Maroc pourrait constituer dans un futur proche un maillon essentiel dans la coopération tripartite entre l’Europe-Chine-Maroc, où le Royaume occupera une place de choix dans l’échiquier géostratégique des relations commerciales internationales.

Les changements structurels opérant actuellement en Chine, avec un recentrage stratégique sur la consommation domestique, à l’origine d’une hausse continue des salaires en Chine depuis 2010. Le Maroc a conduit sous l’initiative du gouvernement une étude pour déterminer les secteurs les plus propices à l’accueil d’IDE (investissements directs à l’étranger) provenant de la Chine, ces secteurs à moyen terme seront pourvoyeurs d’emplois. Aujourd’hui, l’objectif est d’activer tous les leviers nécessaires pour attirer le maximum d’IDE et créer des emplois dans le tissu économique de façon optimale. Le Maroc a saisi cette opportunité économique en adoptant une économie libérale et ouverte pour les investisseurs étrangers.

Le Maroc entretient depuis toujours d’excellentes relations avec l’Empire du Milieu, et ceci sous la supervision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, il y a une compréhension mutuelle et fraternelle qui lie les deux royaumes, deux peuples séculaires qui partagent une civilisation riche, ne peuvent que coopérer d’égal à égal dans une optique réciproque de réaliser de la richesse.

Prenons à présent un exemple concret de partenariat sino-marocain, le Groupe Tinci Materials a décidé de quitter la République tchèque et d’installer sa base de production au Maroc, dont il loue l’environnement économique stable. Le Groupe Tinci Materials est le principal fournisseur chinois d’électrolytes et d’électrolytes chimiques pour batteries au lithium. En effet, l’entreprise quitte la république tchèque pour circonstances défavorables, tel que le mentionne ce communiqué « Affectés par le ralentissement économique dans divers pays du monde, le flux restreint de personnel et de matériel, et l’influence de facteurs tels que l’environnement d’investissement et les changements de politique en République tchèque, nous éprouvons des difficultés à faire avancer les travaux préliminaires de ce projet ».

Parallèlement à cette annonce, le groupe Tinci a annoncé dans un communiqué son intention de lever environ 5,98 milliards de yuan (819,39 millions de dollars) en émettant des certificats de dépôts mondiaux. Ces fonds seront principalement utilisés sur différents projets de matériaux pour batteries au lithium, dont le projet de 300 000 tonnes par an au Maroc. Le projet sera localisé à Jorf Lasfar, à Casablanca, et nécessitera une enveloppe de 280 millions de dollars. La durée construction du projet est estimée à 24 mois, ayant à terme une capacité de production annuelle de 150 000 tonnes d’électrolytes.

Forces d’attractivité du Royaume
Au cours des vingt dernières années, le Royaume a mis en place une série de réformes afin d’ouvrir son économie à l’international. Parmi ces réformes, le Maroc a réformé le secteur bancaire et financier en mettant en place un système financier moderne, libéral et favorisant la reprise de l’investissement en vue d’assurer une croissance forte et durable. En second lieu, la réforme fiscale où les pouvoirs publics ont veillé à mettre en place un cadre fiscal attrayant en vue d’encourager les investisseurs étrangers à réaliser leurs projets au Maroc. En troisième lieu, la réforme du cadre comptable avec la promulgation de lois généralisant l’obligation du respect de nouvelles normes comptables, et enfin, en dernier lieu la promotion de zones franches, une « zone franche », est un espace délimité et clos à l’abri totalement ou partiellement de certaines législations nationales en matière douanière et fiscale. Ajoutons à cela une main-d’œuvre qualifiée et pas cher ainsi une situation géographique avantageuse donnant sur l’Océan Atlantique et la Méditerranée.
De même, le Maroc a signé une convention avec des entreprises chinoises pour l’édification d’une ville industrielle près de la ville de Tanger au nord, devant accueillir 200 compagnies chinoises et créer des milliers d’emplois. Cet accord historique constitue les prémices de l’édification de la future « Cité Mohammed VI Tanger Tech », érigé sur 2 000 hectares et soutenu par la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

Mobilisant une enveloppe de 1 milliards de dollars soit l’équivalent de 930 millions d’euros. L’objectif affiché est de construire un pôle économique capable de générer 100 000 emplois, dont un minimum de 90 000 emplois bénéficiera aux habitants de la région de Tanger.
La ville de Tanger, Hub industriel, porte du Maroc vers l’Europe, l’Atlantique et la Méditerranée constitue l’épicentre des investissements internationaux vers le Maroc, la coopération économique fructueuse entre la Chine et le Maroc ainsi que le renforcement politique bilatéral constitue un GAME CHANGER dans la dynamique panafricaine du Maroc, en tant que la locomotive de l’Afrique vers le progrès.

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