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Le Régime algérien entre blessures du passé, libido dominandi et vassalité !

HIBAPRESS-RABAT-Dr LAQABI Said/ FPD SAFI / Université Cadi AYYAD

A force de s’accrocher à une seule constante, en l’occurrence tenter de contenir le Maroc, le régime algérien a non seulement atteint une aporie politique dans le sens que sa démarche arrive à la limite du rationnel, mais aussi amorce un processus de sabordage d’un Etat préfabriqué par la France depuis Charles X jusqu’à De Gaulle.

En effet, l’attitude plus que  hargneuse de la junte militaire avec sa façade civile n’a jamais cessé d’animer les esprits dans les alcôves d’Alger. La seule différence, néanmoins, demeure tout simplement une question de style et  de manière : à titre d’exemple, les dirigeants algériens jusqu’à Feu Bouteflika avaient gardé, force est de le reconnaitre, une certaine éducation, une certaine classe, probablement empruntées durant leur séjour dans les cités marocaines comme Oujda. Autres temps, autres mœurs, les actuels responsables incarnent parfaitement ce retour au galop d’un naturel instinctif à la limite de la bestialité.

Dans cette perspective, sans grand risque de me tromper, je pense que les clefs de compréhension des modes de fonctionnement du régime algérien résident dans la composante psychologique, d’autant plus que ses actuels gouvernants ont fait sauter le vernis du surmoi : ils cogitent à haute, voire très haute voix, agissent sans filtre et s’offrent nus.

Voici donc  quelques faits saillants :

1-     Le fictif saint tutélaire de la République D’aucuns remarquent que l’actuel président de la République algérienne, démocratique et populaire, en dépit de son incompétence criarde en la matière, s’échine  à puiser, dans les annales de  l’histoire, des contes fantaisistes à faire rougir les frères Grimm. Ces narrations  dévoyées sont souvent créées de toutes pièces, juste pour  cicatriser  la grande blessure algérienne, à savoir l’inexistence d’un Etat algérien souverain avant 1962. Ainsi, l’inénarrable M. Tebboune ne cesse de se référer, par exemple, à l’Emir Abdelkader comme saint tutélaire et père fondateur de l’Etat algérien moderne, ce qui est totalement faux.

Au départ de sa chevauchée, M. le Président a tenté de revenir aux racines amazighes de l’Algérie, mais il s’est rétracté à vitesse MAK 2 : l’ Aghroum n’tadount est toujours  sur la planche  politico-identitaire de l’hôte Ferhat M’HENI !

2-     La litanie des « Martyrs »

Tout novice en marketing vous dira que les bonnes gens retiennent plus facilement les chiffres ronds, allant de la Campagne des cent fleurs, du Camarade Mao, aux cent pas  sur  mille pattes jusqu’à mille mercis pour un millefeuilles… Et l’on peut à loisir changer les colonnes de l’abaque  pour pouvoir gagner  le million,  comme nos voisins du Sud au pays de Chenguit et des Trarza aiment être surnommés «Le Pays du million de poètes». Sur ce modèle, les premiers dirigeants de l’Algérie ont érigé un chiffre-légende, une liste-mythe, une brique mémorielle : la Révolution a coûté la vie à 1 million et demi de  martyrs ! L’emphase est flamboyante dans ce sacrifice  de masse sur l’autel de la liberté. Or, pour l’actuel Président et non moins correcteur de l’historiographie algérienne, Pline le Moderne, il était clair que le décompte des Anciens n’était pas bon, il était même très en deçà d’une réalité qu’il faudra augmenter : les chiffres galvaudés désormais avancent, en toute légèreté d’âme, cinq millions six-cents mille martyrs etdes poussières. Et dans le dessein de crédibiliser le scoop, les mass media de service rappellent que les Anciens avec leur rachitique un million et demi de morts au combat, n’ont comptabilisé que l’exercice du   1er Novembre1954 jusqu’au 05 Juillet1962.

Heureusement, il a fallu attendre un Tebboune, Grand Timonier devant l’Eternel et Petit  Père des peuples, qui puisse et sache guider sa Machine à remonter le temps,  et réussisse à additionner toutes les victimes de la Colonisation française et ce, depuis 1830, malgré l’absence, chez les autochtones, de toute forme d’archives ou de  registres d’Etat civil( d’où l’immensité de l’exploit : résultat arithmétique  quasi sûr : ces 5 millions 632 000 martyrs. Un sacré coup d’Eventail, une ânerie  hilarante et incommensurable, c’est presque du Staline lorsqu’il déclarait : «la mort d’un homme est une tragédie, la mort d’un million d’hommes est une statistique».

En réalité, les chiffres du Ministère des Moudjahidines algériens  ne dépassent guère un demi million de martyrs lors de la Guerre d’Algérie.

3-    La libido dominandi

Consubstantiellement, cette absence de cohérence et de profondeur réelle extériorise,  via les attitudes actuelles, une profonde ambivalence décisionnelle, entre une vassalité atavique bien inscrite dans l’ADN du régime, conjuguée à une libido dominandi qui bombe le torse dans un désir assumé de dominer l’entourage, dans le prisme du Père-Fouettard : ça marche avec le Mali et le Niger, et désormais la Tunisie, mais un peu moins avec la Mauritanie et la Lybie, et pas du tout avec le Royaume du Maroc, au regard de la différence de classe. C’est encore en raison de ce désir de domination que les media officiels algériens et leurs cohortes de porte-voix soi-disant privés se qualifient,  en grande pompe, d’une part avec des slogans tels : l’Algérie est une puissance régionale, un pays-continent, une armée au top X  au monde, et d’autre part ce  désir psychotique se joue en mascarade,  à vouloir, à tout prix, faire étalage  d’une rigueur spartiate et d’une force impériale. Et le meilleur exemple serait, à mon sens, les ridicules exhibitions ( à la temple Shaolin) de combats à mains nues orchestrés et  mis en scène lors des défilés militaires tapageurs qui ont commémoré la Fête de l’Indépendance algérienne, le 05 juillet dernier : risible,  lamentable et pitoyable.

4-    La vassalité

Tel Janus, il y a, certes l’avers, avec la  puissance de façade (libido dominandi) et il y a surtout le revers foncièrement poltron, mussé au tréfonds du régime et qui  remonte, par synapses, très loin, bien avant les Almoravides et les Almohades, sans oublier la vassalité à la Sublime Porte et les 132 ans de présence française.

Ainsi ne nous étonnons plus  des agissements de la junte algérienne contre notre Maroc qui, lui, a des atouts imbattables pour cette partie  et un soft power agissant (auquel il faudrait un coup d’accélération) en affichant  une sérénité certaine, pour ne pas dire une force tranquille, fruits d’une continuité historique et un devenir à construire malgré toutes les difficultés et les pierres d’achoppement.

Et le dernier avatar de cette vassalité est, sans aucun doute, cette recherche d’un parapluie protecteur russe ou chinois, et si possible encore mieux, tous les deux dans le cadre du  BRICS.

Et comme dans “Esprits criminels”, l’Algérie aux abois est prête à payer un droit d’entrée d’un milliard et demi de dollars à l’Organisation.

In fine, ma profonde compassion et mon amitié au vrai peuple algérien : à celles et à ceux qui auraient dû, grâce aux richesses du pays, vivre la » Dolce Vita »,  mais se retrouvent dans une ambiance de «Soleil vert» : la pauvreté ne semble pas encore là, mais la misère s’installe.

Attention, Le métronome est déjà en mouvement.


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