Art & CultureAujourd'hui le Maroc

Entretien avec Amine Boudchar, chef d’orchestre marocain «Le public a associé le concept de «La chorale, c’est vous » avec ma personne»

Il ajoute un «t» à son nom sur les réseaux sociaux. De quoi bien rimer avec art devenu sa discipline après un parcours professionnel pointilleux. Echange avec un compositeur, arrangeur et chef d’orchestre hors du commun.

ALM : Cela fait environ un an que vous faites du public votre chorale le temps de concerts uniques en leur genre. Dès septembre prochain, vous aurez une nouvelle tournée internationale. Pourriez-vous nous en révéler les dessous ?
Amine Boudchar : Alors, les 9 et 10 septembre, nous serons à l’Olympia de Paris. En novembre, nous avons une tournée au Canada, au Québec et Montréal. Au Maroc, nous avons fait plusieurs villes comme Rabat où nous sommes également attendus ce 2 août. Nous nous sommes produits à Marrakech, Fès et Oujda. Le 6 août, nous serons à Agadir. Il y aura pas mal de dates prochainement à l’international notamment en Europe et au Moyen-Orient.

Tellement votre concept est apprécié qu’il est copié par d’autres ! Qu’en dites-vous ?
C’est normal puisque c’est un nouveau projet et personne n’osait le concrétiser avant, même s’il pouvait sembler simple et évident. Avec mon équipe, nous avons pris le risque de l’appliquer. L’acteur principal, c’est le public. C’est naturel que d’autres artistes, une fois qu’ils en ont eu l’engouement, tentent de l’expérimenter. Cela existe dans tous les domaines. Par contre, pour moi, le public a associé le concept avec Amine Boudchar. Cela, c’est accordé !

Pourriez-vous remonter à l’origine de votre concept pour nous?
Alors l’idée est simple. J’avais envie de me reposer après avoir arrêté mon activité professionnelle en France où j’étais consultant dans plusieurs banques puisque je suis ingénieur en statistiques et en risques bancaires. Lors d’une soirée familiale, je me suis mis à faire chanter les gens pendant un événement convivial dans une salle à Paris, c’était le 10 juin 2022. Cela s’est bien passé et a donné un effet magique. Donc j’ai décidé, avec une équipe, de tenter l’expérience au Maroc. C’est ainsi que j’ai commencé mes concerts le 5 août 2022 à Casablanca.

Mais faire chanter un public c’est différent quand même. Alors comment procédez-vous ?
Cela fait partie des challenges de mon concept. Pour ma part, j’ai pris la décision de ne pas intégrer une chorale avec moi puisque je m’occupe de faciliter cette cohérence entre l’équipe musicale et le public. Pour ce faire, les paroles sont affichées sur l’écran des portables des gens. Cela commence déjà par le choix des œuvres musicales. Cela me prend quand même du temps puisque les genres diffèrent entre les femmes et les hommes. Mais date après date sur scène, les mélomanes s’habituent à certains de mes gestes. D’ailleurs, je préfère rester spontané que d’organiser les choses. Ce n’est pas ma vision. Mais parfois cela ne marche pas. Alors quand il y a un décalage, j’arrête. En tout cas, c’est un travail préalable que je fais pour que tout le monde s’y retrouve. Il y a des morceaux de musique que je transpose avant les concerts pour que cela aille bien et que tout le monde se retrouve et pour que les femmes surtout ne soient pas bloquées. En tout j’étudie chaque chanson.

Et qu’en est-il des goûts du public autour du programme musical ? Il y en a ceux qui ont des préférences différentes d’autres…
Avant, les gens reçoivent un mail la veille du concert avec le programme qui comprend, cependant, une surprise révélée plutôt sur place. Le jour J, un code QR est mis à disposition. Par contre, il y a des gens qui veulent recevoir les paroles et découvrir le programme avec l’orchestre. Le plus important, c’est de passer un bon moment et d’être entouré de gens qui cherchent du plaisir. Quant au répertoire interprété, il comprend un peu de tout. Principalement c’est du classique marocain et oriental en général. Différents choix sont faits, certains sont même atypiques. Après chaque concert, un questionnaire est envoyé au public pour avoir son avis et lui demander des suggestions. Nous avons même introduit des medley de dessins animés et de musique de films. Le tout joué avec mes propres compositions musicales et sans oublier les musiques reggada, rifaine et les œuvres classiques pour les transmettre aux nouvelles générations pour apporter un édifice à notre patrimoine marocain.

Pour faire tout cela, il faut être passé par un parcours académique chevronné. N’est-ce pas ?
Je suis plutôt autodidacte. Vers l’âge de 11 ans, j’ai découvert ma passion pour la musique. Alors je me suis inscrit au conservatoire à Casablanca. Mais cela ne me convenait pas par la suite. Alors je l’ai quitté. Je voulais apprendre vite et tout seul. J’ai suivi des formations, fait des recherches dans des livres. Je me suis senti prêt à diriger, composer et arranger des morceaux. Pour avoir une légitimité, je me suis inscrit au conservatoire en France. Dès le premier test, on m’a fait sauter à la 5ème année. Parallèlement, j’ai passé des formations et des heures sur Internet. J’ai même tout fait pour comprendre aussi les musiciens.

Qu’en est-il des réticences de votre famille quant à votre voie artistique? Et pourriez-vous rapprocher les lecteurs de vos origines ?
Je suis d’origine rifaine. J’ai grandi à Mohammedia et je me suis installé à Casablanca. Mon père était commandant de bord à la RAM. J’étais bien cadré quand j’ai eu mon éducation tout en me laissant libre de choisir entre les études et la musique. Dans la maison parentale, j’ai grandi avec des valeurs qui m’ont permis de forger ma propre personnalité.

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