Art & CultureAujourd'hui le Maroc

Les affinités sociales et amicales sous la plume d’Ahmed Tazi – Aujourd’hui le Maroc

Publication
Au-delà de l’emprunt judicieux du nom de la reine de l’Egypte ancienne pour l’attribuer à un pressing à Rabat des années 70, l’auteur marocain Ahmed Taz a la particularité d’explorer les rapports sociaux dans son œuvre. Plongée dans l’intrigue du romancier.

Il semble que les relations humaines sont assez chères à l’écrivain. Des liens qu’il diagnostique avec brio dans ses œuvres au style assez soutenu. Une démarche qu’il entreprend également dans «Néfertiti lave plus blanc». Un roman qui va au fond de l’âme humaine comme le laisse voir les personnages que le lecteur découvre au fil des pages. Des protagonistes que M. Tazi met en jeu tout en se glissant dans leur peau. Des dessous qu’il révèle parfaitement à ALM.

Introduire un débat
En détail, ces liens se veulent, à son sens, d’introduire « un débat plus général sur les rapports sociaux, les apparences, les non-dits, les dehors agressifs». Des aspects que le lecteur découvre à travers le personnage d’Omar, propriétaire de Néfertiti dont il confie la gestion à l’enfant Malika qui en dilapide les gains par bonté. Mieux encore, l’auteur met en avant le personnage de Jawad dont il décortique aussi la relation avec Omar, fort amoureux de Nezha, mère de Malika. Dans son intrigue, le romancier révèle, tel qu’il l’explicite, « toutes les carapaces qui dérobent la tendresse, le ciment de l’amitié et le baume de l’amour». Cependant, les gens finissent par s’y «embrasser, se tendre la main et oublient pour un temps qu’ils en étaient arrivés presque aux mains, à ces mêmes mains ». Cela se manifeste à travers la maladie de la petite atteinte de diabète dont Omar qui la qualifie de reine prend soin bien qu’elle ne soit pas sa fille. A cet effet, il fait les mains et les pieds pour la faire soigner ailleurs. Pour l’auteur, ces rapports entre les gens sont «des fils d’une toile qu’on nomme société». Dans ce sens, il tempère entre des rapports harmonieux pour faire un tissu plutôt soyeux et des rapports durs ou rugueux, des déséquilibres, des malentendus, des conflits, ainsi le tissu devient rêche et plein de nœuds. «Ce n’est presque jamais l’un ou l’autre », commente-t-il. Et ce n’est pas tout !

Prédilection de l’auteur
«Je me plais à raconter des histoires où l’on navigue entre les deux genres. Les relations entre les personnages de Néfertiti pourraient être de cette eau-là. Il y a d’abord Omar qui, au centre de la cabale, doit jouer deux rôles, sauf qu’il s’en tire mieux tant qu’il ne fait qu’observer, mais qui essuie quelques plâtres dans le feu de l’action, sans moyens devant les crises de Malika, devant le refus de Nezha, souvent perplexe, plein de doutes ou plutôt sans certitude quand il cherche une direction à prendre », détaille le romancier dont l’œuvre valorise également les affinités amicales. Tel qu’il le clarifie, le personnage de «Jawad» est un mauvais garçon mais capable de donner des leçons en termes d’amitié ; Hamid le commissaire dur à cuire mais bien faible quand il s’agit de la maladie de Malika sa fille biologique ou de Nezha son amour de jeunesse et qui ne se résigne pas à la perdre au profit d’Omar alors qu’il l’avait bel et bien perdue depuis déjà assez longtemps ; Maria la vilaine, voleuse, tricheuse, se vengeant sur tout le monde parce qu’on avait tué son père pour quatre sous, mais qui trime pour sa fille, une pauvre camée et pour le bébé qu’elle attache derrière la porte comme un chiot.

Des personnages étrangers aussi
Rubio, y est faussaire, escroc, mais espiègle et beau, s’épuisant à cacher son homosexualité en menant sa propre guerre contre les bien-pensants ; M. Bill l’Américain, une sorte de providence n’en déplaise aux détracteurs qui ne voient que le barbouze sous l’habit policé de l’homme ; et puis les autres, de simples gens qui, d’après l’écrivain, se fondent dans le décor dont, peut-être, certains laissent quelques empreintes. Quant aux artistes, les peintres du Manoir, font une singularité du roman. Il s’agit de Nantel, Lanarev, Rilot et Géronimo qui sont présentés « sous une seule dimension, nulle ambiguïté ou équivoque, des purs, dominés par leur seul art, leur seul langage ». Le tout étant soudé, en dépit de la différence de chacun, pour sauver la petite reine.

Un beau tour dans l’ancien Rabat

Epoque  «Je n’oublie pas la ville qui n’a pas tellement envie de changer mais qui change quand même, qui demeure belle même si elle se lézarde parce qu’elle vit mal la transition », estime l’écrivain. Dans ce sens, il ressort l’existence toujours du bar Casablanca, du restaurant Koutoubia, du Manoir et des artistes-peintres, du Yacht-club, de l’immeuble de la radio, des musiciens et des chanteurs. «D’autres endroits magiques toute nostalgie mise à part», enchaîne M. Tazi dont l’œuvre évoque également les galeries Lafayette dans la capitale. Un endroit méconnu pour la génération actuelle. Outre ce roman, M. Tazi vient de publier chez les éditions Marsam, ses «Nuits de Braises à Tripoli». Un livre qui « traite de la guerre en Libye, de la chute de Khadafi,… explore d’autres pistes mais l’amitié et l’amour restent incontournables». «Ce n’est pas fortuit que ces sentiments se retrouvent encore dans mon dernier travail actuellement en projet à «La Croisée de Chemins» sous le titre provisoire «La guêpe frappe au golf»», conclut-il.

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