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Claude Leroy :
C’est très étonnant ce qui s’est passé dans la phase de groupes, avec des résultats surprenants comme le 4-0 infligé à la Côte d’Ivoire à domicile, l’élimination de l’Algérie qui a provoqué un tsunami, le Cameroun qui est passé in extrémis… Même le Maroc, à ma surprise, a eu des difficultés face à la RD Congo lors de son deuxième match. Il n’y a quasiment que le Sénégal à avoir tenu son rang et le Nigeria, qui a montré des choses de qualité. Les pronostiqueurs sont mis à mal dans cette phase de groupes de la CAN. Il y a beaucoup de buts. Les attaquants ont le dessus sur les défenseurs. C’est bien. C’est le football que j’aime. Je suis content. Et puis il y a un peu d’excitation des entraîneurs et de controverses avec les entraîneurs adverses. C’est des choses qui ne doivent pas arriver. Il faut être au-dessus de ça.
Vu le niveau de cette CAN, est-ce qu’on peut dire que l’Afrique rattrape petit à petit son retard sur l’Europe, ou est-ce un peu trop tôt pour le dire ?
Non, l’Afrique rattrape effectivement son retard sur l’Europe depuis longtemps. Quand la Premier League, qui est le meilleur championnat du monde, sacre il y a quelques années trois joueurs africains comme meilleurs buteurs : un Gabonais (Pierre Obamyang), un Sénégalais (Sadio Mané) et un Égyptien (Mohamed Salah), ça signifie que le niveau du football africain est très élevé. Mané et Salah sont des joueurs formés en Afrique. Ils ne sont pas des binationaux. Plus il y a d’académies de football sérieuses en Afrique, plus le niveau de football africain progresse. Quand on voit ce que fait l’Académie Mohammed VI depuis 10 ans et certaines académies au Sénégal et en Côte d’ivoire, on comprend mieux cette progression. L’Afrique du Sud commence à travailler sérieusement. Jusque-là, c’était une magnifique enveloppe avec de beaux timbres, mais à l’intérieur de l’enveloppe, il y a beaucoup de fautes d’orthographe dans la lettre. Alors que maintenant, ils ont pris des entraîneurs de qualité. Et ils progressent. Bien sûr que le football en Afrique progresse, mais il faut encore tout améliorer. Il ne faut pas se raconter des histoires. Il n’y a pas assez de championnats de jeunes ou de football féminin dans les pays subsahariens, à part dans les grands pays comme le Maroc. Il faut que la CAF impose dans un premier temps des championnats de jeunes U17, U20 et ensuite des championnats U15 et des U13. Ça doit être une obligation. Et puis, il y a une chose qui me choque. Il n’y a qu’en Afrique que le président de la FIFA vient faire un discours, c’est une insulte pour ce continent ! Est-ce qu’on peut imaginer une seconde que le président de la FIFA fasse un discours à l’UEFA ou la CONMEBOL ?
Est-ce que vous vous attendiez à l’élimination de l’Algérie ?
C’est un tsunami. Je pense que Djamal (Belmadi), qui a très bien mené son affaire au départ, a accumulé des contre-performances au fil du temps. Il a été éliminé au premier tour de la CAN en 2021 et en Coupe du monde 2022, et maintenant au premier tour de la CAN 2023. Il s’est tendu et je pense qu’il a tendu tout son groupe. Quand on est crispé, on ne peut pas réussir. Un coureur de 100 m relâché réalise un chrono de 9:70 et s’il se crispe, il fait 9:95. C’est pareil dans le football. Quand on est relâché, on réussit tout techniquement et si on se crispe, on rate tout. On rate les gestes essentiels.
Quelles sont les équipes qui vous ont impressionné dans cette phase de groupes ?
Le Cap-Vert a montré beaucoup de qualités. La Guinée équatoriale a beaucoup de joueurs doués et capables aussi d’énerver l’adversaire. Le Maroc a montré de belles choses, tout comme le Sénégal et le Nigeria. Le Mali m’a fait bonne impression. L’Afrique du Sud, malgré sa défaite lors du premier match, a de grandes qualités. Il y a de grandes équipes qui confirment leur statut et puis d’autres qui arrivent au firmament du football africain, c’est assez étonnant.
Qui sera le vainqueur ?
C’est très compliqué de donner une équipe (favorite). Je pense que ça va se jouer entre le Sénégal, le Maroc et le Nigeria. Il y aura une surprise, ce sera peut-être le Cap-Vert, la Guinée, le Mali ou l’Afrique du Sud. Il va y avoir des huitièmes de finale compliquées.