EconomieLe Matin

Comment Ajay Banga entend muscler les capacités d’intervention de la Banque Mondiale   

Aujourd’hui plus que jamais, le monde est confronté à de multiples défis. La montée de la pauvreté, la crise climatique et des tensions géopolitiques. Ensemble, ces facteurs exacerbent les inégalités dans le monde. C’est en ces termes que le président de la Banque Mondiale, Ajay Banga, a ouvert son discours lors de la séance plénière des Assemblées annuelles du FMI-Banque Mondiale à Marrakech, le 13 octobre.

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« Nous devons être une institution qui exporte l’optimisme et favorise l’impact positif », souligne le président de la BM. L’Institution internationale décline une nouvelle vision avec de nouvelles missions. L’objectif, selon Banga, est d’aller vers un monde « exempt de pauvreté, un monde vivable !». « L’urgence nous a motivé à adopter une nouvelle vision. Celle qui favorisera un développement efficace et conduira à une meilleure qualité de vie, l’accès à de l’air pur, à de l’eau propre, à l’éducation et à des soins de santé décents », souligne le président de la World Bank. Une vision qui fait de l’inclusion pour tous, y compris les femmes et les jeunes, sa priorité.

La résilience aux chocs, un axe prioritaire de la Banque Mondiale

De même, la nouvelle vision de la Banque doit être bâtie sur un principe directeur : la résilience aux chocs, notamment face aux crises climatiques et de biodiversité, aux pandémies et aux fragilités. Selon Banga, ce serait inadmissible de réaliser des progrès adéquats dans le domaine de la santé publique tout en laissant les températures augmenter avec tout ce que cela implique comme maladies infectieuses et pandémies. De même, « nous ne pouvons pas aider les agriculteurs à optimiser les rendements des cultures afin de nourrir des populations croissantes, tout en utilisant des techniques qui ne prennent pas en compte la sécheresse », estime Banga qui souligne au passage que dans le monde entier, les femmes n’ont pas vu leur intégration dans le marché du travail s’améliorer depuis 1990. Et même quand elles décrochent un poste, la rémunération est discriminante. Selon Banga, les jeunes peuvent être le moteur de « notre avenir », mais seulement si nous leur offrons une meilleure qualité de vie pendant leur phase de croissance, puis un emploi. Selon les estimations de la Banque, sur les 10 prochaines années, près de 1,1 milliard de jeunes dans la région sud du monde seront en âge de travailler. Or, sur cette même période, à peine 325 millions d’emplois devraient être créés. L’équation est donc difficile. « Le coût de l’inaction est inimaginable : ce dividende démographique ne doit pas se transformer en défi démographique », alerte le président de l’Institution mondiale.

La nouvelle vision et les nouvelles missions de la Banque mettront ainsi à l’épreuve la sincérité des nouvelles ambitions. « Cette nouvelle vision nous lancera dans un voyage qui nécessitera des partenariats réinventés, une nouvelle manière de travailler et de penser, des ressources supplémentaires et de l’optimisme », promet le patron de la Banque. Banga affirme que les premiers pas dans ce voyage ont été faits en avril dernier avec la mobilisation de 40 milliards de dollars sur 10 ans via les fonds propres de la Banque en ajustant le ratio prêt-capital.

L’institution a par ailleurs créé un mécanisme de garantie de portefeuille et lancé un instrument de capital hybride. « Ces nouveaux outils nous permettent de prendre plus de risques et d’augmenter davantage notre capacité de prêt, tout en préservant notre notation de triple A. Ensemble, nous pourrions fournir 157 milliards de dollars de plus en capacité de prêts sur 10 ans », annonce Banga. L’Allemagne aura été, selon lui, le premier pays à soutenir le capital hybride puisque sa contribution s’élèvera à 2,4 milliards d’euros de prêts supplémentaires sur les 10 prochaines années. De même, le soutien des Etats-Unis aux garanties de portefeuille pourrait atteindre 25 milliards de dollars. «Nous attendons que d’autres pays rejoignent la course », lance Banga. Et ce n’est pas tout. « Nous étudions avec les autres banques multilatérales de développement le moyen de tirer parti du capital exigible et créer de nouveaux mécanismes tels que le capital hybride, qui pourraient débloquer des ressources incalculables permettant d’obtenir des résultats. Nous voulons accroître les financements concessionnels et les faire évoluer afin d’aider un plus grand nombre de pays à faible revenu à atteindre leurs objectifs de développement, tout en réfléchissant à des manières créatives de promouvoir la coopération transfrontalière et de relever des défis communs », indique toujours le président de la Banque. L’Institution mène en outre un travail avec les agences de notation pour les aider à mieux appréhender les risques liés à son périmètre d’activité. Autre chantier, l’élargissement de la collaboration sur le financement conjoint en plus de la mise en place d’une plateforme de cofinancement pour harmoniser les priorités mondiales et régionales.

La Banque Mondiale est en outre en train de normaliser ses processus. « Nous progressons déjà dans la simplification des procédures d’approvisionnement et dans l’harmonisation des cadres environnementaux et sociaux », fait valoir Banga.

La Banque mondiale continuera à soutenir les pratiques durables

Sur un autre registre, le président de la Banque Mondiale, a assuré que chaque année, 1.250 milliards de dollars sont dépensés via des subventions aux combustibles fossiles, à l’agriculture et à la pêche. « Certains de ces soutiens sont très importants et nécessaires, mais nous pouvons faire mieux », affirme le responsable. Selon lui, les coûts économiques liés à l’infiltration des engrais dans les nappes phréatiques, de la pollution atmosphérique inutile et de la surpêche s’élèvent à 6.000 milliards de dollars chaque année. En réaffectant une partie de cet argent pour encourager des pratiques durables, nous pouvons protéger l’air, l’eau et les forêts tout en continuant à soutenir ceux qui en ont le plus besoin », relève-t-il. Banga assure que la Banque Mondiale n’est qu’un instrument qui reflète l’ambition de ses actionnaires. « Les progrès auxquels nous aspirons nécessitent que les ressources et les capitaux soient à la mesure de notre vision et des exigences qui nous sont imposées », enchaîne-t-il. Pour lui, le financement est une ressource importante certes, mais pas plus que le « dévouement », la « créativité », et l’innovation de la Banque mondiale.


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