Des incertitudes planent sur les prix du pétrole, du gaz et des phosphates

L’année 2023 a été marquée par des dynamiques complexes sur le marché pétrolier, avec des réductions de production majeures de la part de l’OPEP+ et des pays producteurs, des incertitudes liées à la demande mondiale et des facteurs géopolitiques influents. Cette année a également vu les prix du pétrole évoluer de manière significative, avec des hauts et des bas qui ont suscité des réactions sur les marchés mondiaux. «D’après les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la croissance de la demande mondiale de pétrole devrait marquer un ralentissement en 2024, avec une augmentation de 0,8 million de barils par jour, comparativement à une hausse de 2,3 millions de barils par jour en 2023. Parallèlement, l’offre mondiale devrait connaître une augmentation significative, augmentant de 1,7 million de barils par jour, par rapport à une augmentation de 1,5 million de barils par jour», indique la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) dans un panorama de l’évolution des cours mondiaux des matières premières.

D’ailleurs, après une période d’excédent en début d’année 2023, le marché pétrolier est redevenu nettement déficitaire au second semestre. Cette évolution est due aux réductions de la production par l’OPEP+ et à la reprise de la mobilité en Chine. Les réductions de la production par l’OPEP+ pourraient se maintenir jusqu’à la fin de 2023 en raison des inquiétudes concernant la demande mondiale. Cependant, en 2024, le marché pétrolier pourrait connaître un excédent, principalement en raison de l’annulation prévue des réductions de la production par l’Arabie Saoudite et la Russie.

À noter que les prix du pétrole (Brent) ont enregistré une moyenne de 82 dollars pour les neuf premiers mois de 2023, marquant une baisse de 21% par rapport à l’année précédente. Cependant, en septembre, ils ont atteint en moyenne 94 dollars, affichant une hausse de 26% depuis leur point le plus bas en juin à 75 dollars, avec un gain annuel de 4%. Les prix du pétrole ont été volatiles, atteignant 97 dollars le 19 septembre, leur plus haut niveau depuis novembre 2022, avant de chuter à 88 dollars le 6 octobre, puis rebondir à 95 dollars le 20 octobre en raison de tensions géopolitiques croissantes.

Par ailleurs, les prix de pétrole devraient rester globalement modérés et évoluer aux environs des 80-85 dollars le baril en 2023-2024 contre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022. Cependant, le marché pétrolier reste confronté à des risques de fluctuations, liés notamment au contexte économique et géopolitique mondial.

Les prix du gaz butane se sont situés à 595 dollars la tonne sur les neuf premiers mois de 2023, en recul de 27% sur un an. Cette baisse était due à une demande limitée et une offre abondante. Cependant, après avoir atteint un creux de 361 dollars la tonne en juin, les prix du gaz butane ont amorcé une remontée pour atteindre 629 dollars la tonne en septembre. Cette augmentation découle de la hausse des prix du pétrole et du gaz naturel, qui ont influencé les coûts du gaz butane.

Concernant les cours du gaz naturel en Europe, ils ont atteint 51 euros/MWh le 20 octobre, enregistrant une hausse de 37% en un mois. Malgré cette remontée, les prix ont subi une baisse de 60% par rapport à l’année précédente. Les récentes fluctuations des prix du gaz naturel en Europe sont liées aux préoccupations suscitées par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et les grèves en Australie, le principal exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL).

Toutefois, la hausse des prix du gaz naturel en Europe est freinée par une demande limitée et des réserves élevées. Les stocks de gaz dans l’Union européenne (UE) ont atteint plus de 98% de leur capacité à la mi-octobre, dépassant l’objectif de stockage de 90% bien avant la date butoir du 1er novembre. Malgré ces tendances, les analystes anticipent une persistance de la volatilité à court terme sur les marchés du gaz butane et du gaz naturel.

Le marché des phosphates reste soumis à des incertitudes concernant l’offre, la demande, mais aussi l’évolution des prix de l’énergie et des produits agricoles. Malgré une reprise modérée des cours des produits phosphatés au troisième trimestre, plusieurs facteurs freinent cette tendance.

D’une part, la hausse des exportations en provenance de Chine et de Russie exerce une pression sur les prix. D’autre part, la baisse des prix des céréales et la modération des coûts du gaz naturel et des intrants tels que l’ammoniac et le soufre limitent la reprise des cours des produits phosphatés.

Pourtant, il convient de noter que les cours du phosphate brut ont montré une résilience remarquable, atteignant 347,5 dollars la tonne en septembre, leur plus haut niveau depuis mars 2009. Cela représente une augmentation de 0,4% par rapport au mois précédent et de 16% depuis le début de l’année. En revanche, les prix du DAP sont restés relativement stables à 528 dollars la tonne en septembre, avec une remontée de 16% par rapport à leur creux en juin, mais ils ont baissé de 16% depuis le début de l’année et de 30% sur une base annuelle.

Cette tendance divergente est attribuable à divers facteurs, notamment une augmentation saisonnière de la demande sur les marchés clés tels que l’Inde, le Brésil, et d’autres marchés régionaux d’Asie et d’Amérique latine. De plus, la reprise des prix énergétiques a également influencé cette dynamique. La demande soutenue en provenance d’Inde, le plus grand importateur mondial de DAP, est alimentée par des subventions publiques encourageant les agriculteurs indiens à utiliser des engrais. Des accords entre l’OCP et l’Inde prévoient la fourniture de 1,7 million de tonnes d’engrais phosphatés en 2023.