EconomieLe Matin

La Banque mondiale lance l’alerte

Jusqu’ici deux données majeures ont favorisé le maintien du taux directeur inchangé au Maroc : une croissance atone attendue cette année et le retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023

À la veille du prochain Conseil de Bank Al-Maghrib, la Banque mondiale alerte sur la hausse générale et simultanée des taux directeurs en réponse à l’inflation qui accentue le spectre d’une récession mondiale en 2023. Cette hausse menace, particulièrement, les pays émergents et en développement de crises financières. À ce jour, Bank Al-Maghrib fait, pratiquement, exception à l’échelle mondiale, en gardant le taux directeur inchangé. Mais les investisseurs s’attendent à ce que les Banques centrales relèvent les taux directeurs mondiaux, jusqu’en 2023, de plus de deux points de pourcentage par rapport à leur moyenne de 2021.

À la veille du prochain Conseil de Bank Al-Maghrib, prévu le 27 septembre, la Banque mondiale alerte les Banques centrales. Dans une nouvelle étude approfondie, l’institution de Bretton Woods estime que la hausse générale et simultanée des taux directeurs en réponse à l’inflation accentue le spectre d’une récession mondiale en 2023. Elle menace, particulièrement, les économies de marché émergentes et en développement de crises financières qui engendreraient des dommages durables. Rappelons qu’à ce jour, Bank Al-Maghrib fait, pratiquement, exception à l’échelle mondiale, en gardant le taux directeur inchangé à 1,50%, malgré une inflation qui persiste à des niveaux exceptionnellement élevés. Or, selon l’étude, les Banques centrales du monde entier ont augmenté les taux d’intérêt cette année avec un degré de synchronisation jamais observé au cours des cinq dernières décennies.

Ce mouvement devrait se poursuivre l’an prochain. D’ailleurs, les investisseurs s’attendent à ce que les Banques centrales relèvent les taux directeurs mondiaux à près de 4% jusqu’en 2023, soit une augmentation de plus de deux points de pourcentage par rapport à leur moyenne de 2021. Pourtant, la trajectoire actuellement attendue des hausses de taux d’intérêt et d’autres décisions politiques pourrait ne pas suffire à ramener l’inflation mondiale aux niveaux antérieurs à la pandémie. Et si les perturbations de l’offre et les pressions sur les marchés du travail ne s’atténuent pas, ces hausses de taux d’intérêt porteraient l’inflation mondiale sous-jacente (hors énergie) à environ 5% en 2023, c’est-à-dire près du double de la moyenne sur cinq ans précédant la pandémie.

Les Banques centrales relèveraient encore les taux d’intérêt de 2 points

Ainsi, pour ramener l’inflation mondiale à un taux conforme à leurs objectifs, les Banques centrales devraient relever encore les taux d’intérêt de deux points de pourcentage supplémentaires. Cela devrait s’accompagner de tensions sur les marchés financiers, au moment où la croissance du PIB mondial ralentirait à 0,5% en 2023, soit une contraction de 0,4% par habitant qui correspondrait à la définition technique d’une récession mondiale. «Le récent resserrement des politiques monétaires et budgétaires se révélera probablement utile pour réduire l’inflation. Mais la simultanéité de ces décisions entre les pays pourrait avoir pour conséquence d’aggraver les effets du durcissement des conditions financières et d’accentuer le ralentissement de la croissance mondiale», avertit Ayhan Kose, vice-président par intérim de la Banque mondiale pour la division Croissance équitable, finance et institutions.

Selon lui, les dirigeants des économies émergentes et en développement doivent se tenir prêts à gérer les retombées potentielles d’un resserrement synchronisé des politiques à l’échelle mondiale. «Pour parvenir à de faibles taux d’inflation, à la stabilité monétaire et à une croissance plus rapide, les responsables publics devraient réorienter leurs priorités, afin de s’attacher non pas à réduire la consommation, mais à augmenter la production. Ils devraient aussi chercher à générer des investissements supplémentaires et à améliorer la productivité et la répartition du capital, des conditions essentielles pour la croissance et la réduction de la pauvreté», préconise le président du groupe de la Banque mondiale, David Malpass.

Maîtriser l’inflation sans déclencher une récession

Selon l’étude, les Banques centrales doivent poursuivre leurs efforts pour maîtriser l’inflation, et il est possible d’y parvenir sans pour autant déclencher une récession mondiale. Néanmoins, cela nécessitera une action concertée de la part de plusieurs acteurs. D’abord, les Banques centrales doivent communiquer clairement leurs décisions tout en préservant leur indépendance, ce qui pourrait contribuer à stabiliser les anticipations d’inflation et à réduire le degré de resserrement nécessaire. Dans les économies avancées, les banques centrales doivent être attentives aux répercussions internationales d’un durcissement monétaire. Et dans les économies de marché émergentes et en développement, elles doivent renforcer les réglementations macro-prudentielles et constituer des réserves de change.

Ensuite, la menace de l’inflation et une marge de manœuvre budgétaire limitée incitent les responsables politiques de nombreux pays à mettre un terme aux mesures de soutien, alors même que l’économie mondiale ralentit fortement. Ainsi, les autorités budgétaires devront soigneusement calibrer le retrait des mesures de soutien budgétaire, tout en veillant à la cohérence avec les objectifs de la politique monétaire. Les responsables devraient également élaborer des plans budgétaires crédibles à moyen terme et apporter une aide ciblée aux ménages vulnérables. Enfin, pour les autres responsables de la politique économique, ils devront participer à la lutte contre l’inflation, notamment en prenant des mesures énergiques pour stimuler l’offre mondiale. Il s’agit d’assouplir les contraintes du marché du travail, de stimuler l’offre mondiale de produits de base et de renforcer les réseaux commerciaux mondiaux.


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