Marchés publics : que prévoit le nouveau décret pour les auto-entrepreneurs
L’accès des TPME, notamment les startups, aux marchés publics reste très limité par rapport à leur place dans la sphère économique. «Pour cette raison et afin de permettre à cette catégorie et notamment les jeunes entreprises innovantes d’accéder aux marchés publics, le législateur a revu son arsenal juridique. À juste titre, le code des marchés publics a connu cette année un amendement avec l’introduction de nouvelles mesures et est entré en vigueur à compter du 1er septembre 2023», explique Hicham Boustani, expert-comptable et commissaire aux comptes.
Cette transformation est importante dans le sens où elle permet de s’ouvrir sur des mesures clés visant à favoriser l’innovation, renforcer l’intégrité et encourager la participation des PME. Le décret renforce également la compétitivité de ces entreprises en relevant le montant prévisionnel des marchés qui leur sont réservés à 30%. De plus, il encourage tous les entrepreneurs et entreprises, quelle que soit leur taille, à proposer spontanément des idées innovantes aux maîtres d’ouvrage des institutions publiques. Ces derniers sont également tenus «de préciser dans l’avis d’appel à la concurrence et dans le règlement de consultation que le marché concerné est réservé aux très petites, petites et moyennes entreprises, y compris les jeunes entreprises innovantes, aux coopératives, aux unions de coopératives et aux auto-entrepreneurs», stipule le décret.
Ces mesures et bien d’autres prévues par ce nouveau code des marchés publics, sont en mesure de permettre aux citoyens et aux entreprises de mieux connaître les marchés publics et de veiller à ce qu’ils soient attribués de manière transparente et équitable. Une mesure très bénéfique pour les très petites entreprises qui ont toujours été exclues de ce marché considéré comme un levier principal de la croissance économique.
De la culture du «moins-disant» à celle du «mieux-disant»
La réforme du système des marchés public a apporté une autre nouveauté qui tend vers une meilleure compétitivité entre les entreprises, quelles que soient leurs tailles. Il s’agit de faire évoluer ce système d’une culture axée sur la procédure du «moins-disant», vers une logique fondée sur le modèle du «mieux-disant». Cette amélioration profitera à la TPME et à l’auto-entrepreneur, notamment à travers l’institution de la règle d’écartement systématique des offres anormalement basses ou excessives par rapport à l’estimation établie par le maître d’ouvrage :
• L’offre est jugée excessive lorsqu’elle est supérieure de plus de 20% par rapport à l’estimation du coût des prestations établie par le maître d’ouvrage.
• L’offre est jugée anormalement basse lorsqu’elle est inférieure de plus de 20% par rapport à l’estimation du coût des prestations établie par le maître d’ouvrage pour les marchés de travaux, et de 25% pour les marchés de fournitures et de services.
L’autre mesure qui aura un impact sur la dynamique entrepreneuriale est le principe de la préférence nationale dans la commande publique. Ce dispositif est censé renforcer ce principe qui stipule que les acheteurs publics doivent accorder une préférence aux entreprises marocaines lors de l’attribution des marchés publics.
Aider les TPME et les startups à se développer grâce aux marchés publics
«Ce nouveau challenge pour les startups de soumissionner aux marchés publics, qui constituent un monde un peu différent du vécu de ces entreprises et qui sont synonymes de complexité, nécessite un accompagnement pour leur permettre de se familiariser avec ce nouveau segment. Le rôle des accompagnateurs est fondamental pour faciliter la maîtrise de la procédure de soumission et les nouveautés du code des marchés publics», explique Hicham Boustani. En effet, l’écosystème entrepreneurial marocain doit anticiper et lancer des programmes d’accompagnement des auto-entrepreneurs pour les aider à intégrer les marchés publics dans leur schéma de développement.
Voici quelques conseils d’experts pour faciliter l’accès à la commande publique et aux marchés publics :
• Maîtriser les prérequis de la soumission électronique.
• Nouer des contacts avec les acheteurs publics pour faciliter le repérage pendant le travail de sourcing réalisé par l’acheteur public.
• Ne pas hésiter à se regrouper dans le cadre de partenariats provisoires pour répondre aux exigences en termes de taille, d’implantations, de références, ou encore du spectre de compétences nécessaires pour répondre à la totalité d’un marché public ou à un lot spécifique.
• Accéder aux marchés publics par la sous-traitance. Cela peut constituer un premier pas intéressant vers les marchés publics et permettre aux auto-entrepreneurs de se familiariser avec les rouages et mécanismes de la commande publique.
• Préparer la réponse à un appel d’offre : avoir une idée précise sur les notations prévues dans le cadre de la commander visée, comprendre les besoins et les attentes de l’acheteur public et étudier la capacité de votre entreprise à y répondre.
• Savoir valoriser son offre, au-delà de son prix, sur le plan qualitatif.
• Mettre en avant les références, réalisations et qualifications pertinentes au regard de l’appel d’offres et du besoin de l’acheteur.
***********************