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A l’école et tout autour. La violence sous toutes ses formes

C’est grave docteur ! la violence, sous toutes ses formes, touche nos écoles (agression, exclusion, vols simples, extorsion, détérioration des objets personnels, insultes, sobriquets, ostracisme ou moqueries…) et engendre des dégâts, parfois, graves (suicide). Le phénomène touche les filles comme les garçons, dans les établissements publics et privés. C’est ce qui ressort de l’évaluation de la violence en milieu scolaire réalisée par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) à travers l’Instance nationale d’évaluation en partenariat avec l’UNICEF présentée dernièrement à Rabat. Selon un rapport établi à l’occasion, les formes de violence rapportées par les élèves sont multiples et ont globalement un caractère genré pour bon nombre de violences verbales et symboliques, physiques ou autres.

Violence physique

Concernant les cas de violences physiques signalés par les élèves dans les écoles primaires, le rapport du CSEFRS indique , selon les déclarations des élèves, que 25,2% ont été frappés et 28,5% bousculés, dont respectivement 11,1% l’ont été à quatre reprises ou plus depuis la rentrée scolaire et 10,6% ont affirmé avoir souvent été bousculés. Les proportions d’élèves ayant vécu ces deux types de violences varient globalement peu selon le genre. Il est à noter néanmoins que les garçons sont davantage confrontés que les filles à la violence physique de manière répétée. C’est particulièrement le cas pour les coups où 9,2% des filles affirment avoir été frappées «quatre fois ou plus», contre 13,2% des garçons. De même pour les lancers d’objets avec l’intention de faire mal, 8,7% des filles déclarent en avoir été victimes contre 10,2% des garçons.

Au secondaire, 25,3% des élèves déclarent avoir été frappés dont 6,5% l’ont subi au moins trois fois et 37,4% affirment avoir été bousculés dans l’intention de leur faire mal dont 10% l’ont vécu trois fois et plus. Une analyse par cycle révèle que 42,2% des collégiens ont déclaré avoir été bousculés dans l’intention de leur faire mal et 29,9% ont été frappés, contre respectivement 28,9% et 17% des lycéens.

Violence symbolique 

Sur un autre registre, le document en question révèle que dans les écoles primaires, bon nombre d’élèves déclarent être victimes d’insultes, de sobriquets, d’ostracisme ou de moqueries, de manière sporadique ou plus ou moins régulière pour certains d’entre eux. Environ un élève sur dix au primaire affirme avoir été « souvent» affublé d’un sobriquet. Les élèves du primaire victimes de moqueries rapportent qu’ils en ont fait les frais pour des raisons multiples liées, pour les plus fréquentes d’entre elles, au travail bien fait (9,8%), à l’aspect physique (8,3%) ou à leur coiffure (7%). La variation en fonction du genre est peu significative pour ces motifs de moquerie. Au secondaire également, la victimation, rapportée par les élèves comme étant une pratique quotidienne banalisée, prend la forme de moqueries, de différents degrés, subies par 55,9% des élèves dont 12% ont très souvent vécu ce type de victimation. Pour les autres types de victimation, des élèves affirment avoir été «trois fois et plus» insultés (12,4%), affublés d’un sobriquet (12,7%) dans les établissements ou sur le chemin ou mis à l’écart «assez souvent» (14,8%). Les garçons de ce cycle constituent le gros de la population des victimes à répétition. Ils sont plus souvent victimes, et à répétition, de moqueries, d’insultes et de sobriquets. Or, les garçons sont moins souvent victimes de l’ostracisme ; 15,7% des filles contre 14% des garçons affirment avoir été mis à l’écart. Le milieu et le secteur (privé ou public) n’ont pas de signification particulière au secondaire quant à la fréquence des violences verbales et symboliques, à l’exception des insultes relativement plus fréquentes dans les écoles publiques en ville où 13,5% des élèves affirment en avoir été victimes « trois fois et plus », contre 10,8% dans les écoles privées citadines.

Cyberviolence

Les élèves sont également victimes de cyberviolence et le seront vraisemblablement de plus en plus vu l’accès quasi-généralisé aux TIC, indique le rapport du CSEFRS. Un élève du primaire sur dix environ déclare avoir reçu des messages désagréables, méchants ou insultants sur internet (10,5%) ou par téléphone (9,6%). Les élèves du primaire affirment également, dans des proportions non négligeables, avoir été victimes de publications non souhaitées les concernant sur les réseaux sociaux (8,3%) ou d’exclusion d’un groupe en ligne (7,6%).

Concernant ces cas de figures de cyberviolence, les garçons sont nettement plus touchés que les filles. A titre illustratif, l’exclusion d’un réseau social en ligne concerne 10% des garçons contre 5,7% des filles. Les élèves des établissements de l’urbain-privé sont globalement plus exposés à ce phénomène d’exclusion, en raison notamment de leur taux d’équipement en TIC supérieur à celui des élèves du secteur public. Il ressort des résultats de cette enquête que 8,6% des élèves affirment avoir été victimes de diffusion, via internet ou par message textuel, de photos, vidéos ou informations intimes les concernant où la proportion des garçons les subissant dépasse celle des filles, il s’agit de 10,3% contre 6,7% respectivement. De plus, quel que soit le milieu ou le secteur, les garçons sont plus exposés à ce genre de violences que les filles. Il découle des résultats de l’enquête que 22,1% des élèves du secondaire déclarent avoir subi des injures et/ou des moqueries sur un réseau social au moins une fois. Le milieu ou le genre n’ont pas de signification particulière, sauf lorsqu’il s’agit d’une exposition répétée. 5,7% des garçons affirment avoir été moqués ou injuriés « cinq fois et plus » sur un réseau social, contre 4,1% des filles.

Vols, extorsion et autres

Les élèves du primaire sont également victimes de vols simples, avec extorsion et détérioration de leurs objets personnels. Les résultats de l’enquête montrent, selon les déclarations des élèves, que 27,1% de ceux du primaire se sont fait voler des affaires personnelles, fréquemment pour 17,8% d’entre eux. 14,1% déclarent avoir été victimes de vols sous la menace, dont 3,7% «souvent» et 5,6% «plutôt souvent». Un tiers des élèves s’est dit être victime de détérioration de ses biens, dont 22,3% fréquemment. Les élèves, filles et garçons, déclarent subir les vols avec extorsion et les détériorations de leurs objets personnels dans des proportions globalement similaires. A titre d’exemple, 6,8% des garçons et 7,9% des filles affirment avoir été souvent victimes de vols et respectivement 3,8% et 3,4% de vols sous la menace. Le vol fréquent d’objets personnels concerne 7% des élèves du milieu urbain contre 8% des élèves scolarisés dans le rural. De plus, il touche nettement moins les élèves des écoles privées en ville (4,5%), que ceux des établissements publics citadins (8,5%). Les élèves scolarisés dans les établissements des zones rurales sont moins victimes de vols avec extorsion. La détérioration d’objets personnels est plus fréquente dans les établissements privés urbains (9,4%) que dans les écoles publiques urbaines (8,8%), tout en notant que ce taux est de 9% dans les villes contre 6,4% dans les campagnes. Ces types de violence sont également assez fréquents dans les deux cycles du secondaire, mais dans des proportions sensiblement différentes. Globalement, 54% des lycéens ont déclaré avoir été concernés par le vol de leurs fournitures scolaires, 38,6% d’entre eux ont subi le vol de leurs objets personnels et 21,5% de ces élèves du secondaire étaient sujets de vol d’argent. Les vols d’objets personnels touchent respectivement 38,8% des collégiens et 38,4% des lycéens. Les vols de fournitures scolaires sont les plus fréquents et les plus souvent répétés. En effet, 57,3% des collégiens contre 47,8% des lycéens ont affirmé ce constat. Les détériorations d’objets personnels touchent plus de 38% des élèves des deux cycles. En outre, 24,2% des collégiens contre 16,6% des lycéens affirment avoir été victimes de vols d’argent, et respectivement 11% et 7,5% victimes de racket.

Hassan Bentaleb

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