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Au-delà des labels, le standing de nos plages en question [INTÉGRAL]

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Des plages propres, accueillantes, family-friendly… Chaque année, près d’une trentaine de plages marocaines décrochent le label Pavillon Bleu, gage de qualité et de respect de l’environnement. Cette récompense est attribuée depuis 2002 par la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, qui juge les bords de mer selon un cahier des charges aussi spécifique que rigoureux.
 
Grâce à cette démarche, le Maroc a pu consolider sa réputation de destination touristique durable et attirer des voyageurs soucieux de l’aspect environnemental dans leur choix de destination balnéaire. Cependant, en comparant avec les plages des grands pays touristiques comme l’Espagne et la France, force est de constater qu’une grande majorité de nos plages souffre de carences en matière d’infrastructure et d’équipement. Dès lors, la question à se poser est : qu’en est-il des plages recalées, sachant que sur un total de 193 plages examinées, dont 43 ont candidaté pour l’obtention du label Pavillon Bleu, seules 27 ont décroché le précieux sésame ? Le moment n’est-il pas venu de dépasser la vision actuelle pour une approche plus élargie relative à la qualité de nos plages ?
 
 

Nouveau standing

 
Actuellement, le label Pavillon Bleu se concentre principalement sur les critères environnementaux tels que la qualité de l’eau et la propreté. Mais si on veut faire accéder nos plages à un nouveau standing, il faudrait également accorder une plus grande importance aux services d’aménagement des plages, comme les toilettes, les parkings, les douches et les voies d’accès pour les personnes à mobilité réduite.
 
Interrogée sur cette question, la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement juge la comparaison entre plages marocaines et européennes “inadéquate”. “En Europe, la plupart des plages labellisées sont des propriétés privées où les hôtels qui y sont implantés se chargent de remplir les critères exigés par le Pavillon Bleu. Au Maroc, l’approche est toute autre. Il s’agit chez nous d’un travail collectif mené par les communes et les associations”, nous explique Hassan Taleb, responsable des programmes « Plages propres », « Pavillon bleu » et « Sauvegarde du littoral » au sein de la Fondation.
 
Notre approche aurait pu consister à travailler en collaboration avec les hôtels qui souhaitent obtenir le Pavillon Bleu et concentrer nos efforts sur les plages situées devant leurs établissements, notamment à Agadir et dans le Nord du Royaume. Mais, notre programme vise principalement l’accompagnement des communes et l’aménagement de plages publiques accessibles gratuitement, dans une perspective de justice spatiale”, ajoute-t-il.
 

Accessibilité

 
Quant à la question de l’accessibilité des plages pour les personnes à mobilité réduite, M. Taleb souligne que “toutes les plages disposant des caractéristiques topographiques nécessaires pour la mise en place de chemins d’accès (tapis, chemins en béton, plateformes en bois, etc.) ainsi que des installations sanitaires adaptées sont encouragées à les fournir”.
 
Le responsable précise néanmoins qu’un grand nombre de plages dotées d’une configuration géographique difficile, dont celles situées en contrebas de falaises par exemple, pose un réel défi en matière d’aménagement de voies d’accès praticables pour les personnes à besoins spécifiques. Ce qui n’empêche nullement certaines de ces plages de remplir tous les autres critères requis pour le label Pavillon Bleu dont il serait injuste de les priver.
 

Le modèle Essaouira

 
Parmi les nombreuses plages qui ont réussi à remporter le label, l’une des plus fréquentées est celle d’Essaouira. Plage modèle, elle a réussi à décrocher le précieux sésame pour la huitième année consécutive. Nous nous sommes déplacés sur les lieux pour constater le travail fourni par les autorités locales. La façade maritime s’étend sur une superficie de 1,5 kilomètre, dont 800 mètres sont labellisés. En plus de la qualité excellente des eaux, cette plage offre une gamme complète d’équipements pour que les estivants puissent pleinement profiter de leur expérience de baignade. Des installations sanitaires dignes de ce nom sont disponibles tous les 200 mètres, ainsi qu’une bibliothèque verte, sans oublier les stands en matériaux éco-friendly dédiés aux ateliers de sensibilisation à l’environnement et aux expositions.
 
La plage dispose également d’une pergola spécialement conçue pour les personnes à mobilité réduite, ainsi que d’un fauteuil amphibie leur permettant d’accéder à l’eau et de se baigner en toute sécurité. Un centre d’information et d’éducation à l’environnement ainsi qu’un centre de soins et de premiers secours sont également installés sur place.
 
Pour assurer la sécurité, il y a deux postes de police et un poste pour les forces auxiliaires. De plus, trois colonnes de consignes sont disponibles pour permettre aux visiteurs de laisser leurs affaires en toute sécurité, et deux parcs de jeux sont aménagés pour les enfants.
 

Travail de sensibilisation

 
«Nous assurons un suivi quotidien tout au long de la période estivale, et nous mettons en place des mesures correctives régulières, jour après jour, afin de préserver la qualité des services offerts tout au long de l’année. C’est un travail que j’accomplis avec passion depuis 22 ans, car la qualité de la plage est une fierté qui me tient particulièrement à cœur», nous explique avec enthousiasme Amina El Marhoum, administratrice de la Province d’Essaouira et coordinatrice locale du Programme « Plages Propres ».
 
«Les activités et les campagnes de sensibilisation constituent le fondement de notre démarche, que nous poursuivons depuis plus de 20 ans. Cette année, nous cherchons à sensibiliser davantage les résidents et les estivants à la notion de développement durable, en intensifiant les ateliers de recyclage des produits collectés sur la plage», révèle pour sa part Mohamed Ikanbane, responsable de l’environnement à la commune d’Essaouira et directeur de la plage d’Essaouira.
 
Bien que certains critères de labellisation puissent être sujets à débat, il est indéniable que des efforts considérables sont déployés par la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, en collaboration avec les communes et les associations, pour améliorer les infrastructures et sensibiliser à l’importance de la préservation du littoral.
 
Les plages marocaines, telles que la plage d’Essaouira, démontrent l’engagement des acteurs locaux à offrir des espaces de qualité, accessibles à tous, tout en veillant au respect de l’environnement. Au lieu de continuer à constituer l’exception, espérons qu’à court et à moyen termes, ce genre de plage pilote deviendra la règle.
 

Yassine ELALAMI

 

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