EconomieLe Matin

Entreprises non financières : L’endettement décélère

Selon BAM, les emprunts bancaires des entreprises non financières ont monté de 1,9% pour s’établir à 540 milliards de dirhams en 2021.

C’était plus ou moins attendu. L’endettement des entreprises non financières a épousé une courbe de croissance modérée en 2021. La baisse de l’activité de la quasi-totalité de ces structures, et partant de leur chiffre d’affaires, a impacté leur effort d’investissement. Après une progression de 3,9% en 2019 et 2,7% l’année suivante, le rythme de croissance annuelle de leur endettement est ressorti à 1,3% en 2021, totalisant près de 821 milliards de dirhams. Dans ce tableau, une importante progression des crédits de trésorerie est constatée (+9,3%) conjuguée à une baisse des emprunts d’investissement. Ce qui reflète notamment leurs difficultés de trésorerie dans le sillage de la crise sanitaire et la tendance prévisible à reporter les projets de développement et d’investissement.

L’endettement financier des entreprises non financières (ENF) s’est inscrit dans une courbe de croissance modérée en 2021. Une tendance qui a été constatée suite à l’achèvement de la phase d’octroi des programmes de prêts garantis par l’État en réponse à la crise sanitaire.

Ainsi, après une hausse de 3,9% en 2019 et 2,7% l’année suivante, le rythme de croissance annuelle de l’endettement financier des entreprises non financières a atteint 1,3% en 2021, totalisant près de 821 milliards de dirhams. Dans ce tableau, l’endettement des entreprises publiques a baissé de 2% à 271 milliards de dirhams. Comme pour les ménages, la dette des ENF rapportée au PIB est descendue à 63,9% à fin 2021. Elle est revenue du coup à son niveau d’avant-crise, et ce suite à la forte croissance du PIB l’exercice écoulé (7,9%).

Du côté des entreprises privées, le rapport 2021 de Bank Al-Maghrib (BAM) sur la stabilité financière indique que leur endettement, constituant d’ailleurs les deux tiers de la dette financière globale des entreprises non financières, ressort en décélération, affichant une hausse de 3,1% à 550 milliards de DH (42,9% du PIB), contre 3,9% en 2020. Cette évolution, BAM l’explique essentiellement par le ralentissement de leur endettement bancaire qui est passé de 3,8 à 3,6% d’une année à l’autre. Ce dernier continue, en effet, de constituer leur principale source de financement (90%). Globalement, les emprunts bancaires des entreprises non financières ont monté de 1,9% pour s’établir à 540 milliards de dirhams. La part de la dette bancaire de ces structures s’est maintenue autour de 66% de leur endettement financier global.

Le financement des biens d’équipement décroche de 4,4%

L’essoufflement de l’effort d’investissement des entreprises du fait de la crise en 2021 a fortement impacté à la baisse le financement bancaire (-4,4%) dédié à l’acquisition des biens d’équipement. De même, la dette bancaire destinée à financer la promotion immobilière s’est enfoncée de 5,6% sur un an. Selon la Banque centrale, l’importante progression des crédits de trésorerie (+9,3%) conjuguée à la baisse des emprunts d’investissement des entreprises non financières reflète notamment leurs difficultés de trésorerie dans le sillage de la crise sanitaire et la tendance prévisible à reporter les projets de développement et d’investissement dans un contexte de fortes incertitudes.
Le contexte de crise a aussi imprégné la composante extérieure de l’endettement des entreprises non financières.

Celle-ci, représentant une part de 24% de leur dette financière globale, a poursuivi sa tendance baissière avec une contraction de 2,1%, après un recul de 2,8% un an auparavant. La dette extérieure des ENF s’établit ainsi à 194 milliards de dirhams en 2021. Portée principalement par les entreprises non financières publiques, la dette extérieure rapportée au PIB s’est établie à 15%, contre 17% en 2020. Par ailleurs, le recours des entreprises non financières à la dette obligataire a décéléré de 5% à près de 88,1 milliards de dirhams à fin 2021, après avoir marqué une importante hausse de 13,9% une année plus tôt. Toutefois, précise BAM, cette dette ne représente que 11% de la dette financière des entreprises, avec une part de 63% destinée au financement des entreprises publiques.

La dette commerciale se substitue à l’endettement financier des entreprises

Suite à une analyse de l’évolution du niveau de vulnérabilité d’un échantillon d’entreprises non financières publiques et privées (334.675 structures) sur la période 2006-2020, la Banque centrale a consigné dans son rapport plusieurs enseignements. Ses analystes relèvent ainsi une tendance au désendettement financier des entreprises privées (baisse du ratio d’endettement par rapport au total actif) sur la période 2014-2018, voire une baisse du volume de l’endettement notamment dans le secteur de l’immobilier. Une part non négligeable de cet endettement a été, en revanche, substituée par la dette commerciale, en particulier chez les grandes entreprises. Cette tendance s’est interrompue en 2019 et 2020 (année de la crise sanitaire).

La reprise de l’endettement financier des ENF privées et publiques a été tirée principalement par les mesures de soutien anti-Covid-19. S’agissant des ENF privées de l’échantillon, leur endettement a augmenté de 40 milliards de dirhams en 2020 à 185 milliards. Cette hausse s’est accompagnée d’une baisse de la rentabilité des actifs à 3% contre 4% en 2019 et 5% en 2018 et d’un recul de la capacité de ces entreprises à couvrir leurs charges d’intérêts par leur résultat opérationnel. Ce dernier couvrait en moyenne 5 fois la charge d’intérêt contre 8 fois en 2019. Dans le secteur des entreprises publiques, l’endettement en 2020 n’a progressé d’une année à l’autre que de 4 milliards de dirhams à 274 milliards et leur rentabilité s’est repliée en 2020 à des niveaux proches de zéro, voire même négatifs, et ce en raison des répercussions de la crise sanitaire altérant leur capacité à faire face à leurs charges d’intérêts.
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Vulnérabilité des ENF privées : attention à la charge d’intérêts !

Selon BAM, l’indice de vulnérabilité s’est déprécié de 26 à 30% entre 2019 et 2020 pour les ENF privées et de 24 à 28% pour les entreprises publiques. L’analyse par source de vulnérabilité révèle qu’environ 61% des ENF privées (contre 23% pour les entreprises publiques) sont vulnérables à au moins un critère de vulnérabilité en 2020. Il s’agit notamment du critère en relation avec les difficultés des ENF privées ou publiques à couvrir leur charge d’intérêts par leur résultat d’exploitation. L’analyse par catégorie d’entreprise et par secteur d’activités montre, d’une part, que la hausse de la vulnérabilité a concerné les trois segments (GE, PME et TPE) et, d’autre part, que les entreprises privées opérant dans les secteurs hôtellerie et restauration, l’immobilier et la construction sont les plus fragiles, en particulier en 2020. Dans le public, le secteur des transports (RAM, ONDA et ONCF) demeure le plus vulnérable.


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