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« Le Maroc a attiré, entre janvier et août 2023, 10 fois plus d’investissements que la moyenne des 10 dernières années

  • Est-ce qu’il y a eu des investisseurs étrangers qui ont décidé d’investir au Maroc grâce aux incitations de la Charte ?

Il est important de souligner que la Charte est un levier extraordinaire pour la compétitivité du Maroc en termes d’attraction des IDE. En 2008, on avait enregistré près de 15,8 milliards de dollars. Aujourd’hui, nous sommes à 34 milliards d’investissements, en prenant en compte les huit premiers mois suivant l’entrée en vigueur de la Charte. Ces IDE placent le Maroc en tête des destinations les plus performantes des IDE, selon le classement de FDI Intelligence. Cela dit, nous commençons d’ores et déjà à palper les effets avec ce record. Le fait que le Maroc ait attiré, entre janvier et août 2023, 10 fois plus d’investissements que la moyenne des 10 dernières années, est un franc succès, notamment en raison de la vague d’investissements affluant dans des secteurs stratégiques, tels que les secteurs des énergies renouvelables, des véhicules électriques et des semi-conducteurs. Il y a eu des résultats concrets. Pas plus tard qu’hier, Monsieur le Ministre a procédé avec Aeolon, un leader chinois dans l’industrie éolienne, au lancement officiel de la construction d’une usine de pales éoliennes près du nouveau port de Nador West Med. Ce projet est un des plus significatifs validés par la Commission nationale des investissements depuis la nouvelle charte. Il est également important de souligner ici qu’il s’agit du premier investissement d’Aeolon hors de Chine et qu’il représente un investissement majeur de 220 millions d’euros, créera 3.300 emplois et stimulera l’économie de la région de l’Oriental.

 
Nous pouvons également rappeler le cas d’un groupe chinois, leader de la mobilité électrique, qui a annoncé un investissement de 65 milliards de Dirhams, soit la première unité industrielle de type Gigafactory en Afrique, permettant de créer près de 30.000 emplois.
 
Après, il est essentiel de rappeler que la particularité de cette nouvelle charte de l’investissement est qu’elle s’adresse à toutes les catégories d’acteurs et à toutes les catégories de projets.  La Charte ne fait pas de distinction entre les investisseurs nationaux et étrangers ou petites ou grandes entreprises. Elle s’adresse au secteur privé dans son intégralité. Il n’y a pas de charte pour les grands opérateurs et une pour les opérateurs plus modestes : cette charte a été conçue pour englober toutes les tailles d’opérateurs économiques, de la micro-entreprise comme les auto-entrepreneurs à la grande entreprise. C’est une charte inclusive que ce soit pour les citoyens ou pour les territoires, car elle promeut plus d’équité genre et plus d’équité territoriale.

Elle entérine aussi les recommandations du Nouveau Modèle de Développement et du Programme Gouvernemental, qui font de l’investissement le moteur de la relance économique du Royaume. Elle vise à maximiser les impacts de l’investissement, en particulier en termes de création d’emplois stables, de développement équitable des territoires, de priorisation des secteurs porteurs pour l’économie nationale et de développement durable. Elle fixe ainsi les objectifs fondamentaux de l’État, instaure les différents dispositifs de soutien à l’investissement, définit les principes de leur gouvernance et encadre les chantiers de réforme à déployer pour faciliter l’acte d’investir.
 
En ce sens, les résultats de la troisième CNI sont éloquents : nous sommes aujourd’hui à 7,4 Mds de dh pour 42 projets portés par 60% d’entreprises marocaines sur cette dernière CNI. Ces projets concernent 21 provinces et 9 régions. Cela témoigne de cette volonté de régionaliser l’investissement et démontre que le déploiement de la charte est en train de porter ses fruits.
 
 

  • Sommes-nous dans une nouvelle dynamique d’attraction des IDE ?

 

La CNUCED, dans un rapport annuel publié cette année, a mentionné une baisse des IDE en 2022 de 12% passant à 1,3 trillion $. Cette tendance baissière, enregistrée au niveau mondial, ne concerne pas que le Maroc. Elle est ainsi de l’ordre de 26% en Amérique du Nord, 37% dans les pays développés et de 44% en Afrique.Cette baisse est due, notamment, aux conflits géopolitiques, à la flambée des prix des matières premières à l’international, à la diminution du volume des flux financiers, à la hausse des taux d’intérêt et à l’impact du changement climatique… mais il existe aussi une caractéristique des IDE qui n’est pas à négliger, il s’agit de projets qui demandent généralement beaucoup de temps avant d’être concrétisés.

 
Aussi, lors des années suivant la pandémie, les investisseurs internationaux ont moins annoncé ou signé de projets d’investissements, à cause de la fermeture des frontières. Cette baisse due à la pandémie se traduit aujourd’hui au niveau des chiffres.
 
Toutefois, l’investissement marocain a compensé pendant cette période, avec le lancement de nombreux projets portés par nos concitoyens. Sachez que, selon l’Office des Changes, l’année 2022 a été exceptionnelle pour le Maroc en termes d’IDE, qui ont augmenté d’environ 20% pour atteindre un montant de près de 40 Milliards de Dirhams, ce qui en fait la 3ème meilleure année au Maroc en dix ans.
 
Les perspectives pour les prochaines années sont très bonnes. Nous accompagnons, en collaboration avec l’AMDIE et les CRIs, un grand nombre de projets de grande envergure, dans de nombreux secteurs d’activité, notamment des investissements dans le secteur automobile, les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, etc.
 
La concrétisation sur le terrain de ces méga-projets nous permettra de constater, dans les années à venir, des niveaux d’IDE dans notre pays, en croissance continue qui atteindront de nouveaux horizons. L’engouement généré par l’organisation de la Coupe du Monde en 2030 contribue également à ce « Momentum Maroc ».
 

  • Concernant les secteurs prioritaires et stratégiques, où en sommes-nous ?

 
Les secteurs prioritaires sont bien définis dans la Charte. Comme vous le savez, grâce à la vision éclairée du Souverain, le Maroc a commencé depuis une vingtaine d’années à investir dans les secteurs du futur tels que, par exemple, les énergies renouvelables, dont la part s’élève à 40% dans le mix énergétique. C’est un atout phénoménal qui confère un avantage comparatif énorme par rapport aux autres pays, au moment où l’Union Européenne, notre principal partenaire, est en train de décarboner son économie avec une refonte de sa réglementation. Là, le Maroc se voit bien positionné pour attirer les investisseurs désireux de s’adapter aux normes du marché européen pour maintenir leur compétitivité face aux évolutions réglementaires. C’est un pari sur l’avenir.

 
Avant, on avait la réputation d’un pays exportateur de tomates et d’oranges. Maintenant, nous sommes exportateurs d’automobiles et de pièces aéronautiques. Il n’existe pas un seul avion dans le monde où il n’y a pas de pièces fabriquées chez nous.  Ces « success stories » du Maroc, dans l’industrie automobile et aéronautique notamment, constituent des exemples inspirants de notre capacité à exceller malgré des ressources naturelles limitées. Force est de constater que notre pays a su faire face à ces challenges avec sérieux, dynamisme et ambition, et je dirai même que nous avons su transformer les défis en véritables opportunités.
 
En parallèle avec cette montée en gamme industrielle, le Maroc est engagé dans les transitions jumelles, c’est-à-dire les transitions énergétique et numérique qui nous mèneront progressivement vers l’économie verte et digitale.  Concernant l’hydrogène vert, le Maroc est le mieux positionné dans le corridor afro-européen grâce à son cadre d’investissement, sa stabilité politique, ses accords de libre-échange et son capital humain sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
 

  • Pour ce qui est des MRE, est-ce qu’il y a des offres qui leur sont adaptées pour les encourager à investir au Maroc ?

 

Il ne fait aucun doute que les MRE sont indispensables au développement économique du pays et nous leur accordons une attention particulière.

 
Conformément aux Hautes Instructions du Souverain, plusieurs comités thématiques, dont un relatif à la facilitation et à la promotion des investissements des Marocains du monde dans leur pays ont été institués. Ces comités ont été chargés d’élaborer un programme exécutif dans le cadre de la Commission ministérielle chargée des Marocains Résidant à l’Etranger et des Affaires de la Migration, présidée par Monsieur le Chef du Gouvernement.
 
On peut également citer la convention mise en place entre l’AMDIE, la CGEM et l’UM6P, en septembre dernier, afin de mobiliser les entrepreneurs marocains du monde pour renforcer les relations économiques entre leurs pays d’accueil et le Maroc et faciliter l’intégration de ces compétences et hauts potentiels dans des initiatives académiques et économiques.
 
Par ailleurs, je rappelle qu’il existe également au niveau de l’AMDIE un desk mis en place spécifiquement pour les MRE, de sorte à leur fournir un accompagnement régulier et adapté à leurs besoins.
 

  • Parlons maintenant du dispositif dédié au soutien de l’internationalisation des entreprises marocaines. Comment sont-elles accompagnées ?

 

Nous avons de plus en plus d’entreprises ayant un potentiel de projection au-delà du Maroc. Il ne faut pas oublier que le Royaume est le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le deuxième en Afrique. En plus des champions nationaux installés en Afrique, nous avons aussi des entreprises capables d’investir en Europe. Il faut rappeler que le Maroc, en 2022, est le premier investisseur africain en France par exemple.

Notre rôle consiste à les soutenir et les accompagner. La Charte offre un dispositif spécifique par lequel on peut accorder un soutien à une entreprise dans le cadre d’une stratégie de développement international. Il y a d’autres initiatives telles que celle lancée par l’AMDE, Export Morocco Now, pour accompagner les exportateurs marocains à l’étranger dans leur quête de relais de croissance. En gros, nous sommes actuellement en discussion avec les acteurs concernés pour définir le mode d’emploi et la façon par laquelle nous allons les soutenir structurellement.
 

  • La réussite de la Charte de l’Investissement dépend en partie de la fluidité de l’administration et de la nouvelle génération de réformes du climat des affaires. Où en est-on dans leur élaboration ?

 

Permettez-moi de rappeler que, comme indiqué par Monsieur le Ministre au Parlement il y a quelques semaines, plus de 70% des initiatives incluses dans la feuille de route 2023-2026 relative à l’amélioration du climat des affaires ont déjà été lancées depuis leur annonce en mars dernier.

 
Cette feuille de route, je rappelle, a pour but d’encourager l’émergence de cette nouvelle génération d’entrepreneurs et d’investisseurs. Le gouvernement, en concertation avec tous ses partenaires, a élaboré une nouvelle feuille de route, orientée vers les chantiers stratégiques du Royaume en matière d’amélioration de l’environnement des affaires. Cette nouvelle Feuille de Route pluriannuelle 2023-2026 a été dévoilée, le 15 mars dernier, lors d’une conférence nationale présidée par le Chef du Gouvernement. Cette Feuille de Route, qui vise à renforcer la politique de l’investissement, s’articule autour de 3 piliers ainsi que d’un pilier transversal. Le premier pilier est relatif à la facilitation de l’acte d’investir et d’entreprendre, à travers, notamment, le déploiement de l’ensemble des dispositifs de la nouvelle charte de l’investissement, la création d’entreprise par voie électronique, l’amélioration de l’accès aux marchés publics, en particulier pour les PME, la réduction des délais de paiement et le renforcement du cadre juridique associé, l’accélération de la digitalisation des procédures administratives ou, encore, la mise en place d’un observatoire de l’investissement et du climat des affaires.

Le deuxième pilier, lui, vise l’amélioration des facteurs de compétitivité, à travers, notamment, la mobilisation de financements, le renforcement de l’accès à l’énergie verte pour contribuer aux ambitions nationales en matière d’énergies renouvelables, la décarbonation industrielle qui consolidera le positionnement du Royaume en tant qu’acteur majeur de la transition énergétique mondiale, l’amélioration de la visibilité du foncier mobilisable pour l’investissement productif, ou encore la consolidation de la compétitivité logistique.

Quant au troisième pilier, il est axé sur l’entrepreneuriat et l’innovation à travers, notamment, la mise en place de dispositifs d’appui aux TPME et aux Startups, pour soutenir et accompagner de manière spécifique chacune de ces catégories, le renforcement de programmes de financement et d’accompagnement, le développement d’incubateurs pour les entrepreneurs porteurs de projets innovants, la promotion de la culture entrepreneuriale, afin de l’inscrire dans l’ADN de notre jeunesse, ou encore le renforcement de la performance du capital humain, pour consolider les compétences des femmes et des hommes qui font la richesse et l’avenir de notre pays. A ces trois piliers, s’ajoute un pilier transversal majeur relatif à l’éthique, l’intégrité et la prévention de la corruption, preuve de l’engagement volontariste du gouvernement de ne pas occulter cette dimension essentielle dans cette nouvelle génération de réformes.
 

  • A votre avis, pourquoi le Maroc peine-t-il à booster sa croissance bien qu’il soit l’un des pays qui investissent plus par rapport au PIB. Dans quelle mesure le soutien au secteur privé peut-il faire la différence ?

 

Le taux d’investissement au Maroc est parmi les plus élevés au monde. Entre 2000 et 2019, l’effort d’investissement en valeur a atteint en moyenne 32% du PIB contre 25% comme moyenne mondiale et 29% pour les pays à revenu intermédiaire-tranche inférieure.

 
Ce niveau d’investissement très élevé, mais porté aux 2/3 par le secteur public, a permis de hisser, depuis plus de vingt ans, nos infrastructures aux meilleurs standards internationaux. Le port de Tanger Med, la Ligne à Grande Vitesse, le réseau routier et autoroutier, les zones d’accélération industrielle ou encore les grands programmes nationaux d’énergies renouvelables sont maintenant des acquis précieux.
 
Maintenant, nous sommes à la croisée des chemins. Il faut qu’on pense en termes de prise d’initiative et d’esprit d’entrepreneuriat pour provoquer une rupture avec les anciennes habitudes. Pour ce faire, le meilleur moyen est le soutien à l’investissement et à l’entreprise.
 
Permettez-moi de rappeler un point fondamental qu’on oublie souvent. Au Maroc, on a longtemps grandi avec une culture qui ne nous pousse pas à entreprendre mais qui privilégie plutôt la quête du salariat, alors que dans d’autres pays, on demande aux futures générations de créer elles-mêmes leurs propres success stories.
 
C’est également en ce sens que la nouvelle gouvernance unifiée et territorialisée de l’investissement, le travail réalisé en matière d’amélioration du climat des affaires, et plus particulièrement la Charte consacrent une rupture et définissent un nouveau paradigme visant la dynamisation de l’investissement privé pour le placer au cœur de la relance socio-économique du Royaume.

 

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