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Les Marocains vivent-ils au-dessus de leurs moyens ? [INTÉGRAL]

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Si les habitants de la Terre vivaient et consommaient comme le font les Marocains en 2023, les ressources naturelles que notre planète peut offrir en une année n’auraient tout simplement pas suffi. C’est en substance ce que l’on peut découvrir en parcourant les données relatives au « Jour du dépassement », publiées par le Think Tank Global Footprint Network. Avant de revenir plus en détail sur cette information, il y a lieu de préciser que le jour du dépassement a été fixé (pour la population mondiale) pour le 2 août 2023. En d’autres termes, du 1er janvier au 2 août 2023, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ses consommations ou absorber les déchets produits, dont le dioxyde de carbone. Depuis cette date symbolique, nous vivons donc dans le rouge en entamant le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre. Théoriquement, il faudrait donc 1.7 planète pour couvrir durablement les ressources consommées par la population mondiale durant l’année 2023.
 

Le jour du dépassement marocain
 

Revenons au Maroc. Selon les données du Global Footprint Network, à ce jour, le Royaume n’a pas encore atteint son propre jour du dépassement. Cela dit, ce seuil symbolique sera franchi le 26 novembre 2023, ce qui implique que notre pays vivra écologiquement dans le rouge durant 36 jours pour le reste de l’année. Un constat certes perturbant, mais le Maroc est loin d’être le cancre de la classe dans ce domaine : si tous les humains vivaient comme les habitants du Qatar, du Luxembourg ou du Bahreïn, il ne faudrait pas moins de 7 à 8 planètes pour suffire à couvrir durablement leurs besoins en ressources naturelles. « La planète Terre n’est pas infinie et encore moins extensible ou rechargeable. Les ressources naturelles et les services écosystémiques qu’elle produit sont issus de cycles naturels qui fluctuent chaque année, mais qui, surtout, ont des limites à leur caractère renouvelable », explique Houcine Nibani, expert en environnement et président de l’Association de Gestion Intégrée des Ressources (AGIR).
 

2008, année d’inflexion

 

En dépouillant les données du Global Footprint Network, on peut ainsi découvrir que les Marocains vivaient en dessous du seuil de dépassement écologique jusqu’en 2008. À partir de cette date, la courbe (du nombre de planètes qu’il faudrait à la population mondiale si elle consommait les ressources naturelles au rythme des Marocains) est passée de 1.03 en 2009 à 1.16 en 2019. Durant l’année 2020, le Maroc revient à la limite de durabilité : 1 planète pour la population mondiale qui aurait consommé comme les Marocains durant la crise sanitaire. Dès 2022, la reprise économique a été également synonyme du retour à la tendance au dépassement pour notre pays. « L’évolution du jour de dépassement est un indicateur important que les Marocains ne doivent pas perdre des yeux puisqu’il s’agit d’un tableau de bord de la réalité de l’engagement national pour le développement durable », suggère notre interlocuteur. « N’oublions pas qu’en 1961, si la population mondiale avait consommé comme les Marocains de l’époque, les ressources naturelles d’un quart de la planète Terre auraient largement suffi à tous », poursuit la même source.

Une tendance inquiétante

« Au début des années 1970, la tendance mondiale au dépassement a débuté puis le phénomène d’accentuation de ce dépassement s’est depuis continuellement intensifié », poursuit la même source, expliquant que l’évolution négative de cet indicateur est « inquiétante par sa constance ». Dans une publication du Fonds Mondial pour la Nature (WWF), on peut lire que « si cette année, la date du Jour du dépassement a reculé de 5 jours par rapport à l’année dernière, les avancées réelles représentent toutefois moins d’un jour. Les quatre jours restants sont dus à l’intégration d’ensembles de données améliorés dans la nouvelle édition des comptes ». D’autre part, et depuis quelques années déjà, les ONG environnementales ne cessent de pointer l’importance de communiquer autour du jour de dépassement. « Il est nécessaire de se rappeler cette date chaque année afin que nous puissions réaliser à quel point les activités humaines sont nocives pour la nature », affirme une publication de Greenpeace.

 

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